Vendredi 7 Février 2025
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24.07.2013
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Alain Brumont, l’homme qui a remis les vins de Madiran sur le devant de la scène au début des années 80 (Montus, Bouscassé), commence à passer le relais. En douceur.
Faut-il y voir un signe ? Au moment de prendre la photo, Alain Burmont laisse la place devant l’objectif à son œnologue, Fabrice Dubosc. Celui qui se décrit comme une « icône des vins français » décline l’offre de passer au premier plan. En guise d’explications : « Tout le travail maintenant, c’est lui », lâche-t-il. En tout cas, l’histoire du vin rouge dans le Gers se conjugue au sérieux à partir du moment où Alain Brumont, en 1982, obtient sa première médaille d’or dans un concours viticole.
Tous les vignerons gersois ayant hérité d’un domaine familial et étant engagés dans la production de vin rouge l’affirment : « Alain Brumont est celui qui nous a montré le chemin. »
Propriétaire des châteaux Montus (Madiran, 65) et Bouscassé (à Maumusson-Laguian, 32), celui qui affirme « concurrencer les plus grands Bordeaux », est fils de vigneron gersois, élevé à la dure. En 1979, à 33 ans, il quitte le domaine exploité par son père et achète, grâce à de l’argent minutieusement économisé, un château en ruine, Montus.
Le gamin qui a grandi dans les champs et les vignes alentours fait preuve d’un sens aigu de l’observation et connaît par cœur chaque colline et vallon de sa campagne. Il sait où se trouvent les meilleurs sols, l’argile ou les galets, comment évoluent l’ombre et le soleil, où planter quel cépage. C’est cette connaissance, en plus d’un minutieux travail à la vigne et au chai, qui permettent au vigneron de renverser l’image des vins de madiran, jusqu’alors jugés trop durs et âpres à cause du tannat.
Justement, ce cépage, identité du madiran, Alain Brumont sera le premier dans l’appellation à affirmer qu’il fera la richesse à venir. Il faudra arrondir les tanins mais conserver la force du cépage. En 1985, il devance tous les crus classés de Bordeaux lors d’une dégustation à l’aveugle. Aujourd’hui, il possède 355 hectares en Madiran mais produit également des vins en Côtes-de-Gascogne.
« Aujourd’hui, nous sommes incontournables parmi les dix meilleurs vins mondiaux, n’hésite-t-il pas à proclamer. C’est par le travail et l’obstination que nous avons gagné cette place. Quand on me disait que j’étais un génie, moi, en bon paysan, je n’y croyais pas et je pensais qu’on se foutait de ma gueule. »
Visiblement, aujourd’hui, il en est convaincu. Ce « renifleur de terroir », comme un chien truffier, commence à passer, doucement, le flambeau. Fabrice Dubosc, le Tarbais, annonce que l’avenir des vins d’Alain Brumont « tournera toujours autour des mêmes bases mais avec de nouveaux assemblages, de nouveaux cépages. On veut s’attaquer aux trois meilleurs vins alors on cherche… » L’histoire de Brumont continue.
Gaëlle Richard (source)
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