Samedi 2 Novembre 2024
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21.06.2024
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En matière d’apéritif, il existe de nombreuses chapelles auxquelles s’ajoutent les éternelles différences géographiques (ah, le match pastis/picon !). Mais qui a dit que l’on devait toujours boire la même chose lors de nos sacro-saints apéros ? Nous avons dégusté quelques belles bouteilles qui pourraient bien s’inviter régulièrement sur vos tables.
Prime à l’originalité avec le saké nouveau « Takeno Nouveau » (28,90€) en provenance directe de Kyoto. Souvent perçu comme un alcool clivant, difficile d’accès, le saké voit généralement sa consommation restreinte à un cercle de consommateurs. Les choses pourraient bien changer avec ce saké à la robe blanche voilée et au nez d’une grande pureté évoquant notamment les fruits blancs. En bouche, la fraîcheur domine et la mâche, délicate et onctueuse, s’accompagne d’un fin perlant très digeste. Avec une acidité particulièrement intégrée, l’ensemble s’avère poétique et évoque un nuage passant au-dessus d’un temple sur les collines de Kyoto. Original et suspendu.
Certains préfèreront peut-être aller explorer le côté plus amer de la force. Direction donc le monde des vermouths où 2 acteurs proposent de bien jolis jus. Un grand classique tout d’abord avec Del Professore (29€). On est ici dans la plus pure tradition turinoise. La belle teinte ambre foncé révèle un nez directif, sérieux, où les notes herbacées s’invitent au premier plan. L’attaque ronde laisse apparaître une sucrosité enveloppante et une amertume se révélant progressivement. Notes mentholées, racinaires guident ce vermouth très équilibré. Tous les marqueurs sont là, sans excès, pour un produit qui contentera un large public. La classe à l’italienne ! Côté Maison Villevert, le vermouth royal La Quintinye (21,50€) présente peut-être un surcroît de personnalité avec sa base de pineau des Charentes et ses 28 plantes. Son parfum envoûtant se déploie largement et régale de notes de fruits secs, de garrigue et de tubéreuse. La belle sucrosité d’attaque ouvre la voie à une vraie profondeur aromatique où l’orange amère joue le premier rôle. Finale allongée, amertume plus saillante mais parfaitement maîtrisée.
Et pour rester dans un produit traditionnel qui fait son grand retour, partons du côté de la Champagne pour découvrir le ratafia champenois de la Maison Boizel baptisé RNV 20 (32€). Impossible de ne pas être séduit par son nez complexe mêlant agrumes confits et fruits secs. La sucrosité joue la discrétion à l’attaque, la matière se révélant tout de suite très digeste et fine. La pointe d’acidité apporte une énergie supplémentaire en finale. La sensation qu’un ange passe lorsque l’on médite sur cette allonge étirée qui laisse des notes d’herbes aromatiques s’exprimer davantage.
Et pour rester dans un esprit similaire mais sans oublier de contenter les amateurs de breuvages plus immédiatement fruités, « Double jus » (36€) est une excellente alternative. Proposé par l’embouteilleur indépendant Trente & Quarante, ce ratafia de pomme associe un moût de pomme à cidre et un calvados. Le tout est ensuite élevé 14 mois en fût de chêne. Immédiatement, sa robe ambré éclatante joue les séductrices. La promesse est là, dès le nez, avec des notes de pommes cuites et acidulées mêlées. L’attaque ronde, tapissante, est très onctueuse. La douceur du jus de pomme domine mais l’arrière-plan est plus expressif, guidant vers une finale teintée de fines notes anisées. L’amertume fine et l’énergie évidente liée à un degré d’alcool un peu plus élevé (23°) en font une option vraie singulière.
In fine, si vous n’avez pas encore trouvé votre bonheur, 3 autres options pourraient s’imposer :
Et en définitive, si vous préférez toutefois rejouer le match pastis / picon, faites-le avec originalité en découvrant la collection Bellamira de la maison de la mirabelle. Leur pastis (34€ les 70cl) est d’une grande élégance, parfaitement harmonieux au nez, où la mirabelle et la fève tonka teintent finement un ensemble anisé subtil. Quant à leur amer (29,90€ les 70cl), on ne peut que succomber à sa délicatesse. Oubliée l’amertume rentre-dedans, bienvenue à une amertume guidée qui complexifie plus qu’elle ne brutalise. Là encore, les notes de mirabelle font mouche et dominent le nez, la bouche étant d’une vraie suavité. A tel point qu’on oserait presque boire cet amer seul, sur glace.
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