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Vendanges en Corse : 2018, année sélective

Ci-dessus : vendanges chez Marie-Françoise Devichi, Patrimonio.

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

04.10.2018

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Des vendanges très hétéroclites selon les secteurs et les domaines, des maturités qui se sont fait attendre mais le millésime s’annonce joli en volume et sur le fruit. Visions de quelques vignerons de l’île de beauté.

Pierre Acquaviva (Domaine Alzipratu) – Calvi
« Les vendanges ont été très hétéroclites selon les régions de Corse et les domaines. On avait rarement vu un printemps aussi pluvieux mais comme la Balagne est très ventée, il n’y a pas eu de la pression sanitaire, mais les maturités ont été très étalées sur 35 à 38 jours de vendanges, de début aout à mi-septembre, jusqu’à début octobre pour les niellucciu. On avait le potentiel alcoolique depuis longtemps mais on a du attendre les maturités. Avec des baies gonflées par les pluies, nous allons surement avoir des rendements proches du maximum. Les rosés et les blancs devraient être très aromatiques mais le vermentinu moins intense et le millésime sera sans doute moins concentré qu’en 2017 en particulier sur les rouges. Comme nous sommes en première année de conversion bio, nous avons du être vigilants et réactifs car le mildiou a fait des ravages dans beaucoup de secteurs. Cette année sera sélective et on verra les vrais vignerons dans la bouteille. »

Marc Imbert (Domaine de Torraccia) – Porto Vecchio
« Les vendanges, même par petites équipes, ont duré plus longtemps cette année car les raisins avaient du mal à murir surtout le vermentinu. Le niellucciu en revanche est excellent et devrait faire cette année de jolis vins de garde et je suis optimiste quant aux grenaches en rouge. Pour le sciaccarellu, il va falloir attendre quelques mois pour qu’il révèle sa véritable expression. Les résultats sont très variables selon les domaines même sur un meme secteur. Nous avons réussi à contenir les attaques de mildiou mais il a grêlé à Sartène en plein mois d’août et la région jusqu’à Ajaccio a récup^éré un nouveau parasite, la pyrale de l’agrume . Le papillon qui se met dans le raisin et le pourrit s’est apparemment développé avec la forte hygrométrie du printemps et résiste au traitement habituel à base d’extraits d’algues. Heureusement il est moins prolifique que le ver de la grappe mais nous essayons de trouver des solutions avec la Chambre d’Agriculture. »

Yves Leccia (Domaine Yves Leccia) – Patrimonio
« C’est une année compliquée qui a subi de fortes attaques de mildiou au printemps mais à force de travail, de passages dans les vignes et grâce aux bonnes températures de l’été, on a réussi à limiter les dégâts. Nous avons juste constaté des retards de maturité et sur tous les cépages. Le millésime ne sera pas sur la concentration mais sur le fruit, nous n’aurons pas de rouges denses mais sur la souplesse, des rosés avec une bonne acidité et des blancs équilibrés car le vermentinu a bien résisté mais moins sur la longueur. C’est un millésime pour lequel il a fallu être patient et trier les grappes. »

Marie-Françoise Devichi (Mlle D) – Patrimonio
« Le millésime a été compliqué à cause de la pression du mildiou et en surveillant de près les attaques de l’oïdium chez un voisin. Il a donc fallu passer et repasser dans les vignes pour tout contenir. Nous n’avons pas de hauts degrés mais de belles acidités et du fruit. Les rouges ne seront pas de longue garde mais on devrait avoir des vermentinu qui vont sortir du lot. On aura quand-même de jolies quantités avec des raisins sains. Mais mon père n’avait jamais vu une année comme ça avec autant de pluies et une telle menace permanente du mildiou qui ressortait en taches sur les feuilles pour le muscat, même après les vendanges. Il faudra donc rester vigilant et peut-être retraiter cet automne pour renforcer les défenses des vignes. 2018 s’annonce une belle année mais ça a été aussi un gros stress. »