Accueil Dégustation [Bourgogne] Grandes maisons et grands crus : 2015 sublimé

[Bourgogne] Grandes maisons et grands crus : 2015 sublimé

Auteur

La
rédaction

Date

30.03.2018

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Tous les deux ans, les maisons de négoce bourguignonnes présentent leurs cuvées phares, en blanc comme en rouge, lors des Grands jours de Bourgogne. Une cinquantaine de grands crus issus des meilleurs terroirs de la région. Autant dire l’une des dégustations les plus attendues de cet évènement. Cette année, le millésime 2015 était à l’honneur au Domaine du Clos Frantin (Albert Bichot). Nous vous présentons quelques-uns de nos coups de cœur.

Les coups de cœur de Laurent Gotti

Chablis Vaudésir 2015 – Domaine Louis Moreau
Le domaine Louis Moreau est présent sur près d’un demi-hectare sur ce grand cru de Chablis. Le Climat Vaudésir s’étend sur 16 hectares dans la partie nord de la colline classée au sommet de la hiérarchie. Le vin présente une remarquable typicité chablisienne : la subtilité florale, la minéralité s’expriment avec une très grande pureté. Un vin d’une élégance folle mais aussi d’une longueur exceptionnelle. Chablis au top !

Corton-Charlemagne 2015 – Maison Louis Jadot
Le Corton Charlemagne de la maison Jadot provient uniquement du Climat Les Pougets, sur 1,88 hectares. Un secteur d’Aloxe-Corton à l’exposition solaire et situé à 280 mètres d’altitude. Le sol drainant est le support d’une couche marno-calcaire qui donne rarement un vin lourd, même dans les millésimes chauds. Ce terroir semble avoir trouvé avec le millésime 2015 les conditions idéales tant le vin nous apparait à la fois puissant, concentré mais aussi équilibré et long en bouche. Un bourgogne blanc d’anthologie.

Chambertin Clos de Bèze – Maison Seguin Manuel
C’est le plus ancien clos en Bourgogne et certainement dans le monde. Il faut remonter à l’an 640 pour avoir les premières preuves de son existence. Le duc de Bourgogne de l’époque donnait à l’Abbaye de Bèze (un village situé au nord-est de Dijon) un important domaine situé à Gevrey. Il restera propriété religieuse jusqu’à la révolution. Le vin proposé par Thibaut Marion, à la tête de la maison, demande un peu d’aération (il est d’ailleurs servi en carafe) mais il fait preuve d’une grande complexité sur une tonalité de fruits noirs et d’épices. La bouche, très consistante, porte bien la signature chambertin et les tannins sont aussi remarquablement harmonieux, veloutés. Une très grande bouteille.

Corton Clos des Cortons Faiveley – Domaine Faiveley
C’est un cas unique de grands crus portant le nom de son propriétaire (son l’on excepte le prince de Conti et sa fameuse Romanée…). Ainsi en a décidé le tribunal de Dijon en 1930. Acheté par la famille Faiveley en 1864, le Clos couvre 2,8 hectares sur la commune de Ladoix-Serrigny. Un terroir de sommet de coteau (300 mètres), exposé plein est, à une altitude assez élevée. Très calcaire dans la partie supérieure, la terre prend une couleur plus rouge en descendant sur le coteau du fait de la présence d’oolithes ferrugineuses. La générosité du millésime 2015 lui a bien réussi. Le nez présente des notes intenses et complexes de fruits noirs et d’épices. La bouche gourmande, longue et riche en fait un grand cru dans toutes ses dimensions. Une cuvée taillée pour la longue garde.

Les coups de cœur de Mathieu Doumenge

Corton-Charlemagne – Domaine du Pavillon, Maison Albert Bichot
Issu d’une parcelle de 1,20 hectare sur de climat des Languettes (versant sud/sud-est de la colline de Corton) que l’on surnommait autrefois « Vigne Dieu », ce blanc majuscule est superbe d’allonge et de race. Plein de sève et de suavité, il se déroule tout en saveurs caressantes, en complexité déjà naissante, dévoile de la fleur d’acacia, une touche de miel et de pèche jaune, des amers d’une folle noblesse en finale. C’est très grand.

Bâtard-Montrachet – Jean-Marc Boillot
Cette maison familiale installée à Pommard signe parmi les plis beaux blancs et rouges de la Côte de Beaune. Ce bâtard-montrachet, issu de vignes de plus de 50 ans et produit à 600 bouteilles tout au plus, est un modèle de précision, tout en style, équilibre, pureté. Beaucoup d’élégance et de sapidité dans ce jus tendu et expressif, plein de ressort et de tonicité. Un chardonnay en majesté, dont la finale se propulse longtemps. Superbe.

Montrachet Marquis de Laguiche – Maison Joseph Drouhin
Un vin forcément mythique, que certains au sein de la maison Drouhin n’hésitent pas à présenter comme la « Bible » des vins de Bourgogne. C’est à la fois très mûr à l’image du millésime, et tout en délicatesse. Une incroyable puissance contenue. Un blanc qui déploie d’abord une expression florale, évolue vers des notes exotiques, entêtantes, sensuelles, pour se révéler, une fois en bouche, presque tannique, sanguin, salin, poivré, charnu… mais toujours d’une incroyable finesse. Élevage 15 à 18 mois en fûts, pas de bois neuf – c’est parfaitement intégré et taillé pour durer. Un vin immense.

Echezeaux – Maison Seguin Manuel
Un peu de redite par rapport au Chambertin Clos de Bèze mentionné plus haut, mais que vous dire ? On travaille très bien chez Seguin Manuel. Cet échezeaux est un pinot noir à la fois aiguisé et souple, avec un côté sanguin, salivant, une touche de végétal noble qui lui confère de la fraîcheur, une texture subtile et soyeuse, une touche d’élevage encore un peu prégnante (normal à ce stade, le vin a passé 16 mois en fûts dont 50% de bois neuf) mais des notes déjà fumées, qui évoluent vers le tabac et le cuir. Avec du temps, ce sera superbe.