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Yvonne Hégoburu n’est plus

©F. Hermine

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

21.03.2023

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Yvonne Hégoburu du Domaine de Souch en Jurançon nous a quittés jeudi dernier à plus de 95 printemps.

Ce petit bout de femme déterminée de plus de 95 ans était incontestablement une grande dame du vin au parcours étonnant presque surréaliste. Cette figure emblématique du Jurançon qui s’était retirée de la vie de son domaine de Souch ces dernières années, avait commencé une carrière de vigneronne à 60 ans. Le sourire franc et la volonté en bandoulière, elle s’était convertie au vin à l’heure où d’autres prennent leur retraite. Avec son mari René, journaliste local, elle était tombée amoureuse au début des années 80 d’une petite propriété de Laroin à 300 m d’altitude et à quelques kilomètres de leur maison de Pau, avec un panorama imprenable sur les Pyrénées et le pic du Midi d’Ossau. Ils avaient décidé d’y planter de la vigne mais son mari ne verra pas le rêve se réaliser.

Une pionnière en biodynamie
Qu’à cela ne tienne, Yvonne décide de réaliser seule le projet. Elle fait défricher et planter, avec l’aide de son fils Jean-René, six hectares et demi de cépages autochtones, petit et gros manseng, petit courbu sur ces coteaux à sols argilo-calcaires et fortes pentes non mécanisables, au mililieu d’une vingtaine d’hectares de forêts et prairies. Elle emprunte pour faire construire un chai et sort son premier vrai millésime en 1990 avec l’aide pour les plantations et la conversion bio de Abel Pirès puis quelques années plus tard de deux jeunes œnologues, Emmanuel Jecker et Maxime Salharang (ce dernier a créé en 2011 le Clos Larrouyat également en Jurançon).
Elle décide rapidement de convertir son vignoble en bio puis en biodynamie à l’époque où l’idée n’est guère à la mode surtout sous les cieux pluvieux du Béarn. Ce sera d’ailleurs une pionnière dans la région grâce aux conseils de Paul Barre, vigneron en Canon-Fronsac.
Le domaine acquiert rapidement une jolie notoriété pour ses vins secs et surtout moelleux tout en délicatesse et en fraîcheur. Elle gagne même une notoriété supplémentaire en apparaissant dans le film polémique de Jonathan Nossiter, Mondovino. Comme tout bon autodidacte, Yvonne n’a eu de cesse de transmettre autour d’elle et de promouvoir de plus jeunes vignerons qu’elle. Epaulé par le maître de chai Emmanuel Jecker, arrivée il y a plus de 30 ans sur la propriété, Souch était dirigé ces dernières années par son fils.