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Primeurs 2020 à Bordeaux : « ne pas baisser pavillon »

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

26.11.2020

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La présentation du millésime 2020 aux professionnels – la fameuse « Semaine des Primeurs » – se tiendra du 26 au 29 avril 2021, a annoncé l’Union des Grands Crus de Bordeaux. Son président Ronan Laborde nous dresse les enjeux de la campagne.

Ronan Laborde, l’Union des Grands Crus de Bordeaux (UGCB) a annoncé que la Semaine des Primeurs se tiendrait du 26 au 29 avril 2021. Comment avez-vous déterminé ces dates, compte tenu du contexte incertain dans lequel nous nous trouvons encore ?

Nous avons effectivement fixé ces dates, pour pouvoir présenter au « gros des troupes » notre millésime 2020 à Bordeaux. Nous nous projetons sur cette échéance avec beaucoup d’humilité, et en nous préparant à nous adapter si les circonstances nous y obligent. Nous avons pu voir cette année que nous sommes capable de nous adapter. Cela a été le cas pour les Primeurs au printemps, mais aussi pour tous les événements de l’UGCB que nous avons organisés depuis. Nous sommes actuellement en pleine tournée en Asie, et chaque destination (Hong Kong, Chine, Japon, Corée) ayant des restrictions différentes par rapport aux conditions sanitaires, nous inventons à chaque fois des solutions pour présenter nos vins aux professionnels dans les meilleures conditions. Le plus important est de ne pas baisser pavillon : nous défendons notre volonté de continuer à faire déguster les vins de Bordeaux, malgré un contexte mondial très chahuté. Les outils numériques nous permettent notamment d’y remédier, en organisant des dégustations dématérialisées et des « e-master classes » qui réunissent des milliers de participants en direct.

De nombreux dégustateurs étrangers risquent de ne pas pouvoir venir à Bordeaux en avril 2021, comme ils n’ont pas pu venir cette année. Comment anticipez-vous ce problème ?
Pour la présentation du millésime 2019, nous avons organisé des sessions de dégustation très sécurisées dans neuf métropoles en Europe et en Asie. En Amérique du Nord, nous n’avons pas pu le faire et nous avons dû faire preuve de réactivité en envoyant des échantillons aux professionnels, ce qui est un vrai challenge pour des vins en primeurs. Nous avons montré que c’est possible, et nous nous préparons à l’éventualité de devoir recommencer pour le millésime 2020, cette fois en bénéficiant de l’expérience de cette année.

Le fait que les vins du millésime 2019 aient été dégustés avec deux mois de décalage par rapport aux primeurs habituels a indéniablement joué dans la perception qu’en ont eue les dégustateurs. Avez-vous pris cette donnée en compte dans la détermination des dates ?

Nous l’avons prise en compte mais cela n’a pas été le paramètre déterminant. Il est clair que plus on attend dans le temps de vieillissement du vin, mieux il se goûte. Notre préoccupation était de sélectionner la meilleure date pour engager une campagne commerciale dynamique. Par le passé, les campagnes primeurs pouvaient durer deux à trois mois, avec des temps morts. L’expérience de cette année a prouvé qu’une campagne plus resserrée est réalisable et performante. On a donc légèrement décalé la présentation des vins de quelques semaines par rapport aux dates “classiques”, avec le bon espoir d’enclencher une commercialisation dynamique dans la foulée.

Difficile de se projeter cinq mois à l’avance, mais compte tenu du contexte mondial, de la baisse des prix amorcée sur le 2019, des volumes moindres en 2020, du profil du millésime, à quoi faut-il s’attendre pour la prochaine campagne ?

On prépare cette campagne avec un mélange d’enthousiasme et de prudence. La qualité des vins s’annonce bonne, 2020 est un beau millésime à Bordeaux. Si les vins sont bons, s’ils sont bien reçus par les critiques et les distributeurs, il n’y a pas de raison que cela ne soit pas attractif pour les consommateurs. Nous l’avons encore vu, justement cette année, avec cette campagne Primeurs 2019. Et pour ce qui est des prix il est vraiment trop tôt pour se prononcer sur une tendance générale. Personne ne peut dire quel sera l’environnement au printemps prochain. À nous de mettre les bons facteurs en place pour que tout se déroule au mieux.