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Blancs de Pessac-Léognan, millésime 2011

Smith Haut Lafitte

Auteur

La
rédaction

Date

01.07.2013

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Qui dit Bordeaux dit vin rouge. Ce sont pourtant les vins blancs qui tirèrent, au XVIIe siècle, la renommée du vignoble, grâce aux marchands hollandais. Aujourd’hui peu de blancs subsistent pour rivaliser avec leurs éternels rivaux bourguignons. Restent ceux de Pessac, dans un tout autre style, sans doute les plus aboutis et les plus fins.

CE PALMARÈS A ÉTÉ PUBLIÉ DANS « TERRE DE VINS » N°24 (JUILLET-AOÛT 2013)

Pessac-Léognan brille autant en rouge qu’en blanc. Dans cette bande des Graves qui s’étend des portes de Bordeaux au sud de Langon, la partie septentrionale, protégée climatiquement par la forêt des Landes, a tiré son épingle du jeu par la qualité de ses vins, pour former en 1987 l’appellation Pessac-Léognan. Près de la ville, grignotés par l’urbanisation, les châteaux de la commune de Pessac (Haut-Brion, La Mission Haut-Brion, Pape-Clément…) se distinguent de ceux de Léognan, qui forment la majeure partie des troupes. Sur un sol proche de celui du Médoc, mais un sous-sol très particulier, formé de graviers et de galets roulés, avec une variété de cailloutis exceptionnelle, les vins de Pessac-Léognan offrent un caractère singulier, alliant puissance et race.

Unique en son genre sur le territoire bordelais, cette appellation bicéphale garde les pieds sur terre et la tête au frais, progressant régulièrement et resserrant les rangs, notamment en ce qui concerne les crus classés. Nous avions déjà pu apprécier cette évolution favorable à deux reprises, sur les premiers et les seconds vins, en blanc comme en rouge. Nous remettons en jeu ces palmarès, testant cette fois-ci exclusivement des blancs de l’appellation, issus de sauvignon et/ou de sémillon, avec parfois un soupçon de muscadelle. Le dernier millésime en bouteille, 2011, nous a semblé encore en retrait, avec un fruit discret, une trame acide assez présente et souvent, pour les vins les moins convaincants de la série, des amers de fin de bouche accrocheurs. L’ensemble soumis à notre jugement, s’il reste promis à un bel avenir, manquait à ce stade de mordant et de conviction, peut-être gêné aux entournures par une mise en bouteille récente et une jeunesse imposant sa réserve. Austères donc, moins en verve que les 2010 et, a fortiori, que leurs homologues en rouge, ces blancs 2011 doivent cependant ne pas perdre espoir car il y a fort à parier qu’ils reprendront le dessus d’ici deux à trois ans. L’élevage de certains, s’il est perceptible, ne doit pas être rédhibitoire : il fait partie de l’identité du cru et les plus soignés des vins sauront le digérer sans problème.
Enfin, il est intéressant de souligner le caractère gastronomique de ces blancs : loin de se contenter de prolégomènes distrayants, ils trouveront toute leur place sur les entrées et surtout tout au long du repas, avec des volailles, des poissons et des fromages. Autant de raisons donc qui les rendent attractifs, notamment pour les plus sages en termes de prix.