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De Skalli à Boisset : la valse des géants

Auteur

La
rédaction

Date

09.12.2011

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Skalli cherchait repreneur ; c’est fait. Ce 23 novembre 2011 a été signée la vente des actifs français Skalli au Groupe Boisset. Amis de longue date, Robert Skalli et Jean-Claude Boisset se sont entendus sur une transaction financière dont le montant reste secret, mais les bruits résonnent autour de 30 millions d’euros. Interview exclusive de Jean-Charles Boisset (vice-président de Boisset La Famille des Grands Vins).

TDV : Jean-Charles Boisset, depuis combien de temps êtes-vous sur l’affaire Skalli?

On s’intéresse depuis toujours aux vins Skalli, depuis presque vingt ans maintenant, on a toujours admiré le travail, les idées, l’énergie de Robert Skalli. Nous sommes très amis, en 1984 déjà, on lui avait vendu des vignes en Californie. Sachant qu’il ne prenait pas le choix du relais familial, on voulait dans un premier temps entrer au capital. Et la décision de Robert nous a décidés à nous placer.

TDV : Dans quel souci stratégique?

Notre maison, notre travail s’arrêtent à la vallée du Rhône donc nous pénétrons plus intensément cette région viticole ainsi que le Languedoc-Roussillon, vignoble très diversifié, complexe, que nous connaissons peu. C’était l’occasion.

TDV : Que vont devenir les salariés de branche vins Skalli?

Aucun changement. Comme vous le savez, un plan social avait réduit les effectifs au début de l’année 2011. Comme je vous le disais, nous avons besoin d’apprendre sur cette région alors nous allons nous appuyer sur l’équipe existante qui est complémentaire à 100% avec la nôtre. Le vin est une richesse de terroirs mais aussi d’hommes. Nous sommes très enthousiastes et allons surtout réfléchir sur l’avenir des marques. Il faut mettre des idées en place. Placer l’ensemble dans le nouveau siècle.

TDV : Vous récupérez un réseau dans le monde également…

En effet, c’est un réseau de partenaires que nous amène cet investissement. D’abord, en amont, un secteur d’approvisionnement important, ensuite, une équipe soudée et compétente, enfin un carnet d’adresses à l’étranger, en Allemagne, en Angleterre, en Chine et au Japon.

TDV : Que devient votre ami Robert Skalli? Pourquoi n’a-t-il opté pour un de ses enfants, notamment Antony qui était pressenti, ou David qui a déjà développé des affaires dans ce secteur?

Robert Skalli aura son siège au Conseil d’Administration de notre Groupe, il pourra continuer à nous conseiller. Il est très attaché au devenir de sa société. Et puis vous savez, il a tellement d’autres activités, je pense aux secteurs des pâtes et du riz, à son vignoble à Saint-Supery, je ne m’inquiète pas pour lui, il ne va pas s’ennuyer.

TDV : Et les enfants alors ?

Dans les familles ce n’est jamais très simple. Il faut lui demander. Il a décidé de vendre, ça veut dire que les enfants se concentrent ailleurs. Le principal est dans son choix, le fait d’avoir choisi un acheteur franco-français plutôt qu’un groupe étranger.

TDV : Car vous aviez la meilleure offre?… Quel montant, on parle de 30 millions d’euros…

Aussi, peut-être, concernant la meilleure offre, côté prix, on s’est entendus pour ne rien communiquer. Nous n’étions pas les seuls à vouloir acheter, je crois que c’est le prix bien sûr mais surtout la confiance et l’amitié, une sorte de continuité d’une famille à une autre. L’important pour les consommateurs est la philosophie de la qualité, nous avons dégusté des produits pas plus tard qu’hier, ils étaient excellents. C’est de bon augure.


C’était écrit

La branche vins du Groupe Skalli a connu des difficultés ces dernières années avec, début 2011, un plan social de réduction de ses effectifs à hauteur de 20%. S’en est suivie la vente au mois d’octobre du Clos Poggiale à un vigneron corse, Jean-François Renucci. Le Chiffre d’Affaires de la branche vins du groupe Skalli était en 2000 de 60 millions d’euros et la vente en Grande Distribution représentait 70%. Ces dix dernières années, le groupe s’était concentré sur les vins d’appellation dans le sud de la France avec notamment l’achat de la maison Bouachon à Châteauneuf-du-Pape et du domaine de Silène en Coteaux du Languedoc. Important développeur des vins de table en grande distribution à compter des années 60, créateur des vins de cépages la décennie suivante et des vins de pays d’Oc, Robert Skalli met un terme à la crise que connaît son entreprise en cédant ses activités au Groupe Boisset, maison implantée en Bourgogne, dans le beaujolais, dans la vallée de la Loire et déjà dans la vallée du Rhône. Robert Skalli a trois enfants dont le dernier, Antony (directeur financier de Lustucru), était pressenti pour reprendre l’activité vin. Il ne souhaite pas s’exprimer.

Propos recueillis par Jean-Charles Chapuzet