Accueil Dégustation La revanche des crus du Languedoc

La revanche des crus du Languedoc

Terrasse d'Elise Le Pradel

Auteur

La
rédaction

Date

01.05.2013

Partager

Le Languedoc voit rouge et grand. La classification des grands crus est en embuscade, preuve s’il en était que ces rouges-là font définitivement partie de l’élite des vins de France. Nous les avons dégustés sur les derniers millésimes, ils nous ont convaincus. Reste à les attendre vingt ou trente ans de plus pour voir s’ils passeront les portes du Panthéon de la postérité.

CE PALMARÈS A ÉTÉ PUBLIÉ DANS LE N°23 DE « TERRE DE VINS » (MAI-JUIN 2013)

Le Languedoc est longtemps resté confiné au pays des guerres intestines, vins de roc et de choc, plus rustiques qu’élégants, encouragés par les pinardiers venus d’Algérie qui accostaient à Sète pour produire du gros rouge. Balayés dans les années 1990 grâce à quelques pionniers, ces arguments ne tiennent plus : aujourd’hui la relève est bien en marche, l’œnologie moderne a essuyé les erreurs du passé, les nouveaux arrivés font part de leurs expériences tous azimuts et de leur vision mondialisée du grand vin. Le Languedoc nouveau est là et il faut désormais compter sur lui. Dix-neuf appellations sur 40 000 hectares forment l’entité viticole la plus vaste au monde, sans doute l’une des plus variées aussi. Des contreforts des Cévennes aux Pyrénées, du Massif des Corbières à la Montagne Noire, des rives de la Méditerranée à l’arrière-pays cathare, le grenache, la syrah, le mourvèdre, le cinsault, le carignan s’assemblent sans se ressembler, sur des terroirs de schistes ou de calcaires, plus marneux ici, plus gréseux là.
Pour aller encore plus loin et pousser plus avant sur la voie de la qualité – et nonobstant de la reconnaissance – une classification de grands crus a été officiellement déposée auprès de l’INAO, l’organisme d’État garant des appellations. Devraient ainsi accéder au graal Corbières-Boutenac, Grès de Montpellier, La Clape, Minervois – La Livinière, Limoux blanc, Pézenas, Pic Saint-Loup, Saint-Chinian Roquebrun et Berlou et Terrasses du Larzac.
Pour le moment, il existe l’appellation ombrelle Languedoc, décernée depuis 2007, elle forme le gros des troupes ; et juste au-dessous, les crus du Languedoc.

Cette dégustation de plus de 70 rouges languedociens a confirmé notre conviction. Nos jurés ont apprécié ces vins de caractère, aux matières pures, expressives, chaleureuses parfois aussi, mais de bon équilibre dans l’ensemble. Chacun dans son style, les vignerons qui ont répondu présents à l’appel ont démontré par leurs vins la variété inhérente au Languedoc, souvent réduit dans sa sémantique en une vaste étendue homogène. Il n’en est rien et les plus beaux de ces vins devraient augurer une belle garde. Le premier du palmarès est un vin de pays, qui plus est 100 % cinsault, le second un drôle d’OVNI fruit d’un élevage très long, à rebours des modes du vin facile et immédiat. Les irréductibles du Sud ne se sont pas tous pliés aux diktats du goût standardisé. Buveurs d’étiquette, passez votre chemin, curieux, accourrez et sautez à pieds joints dans ces nectars aussi surprenants qu’inattendus.