Lundi 8 Septembre 2025
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08.09.2025
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Après un printemps pluvieux qui a rechargé les sols, le vignoble du Languedoc-Roussillon a résisté à l’un des étés les plus chauds jamais enregistrés. Entre pluies salvatrices, épisodes orageux et maturités parfois bousculées, les vignerons dressent un premier bilan contrasté mais globalement rassurant : quantité préservée, qualité au rendez-vous, malgré quelques aléas.
Après un printemps généreux en pluies, venu recharger les nappes phréatiques, le vignoble du Languedoc-Roussillon a abordé l’été avec un atout décisif : des réserves hydriques suffisantes pour encaisser un des trois étés les plus chauds jamais enregistrés en France, après 2003 et 2022. « Les pluies de mai et juin nous ont sauvés », souffle un vigneron. Résultat : si les chaleurs de juillet et août ont bien accéléré les maturités, les vignes ont globalement tenu. Et les orages de la mi-août, parfois violents, sont venus bousculer le calendrier, décalant ou ralentissant certaines récoltes. État des lieux, secteur par secteur.
Au domaine Terre de Sables, Chloé Leygues résume son millésime d’un mot : « stressant ». Elle détaille : « Un début d’année parfait avec de la pluie, puis un mois de juillet chaud. Les vendanges sont parties super vite mi-août, puis une longue pause à cause des 20 mm de pluie tombés chaque semaine. Là, on attend que les degrés remontent et on espère plus de pluie pour vendanger le reste du domaine. » La campagne se fait donc en deux temps, dans une attente fébrile.
Plus au nord, dans les Terrasses du Larzac, Franck Launay du domaine Le Chemin se montre rassuré : « Pas de mauvaise surprise, au contraire. Avec les deux épisodes caniculaires de juin et août, on pouvait craindre le pire comme en 2022, mais grâce aux réserves hydriques accumulées depuis 18 mois, les vignes ont tenu. »
Les syrahs restent les plus fragiles dans ces millésimes brûlants, mais les carignans s’annoncent prometteurs. Seule ombre au tableau : un ouragan le 31 août à Arboras, avec 50 mm d’eau en quelques minutes, de la grêle et même des dégâts matériels. « On a dû rentrer vite ce qui restait pour éviter la pourriture », souligne le vigneron.
Dans les Corbières (Fitou terre), Adrien Tyou du domaine Montluzia reste lucide : « C’est petit en quantité comme l’an dernier, mais la qualité est supérieure, les raisins sont magnifiques. Les degrés se sont emballés début août mais grâce aux pluies de fin août, cela va mieux. Les acidités sont correctes et les fermentations se passent très bien pour l’instant. »
Un profil qui pourrait augurer de cuvées tendues et équilibrées, malgré des volumes modestes.
Dans le secteur de Vingrau, au nord du Roussillon, Thomas Mangin du domaine Torredemer-Mangin confirme un scénario différent : « Bonne qualité dans l’ensemble, des volumes meilleurs que l’an dernier, autour de 25 hl/ha. Les pluies du 15 août et des deux dernières semaines ont décalé les vendanges. On a deux semaines de retard par rapport au reste du Roussillon. »
Les muscats petits grains affichent une belle fraîcheur, mais les macabeus et grenaches, victimes de coulure, présentent des rendements limités. « On vient seulement de commencer les rouges cette semaine », précise le vigneron.
Dans l’ensemble, ce millésime 2025 en Languedoc-Roussillon apparaît moins dramatique que redouté, malgré un été torride. Les pluies du printemps et celles d’août ont joué un rôle déterminant, freinant les maturités, rechargeant les sols et permettant de préserver la fraîcheur. Les blancs, plus fragiles, ont parfois souffert ; les rouges, selon les secteurs, s’annoncent équilibrés, avec des acidités mieux préservées qu’en 2022.
Le constat est partagé : sans l’eau accumulée, le vignoble n’aurait pas résisté. Reste que les volumes, très variables selon les zones, ne suffiront pas toujours à compenser les pertes de 2024. L’urgence climatique, rappelée par la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, résonne jusque dans les vignes du sud : il faudra désormais composer avec ces extrêmes.
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