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Marc Barriot, explorateur de terroir

Auteur

La
rédaction

Date

30.01.2013

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Entre Biotop Wines (le « off » de Millésime Bio qui s’est fini hier) et une dégustation de vins biodynamiques à Angers (2 et 3 février), Marc Barriot, vigneron à Maury, nous parle de son inlassable exploration des terroirs du Roussillon.

Les pieds solidement ancrés dans le sol, mais la tête et le palais éternellement voyageurs. Marc Barriot, natif de Bandol, formé à Bordeaux et à l’étranger, initié à la biodynamie en Alsace, grand admirateur des vins de Bourgogne, n’aime rien tant que parler de « son » Roussillon et des terroirs qu’il s’attache à explorer, à révéler, à sublimer depuis près de dix ans au sein de son Clot de l’Origine.

Dix ans de réflexion

Installé à Maury depuis 2004, ce pur autodidacte du vin a eu un coup de foudre inattendu pour la région, alors qu’il cherchait le lieu idéal pour faire ses premiers pas de vigneron. Rapidement, la viticulture en « bio » et l’approche de la biodynamie se sont imposées à lui. Un goût caché pour la difficulté ? « Les terroirs ici sont difficiles, plus durs que dans le Languedoc. Les sols sont volcaniques, schisteux, sans argile, avec peu d’eau et de matière organique… Ce sont des terroirs exigeants qui demandent beaucoup d’efforts pour exprimer leurs ressources, mais j’ai trouvé cela passionnant ». Après avoir commencé avec deux hectares, puis atteint une superficie de 15 hectares, Marc Barriot a finalement réduit la voilure pour se situer aujourd’hui aux alentours de 10 hectares – dont la moitié de vieilles vignes.

« Il a bien fallu une dizaine d’années pour remettre d’aplomb les vignes malmenées, et pour identifier les plus beaux terroirs, souligne Marc Barriot. Après être un peu parti la fleur au fusil, j’ai progressé petit à petit. Je suis parti vers le Fenouillède, aux portes de l’Aude, à la recherche de terroirs oubliés par les Catalans : des terroirs d’altitude, pentus, arrosés, exposés au vent et ne craignant pas trop la chaleur, avec beaucoup de petites parcelles bien positionnées qui demandent à être travaillées avec méticulosité ». Ici, Marc Barriot peut pratiquer des vendanges précoces – vers fin septembre – et éviter la surmaturité, pour chercher la finesse et l’acidité qui sont la signature de ses vins. « J’essaie d’éviter les vins concentrés, gras, la présence du bois, précise-t-il. J’aime aller vers la fraîcheur, la limpidité, mais sans tomber dans le vin « glouglou » pour les bobos à Paris. Mon idéal est de faire du bourgogne dans le Roussillon – avoir un style, une complexité, une expression du terroir à la bourguignonne, mais avec la typicité du Roussillon. »

Huit vins au programme

Pour parvenir à ses fins, Marc Barriot a vécu comme une « évidence » le fait de travailler en bio et en biodynamie : « il faut être partout en même temps, tout travailler à la main, être constamment à l’écoute du terroir et de la santé de la vigne. Il n’y a pas vraiment de recette, c’est un travail empirique, une recherche d’équilibre à la vigne comme à la cave, en s’adaptant au climat. On privilégie des traitements naturels, avec des applications très parcimonieuses et précises de cuivre ou de soufre. Les dates de vendanges sont primordiales : on recherche la précocité sur les blancs (grenaches gris et blancs, maccabeu, muscat), la maturité sur les grenaches que l’on équilibre avec les carignans et les syrahs. Ce sont des efforts constants dont on ne voit vraiment le résultat qu’au bout de trente ans – et avec dix ans de recul, je peux affirmer qu’il est très difficile de conduire seul un vignoble de 10 hectares en bio. »

La gamme du Clot de l’Origine se compose aujourd’hui de huit vins : trois blancs, trois rouges et deux vins doux. En blanc, se distinguent son « Trouble Fait » (un muscat sec « à l’italienne »), son « Original » (dominante de maccabeu) et ses « Quilles Libres » à dominante de grenache gris – un vin « très Roussillon » d’après son auteur. En rouge, on passe gaiement de la syrah charmeuse du « P’tit Barriot » au carignan équilibré de « Soif de Plaisir », avant de se laisser gagner par le fruit mûr et les notes animales de « Quilles Libres » à forte dominante de grenache. Enfin, les vins doux surprennent par leur profil atypique, entre un blanc oxydatif, presque jurassien, et un rouge très fruité, croquant, frais et délicat. Une gamme à l’image de Marc Barriot : résolument en dehors des sentiers battus.

Mathieu Doumenge