Mardi 10 Décembre 2024
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07.05.2018
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Lancée en 2010 par l’un des principaux opérateurs suisses, la coopérative Provins, la gamme Valais Mundi ambitionne de trouver sa place sur le marche des grands vins. Une ambition qui passe par un changement radical de stratégie, en vue de séduire les consommateurs internationaux.
Au rayon des spécialités suisses, le grand public cite plus facilement le gruyère ou le chocolat que le vin. Ceci s’explique principalement par le fait que la très grande majorité de la production reste sur le marché local et s’exporte peu. Pourtant, les connaisseurs savent que notre voisin helvète produit de très beaux vins, qui mériteraient d’être mieux connus à l’international. C’est justement l’ambition de la coopérative Provins, premier opérateur national avec plus de 3000 adhérents et environ 850 hectares vinifiés. Au milieu des années 2000, l’équipe technique s’est lance dans le projet de produire un vin haut-de-gamme, destiné à être la « vitrine » de ce qu’elle pourrait réaliser de plus abouti et capable de rivaliser à l’export avec d’autres grandes marques européennes. Mais il n’est pas facile de passer de la culture de coopérative, avec ce que cela suppose de gros volumes, à celle d’un vin haute-couture.
Dès 2010, Valais Mundi voit le jour en blanc et en rouge. Deux cuvées très soignées, joliment habillées (bouteille lourde, étiquette travaillée), produites à respectivement 4000 (blanc) et 6000 à 10 000 bouteilles (rouge). Mais malgré toute l’application qui est mise dans l’élaboration de ces vins, l’équipe ne sait pas quel cap donner pour leur insuffler une réelle identité digne du Valais. Ainsi, depuis septembre dernier, l’arrivée du consultant Bruno Eynard, qui a dirigé pendant plus de vingt ans le cru classé de Saint-Julien Château Lagrange, doit aider à tout remettre à plat pour mettre à l’honneur les cépages autochtones, stopper l’irrigation, baisser les rendements, remettre à plat les vinifications (mois de bois neuf, plus de cuve et d’amphore), revoir les méthodes culturales mais aussi toute la stratégie de commercialisation. Un travail de longue haleine, pour enfin mettre en pratique les hautes ambitions de Provins. Rien de plus normal pour des cuvées vendues à 70 et 150 € environ.
Mais en l’état, que donnent ces deux vins ?
Electus, la cuvée en rouge, est aujourd’hui un assemblage assez hétéroclite de merlot, cabernet sauvignon, cabernet franc, syrah, et des cépages autochtones cornalin, humagne rouge, diolinoir. En 2013, dévoile une jolie texture, très suave, crémeuse, une finale torréfiée, et en 2011 un profil plus camphré / musqué, une touche de gelée de mûre et de cerise à l’eau de vie, une finale plus fraîche. Des vins très bien réalisés techniquement mais qui manquent de typicité à ce stade. C’est pourquoi l’objectif est de se recentrer sur le coralin et l’humagne, en gardant une pointe de syrah et en écartant les cépages « bordelais ».
Eclat, la cuvée en blanc, est un assemblage de petite arvine, cépage typique du Valais, et de païen (ou heida), version suisse du savagnin. Le 2015 a un profil très montagnard, floral, à la fois tendu, juteux et soyeux, avec une pointe d’élevage encore prégnant. Pour les années à venir, l’équipe de Provins veut développer la proportion de cépage rèze, autre variété autochtone du Valais.
Le projet Valais Mundi connaît donc, dix ans après son lancement, une sorte de nouvelle « année zéro » sur le plan stylistique et commercial. Il est plus que probable que l’on devrait reparler en France, dans les années à venir, de cette marque suisse aux ambitions non dissimulées.
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