Jeudi 4 Septembre 2025
©noemiecatier & ©anaispaget
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04.09.2025
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Le millésime 2025, précoce en Vallée du Rhône, comme dans de nombreuses régions de l’hexagone, s’annonce bon. L’acidité et la concentration des arômes satisfont les professionnels qui tablent sur de bons équilibres gustatifs. Seule la question des rendements reste en suspens. Petit tour d’horizon au cœur du vignoble pour confirmer la tendance.
Le 20 août, Guillaume Valli, le directeur de l’ICV du secteur Vallée du Rhône faisait un constat : « ça débute un peu dans tous secteurs Grignan, Châteauneuf, Ventoux, Cairanne, ce qui est assez inhabituel ». Quelques jours plus tard, il confirme une avance de deux semaines sur 2024.
Tous, techniciens et vignerons, s’accordent sur la précocité du millésime. L’automne et l’hiver ont apporté des pluies bienfaitrices pour la recharge des sols. Le mois de mai, pluvieux lui aussi, et relativement frais, a compensé un débourrement précoce et ralentit la croissance végétale. Ainsi la floraison s'est déroulée quasiment au même moment que l'année dernière. L’été, en alternant conditions favorables et épisodes de chaleur intense fin juin et en août, a accéléré la maturation des baies, avec une avance de deux semaines sur 2024, confirmant ainsi la précocité exceptionnelle du millésime.
En Ardèche méridionale, du coté de Beaulieu, la récolte a débuté le 11 août pour le chardonnay dédié au pétillant. Le surlendemain la coopérative de Valvignères a fait de même, enchaînant avec les pinots. Jérôme Volle, président de la cave Alvallis, l’explique ainsi : « avec les grosses chaleurs en juin et 50 millimètres d’eau, l’avance des maturités a été rapide mais avec l’effet inverse des derniers jours, nous perdons des volumes, donc on commence car la qualité est là ».
Théo Xavier, du domaine Raboly, a terminé la récolte des muscats petit grain. « Nous avons recherché la maturité à 15° juste et avons débuté le 11 août. Grâce à une bonne réserve en eau, les vignes n’ont pas trop souffert. Face à cette précocité, nous avons été réactifs. La météo annonce des pluies, ce qui sera profitable aux syrahs. Entre une grosse sortie de grappe et la coulure sur le grenache, le rendement des rouges s’annonce correct », assure le vigneron.
Coline Roumieux, du Clos du Calvaire, confirme la tendance de la précocité et de la qualité des blancs. « Nous avons récolté le 18, avec 10 jours d’avance par rapport à 2024. C’est extrêmement tôt ! L’état sanitaire est impeccable. Les degrés sont élevés mais nous avons eu une pluie miraculeuse. Les syrahs au sud de l’appellation sont déjà à 14,6°. Chez nous, le végétal tient mais le paysage global des parcelles fait peur. Les grenaches n’ont pas une charge excessive, nous aurons peut-être 28 hectolitres à l’hectare, ce qui serait incroyable. Ils sont précoces donc nous allons enchaîner sans faire de pause ».
A La Tour d'Aigues, au domaine Le Novi, Romain Dol a débuté les vendanges le 25. « En 35 ans, je n’ai jamais rien vu d’aussi précoce et je ne l’ai pas vu venir », constate le vigneron. Roussanne, viognier et rolle sont rentrés. Malgré un déficit pluviométrique et de fortes chaleurs, les raisins sont sains. « Il a fallu être attentif. Pour les rendements, la charge n’est pas énorme. Il y a du raisin mais pas beaucoup de jus sur les syrahs. Par contre, il y a de jolis équilibres, un peu de degré, de jolies acidités », conclue Romain Dol.
Dans le Ventoux à Bédoin, la cave coopérative Les Vignerons du Mont Ventoux a ouvert ses quais le 26 août, soit avec 2 semaines d’avance par rapport à l’année passée. Son président Simon Triboulet est satisfait des premiers chardonnays et viogniers récoltés. « On ne s’attendait pas à cette avance. C’est très joli et il y a beaucoup plus d’acidité que les années précédentes. Cela présage un bon millésime ». Comme sur d’autres secteurs, les syrahs installées sur des terroirs asséchant, ont flétri. Elles manquent de jus et les degrés ont grimpé rapidement.
Malgré les épisodes pluvieux, les vignerons restent confiants.
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