Accueil Vendangeurs polonais dans la Marne : la Justice va trancher

Vendangeurs polonais dans la Marne : la Justice va trancher

Auteur

AFP

Date

19.01.2017

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Dix mois de prison avec sursis ont été requis mercredi devant le tribunal correctionnel de Châlons-en-Champagne contre un couple d’ouvriers viticoles polonais, accusés d’avoir recruté puis hébergé 237 vendangeurs de la même nationalité dans des conditions indignes à Fleury-la-Rivière (Marne) en 2014.

Le 19 septembre 2014, un contrôle anti-fraude à Fleury-la-Rivière, village viticole au cœur du vignoble champenois, avait révélé que des saisonniers polonais étaient hébergés dans des locaux insalubres.

Espaces « surpeuplés », sanitaires « sales », aération « insuffisante »: la présidente du tribunal a énuméré les conditions dans lesquelles s’entassaient les vendangeurs, tous originaires d’une région défavorisée du sud-est de la Pologne.

« Il y a des règles en France : il s’agit d’une entreprise de prestations viticoles qui doit faire les mêmes démarches que toutes les entreprises en France », a affirmé la procureur Cécile Houede, réfutant tout bénévolat et dénonçant une « concurrence déloyale ».

Aux yeux du ministère public, le droit français n’est pas « à géométrie variable » et « la dignité ne se négocie pas ».

Une confiscation des biens saisis ou 23.000 euros d’amende ont également été requis à l’encontre des prévenus.

Le couple de quadragénaires est accusé de « soumission de plusieurs personnes vulnérables ou dépendantes à des conditions d’hébergement indignes », « d’exécution d’un travail dissimulé » et de « détention de denrée alimentaire, boisson ou produit agricole falsifié ».

Selon les prévenus, les vignerons leur demandaient de recruter la main d’œuvre et de la loger mais ces prestations étaient désintéressées.

« Je n’ai jamais touché d’argent, c’était pour les gens de la famille, pour aider », a répété Andrzej Piejko, veste en cuir, les mains croisées dans le dos.

« Il a agi sans arrière pensée et sans mauvaise intention », a défendu son avocate Me Hania Goutierre, qui a plaidé la relaxe.

Selon elle, en voulant « rendre service », les « deux pauvres bougres » sont devenus les « boucs-émissaires » d’une affaire « politico-médiatique ».

A l’époque des faits le syndicat général des vignerons (SGV) avait condamné « ce type de pratiques inadmissibles et indignes » pour la Champagne, sans toutefois se porter partie civile.

Le jugement a été mis en délibéré et sera rendu le 15 mars.