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Mondial de la capsule de champagne : avis aux placomusophiles avertis

Auteur

AFP

Date

02.03.2016

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Peinte à la main ou sérigraphiée, plaquée en argent, en or ou vieux fer d’époque, la capsule de bouteille de champagne est un objet de collection : un salon lui sera consacré dans le village viticole Le Mesnil-sur-Oger (Marne) le 6 mars.

Pour la petite histoire, c’est le négociant châlonnais Adolphe Jacquesson qui, en 1844, déposa un brevet consistant à intercaler entre le fil de fer (ou de chanvre) et le bouchon en liège, pour le protéger, une plaque équilibrant les forces. Exit, les fuites dues à la pression du gaz.

« Il y a des capsules qui valent dix fois le prix de la bouteille. C’est en fonction des tirages, de la rareté, de l’offre et de la demande, de 50 centimes à 1 000 EUR en moyenne », détaille Pascal Dorme, brocanteur de métier, organisateur de ce sixième Mondial, réunissant 5 000 visiteurs autour d’une centaine d’exposants. « Il suffit qu’on ait tiré 500 bouteilles d’une cuvée au lieu de 1 000 habituellement pour que les prix s’envolent ».

30 000 plaques répertoriées

Pour bien chiner, un livre de cote nommé « Lambert » répertorie 30 000 plaques comme autant d’œuvres d’art, sur 45 000 au total. C’est le cas de la « Pol Roger 1923 » dont on sait qu’il existe dans le monde seulement trois exemplaires, ou de la « Ballon des Truchesses » (une capsule à languette), dont les deux uniques pièces atteignent 10 000 euros. Sachons enfin qu’un vigneron champenois peut tout faire dire à sa plaque de muselet, tant qu’il s’agit de promouvoir une cuvée : portraits de famille, animaux domestiques, centenaire de la Grande Guerre… A chacun sa collectionnite.

Stéphane Primault, collectionneur et pionnier de la vente sur la Montagne de Reims dans les années 80, vit intégralement du commerce de capsules. À l’ancienne, par téléphone et sur catalogue, il conserve une clientèle fidèle de placomusophiles passionnés. « À l’époque, mon père était ouvrier viticole, c’était facile de ramasser ces petits objets dont personne ne voulait. J’ai commencé par de l’échange ordinaire, une contre une et aujourd’hui, j’en fais commerce ».

Stéphane possède ainsi plus de 20 000 modèles dont 3 000 dits anciens (antérieurs à 1960). « Plusieurs bourses sont organisées toute l’année dans les villages marnais. Mais le salon de Vertus (également dans la Marne, ndlr) en novembre et le Mondial du Mesnil restent les principales dates ». Sans compter l’internet, évidemment, qui s’affiche de plus en plus comme une plaque tournante de grande marque.

Au salon, organisé tous les deux ans depuis 2007 dans un village typique de la Côte des Blancs où se visite aussi le musée de la vigne et la réplique exacte de la grotte de Lourdes, viendront se greffer des collectionneurs de papiers, réclames ou étiquettes, ainsi que des camionnettes anciennes de livraison de champagne.

Les vieux outils (sécateurs pour fille, pour vigne, pour fleurs, en ivoire ou en acier) s’exposeront aussi, de même que l’art insolite avec la présence de maquettistes et d’un sculpteur sur muselet – un passe-temps que les convives attablés pratiquent en amateurs à la fin d’un dîner. « Le but est de rendre le monde du champagne plus ludique et de sauver tout un pan de notre patrimoine », conclut Pascal Dorme.

Pauline GODART