Samedi 14 Décembre 2024
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06.05.2022
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C’est au cœur du Blayais, à la cave des Vignerons de Tutiac, que Matthieu Cosse prête ses services pour la création de la gamme « Tout », forte de noms en patois : Anqui, Roupit, Le Daron pour les rouges, Adichats pour le blanc et Pibale pour le rosé. L’ancien rugbyman devenu vigneron - avec la création du célèbre Domaine Cosse-Maisonneuve à Cahors - nous explique sa démarche.
Vous signez une gamme de vins à la cave des Vignerons de Tutiac, comment avez-vous atterri là ?
Avec les vignerons de Tutiac, c’est une longue histoire. En effet j’ai toujours eu beaucoup d’affinités avec les responsables techniques de cette belle entité. En particulier avec Olivier Bourdet-Pees qui dirige désormais la Cave de Plaimont et Jérôme Ossard qui œuvre, depuis presque trente ans maintenant, au sein de cette entreprise pour sa bonne marche, la valorisation qualitative du vignoble, le bien-être des adhérents avec un engagement et un dévouement absolument exceptionnel. Je tiens particulièrement à lui rendre hommage, tout comme l’équipe dirigeante actuelle qui a la volonté ferme d’avancer et qui présente un projet ambitieux, nouveau et qualitatif au sein du vignoble de Bordeaux. Je ne peux qu’adhérer.
Vous connaissez bien les lieux car vous avez consulté pour un vignoble non loin, le Domaine Cazulet à Saint-Bonnet-sur-Gironde, n’est-ce pas ?
Ce fut à titre amical, j’ai aidé Lucien Cazulet à construire un petit domaine qualitatif sur les beaux terroirs argilo-calcaires du secteur de Saint-Bonnet en effet. Il a su planter du beau matériel végétal de sauvignon blanc et de sémillon pour en tirer le meilleur, avec un soin apporté à la vigne (il est en bio), une vinification et un élevage de tout premier ordre. Je recommande à tout amateur de vin de déguster sa cuvée « Quintessence du Roc » sur le millésime 2019 et bientôt sur le millésime 2021, une cuvée pure de sémillon à découvrir absolument. Je sais qu’il reste aussi quelques bouteilles de millésimes antérieurs. À Stéphane, son fils, de prendre le relais et de maintenir le haut niveau qualitatif de ses cuvées.
Quel est l’esprit vinique de cette gamme « Tout » ?
Le but de la gamme « Tout » est de montrer la potentialité viticole des meilleurs terroirs de Tutiac, de le proposer au marché traditionnel et aux consommateurs des vins identitaires, racés, complexes, complets et profonds avec un caractère naturel dans leur expression. La mise en valeur des cépages cabernet-sauvignon, cabernet-franc, malbec et petit-verdot pour les rouges est une constante dans chacune des cuvées, et la proportion de ceux-ci est significative dans chacune d’entre-elles. Il y a une adhésion totale de l’ensemble de l’équipe technique pour la construction de cette gamme, à la vigne comme au chai. Une attitude perfectionniste est adoptée à tous les niveaux de l’élaboration avec une sélection draconienne des meilleures parcelles pour chacun des cépages, un investissement total des différents adhérents concernés qui adoptent la meilleure viticulture pour fournir un raisin de grande qualité qui donnera et sera représentatif du meilleur du millésime. Le ramassage se fait systématiquement à maturité optimale de façon à obtenir la meilleure expression de terroir possible. La vinification est soignée, précise. Elle est conduite de façon à éviter toute sur-extraction caricaturale qui nuirait à l’équilibre du vin. Nous cherchons la finesse d’expression et la qualité de la texture. L’élevage en barriques est mené de façon à affiner le vin et les tannins, il vise à n’apporter aucun caractère tapageur ou exogène au vin qui puisse nuire à l’expression du fruit.
Et pour ce qui est des noms ?
Les noms ont été choisi dans un esprit « identitaire », avec une appartenance à ce magnifique terroir « girondin » au sens large du terme. Anqui est une manière fleurie de ponctuer les phrases. Le Roupit est un rouge-gorge en bordeluche. Le Daron, c’est le patron, Adichats est un salut et une Pibale est une petite anguille qui passe partout...
Vous avez été un pionnier du bio avec le domaine cadurcien que vous menez avec Catherine Maisonneuve, quel regard portez-vous aujourd’hui sur toutes ces conversions, sur les labels, etc. ?
En ce qui concerne la viticulture biologique et le vin bio, je crois surtout aux démarches sincères, vigneronnes, dans un but qualitatif et de respect du vivant, du vigneron et du consommateur. Je crois surtout en une démarche bio qui redonne vie aux sols, une vigne qui s’exprime au mieux, qui donne les meilleurs raisins possibles afin de produire un vin de grande expression, c’est la finalité du métier de vigneron, il ne faut pas l’oublier. Il faut encourager les bonnes volontés et la qualité, cela doit être une constante de ce métier. La démarche de Tutiac à ce niveau est sincère, avec aujourd’hui qui plus de 600 hectares menés en viticulture biologique, c’est plus que significatif et aussi force est de constater que ça rentre réellement dans une dimension et une démarche qualitative en termes de production.
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