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Corse : le retour en grâce des cépages autochtones

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

22.01.2016

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La Corse se réapproprie les cépages autochtones depuis déjà une trentaine d’années avec en tête niellucciu, sciacarellu et vermentino… et le mouvement s’accélère.

Plus des trois-quarts du vignoble planté dans les années 60 par les rapatriés d’Algérie a été arraché, soit plus de 25 000 ha en trois décennies. « On a d’abord replanté des cépages insulaires comme le niellucciu et le sciacarellu pour remplacer la syrah et le cabernet sauvignon en rouge et rosé ; et le chardonnay a cédé la place pour les blancs au vermentinu qui fait ici des merveilles », précise Josée Vanucci (Clos Fornelli), présidente du CRVI (Centre de Recherche Viticole de Corse). Le centré créé sur la côte orientale au milieu des années 80 a pour mission de réhabiliter ces cépages insulaires dans le cadre d’une production à forte identité mais aussi qualitative. Car les cépages autrefois complantés en terrasses dans les montagnes pour les besoins domestiques ont été virosés. Après des études de recensement, typicité, rendement, vinification et sélection de souches de nombreux cépages, notamment dans le domaine expérimental de 5 ha du CRVI qui s’est constitué en véritable conservatoire, une vingtaine de cépages ont émergé. Ils ont désormais la part belle dans les AOC de Corse et dans l’IGP Ile de Beauté. A partir des années 2000, la caractérisation des terroirs et la cartographie a peaufiné le travail.

Bianco gentile et minustellu à la mode

Le niellucciu accapare désormais plus de 35% du vignoble, le sciacarellu 15%. Mais une deuxième génération apparaît avec de nouveaux cépages tels le bianco gentile, le minustellu, l’aleatico, le barbarossa, le carcajolo… limités à 10% dans le cahier des charges de l’appellation mais pour lesquels des vignerons sont près à abandonner l’AOP pour passer en vin de France avec des pourcentages plus élevés, voire des monocépages.

Jean-Charles Abbatucci avec sa collection de 18 cépages (sur la cinquantaine de départ), héritage de son père président de la chambre d’agriculture et passionné d’ampélographie, a été l’un des premiers à sauter le pas. Antoine Arena, Yves Canarelli, Christian Imbert, Orenga de Gaffory… font le même travail. On compte actuellement 16 ha de bianco gentile. Il apporte rondeur et capacité de vieillissement aux blancs. « Le cépage est à la mode mais le CRVI ne peut pas fournir autant de greffons que les vignerons le voudraient car il n’y a a pas assez de vignes mères, explique Eric Poly, le président de l’interprofession des vins corses. Et les jeunes vignerons sont encore plus demandeurs que la génération précédente ». Le minustellu, pour la couleur et la rondeur des rouges, le carcajolo neru pour la couleur également et le profil aromatique connaîssent aussi un joli succès. Plus anecdotiquement, le barbarossa, l’aleatico, le riminese, le codivarta, le morescone, le montanaccia, le rossol, le brandica, le rugughonna…