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Champagne : nos accords pour la Saint-Valentin (2ème partie)

Auteur

La
rédaction

Date

11.02.2014

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Suite de nos idées d’accords « parfaits » pour la Saint-Valentin autour des mets et des bulles. Si vous avez prévu un dîner en amoureux, voici aujourd’hui trois beaux champagnes rosés de vignerons pour une soirée pétillante.

Dis-moi ce que tu bois, je te dirai qui tu es ! Élaborer un champagne rosé, pour un vinificateur, c’est une déclaration voire une histoire d’amour, tant l’exercice est impliquant. Rosé d’assemblage ou de macération ? Pâle, musclé, floral, charnu, fruité, évanescent ? Il y a autant de champagnes rosés que de diversité humaine. Qui mieux que les champagnes de vignerons, par leur multiplicité, sont mieux placés pour l’exprimer ? A l’occasion du dîner de la Saint-Valentin, nous avons sillonné le vignoble pour vous proposer 3 champagnes typés, axés chacun sur un cépage particulier, décrits par leur vinificateur. Choisissez le vôtre ! (pour découvrir notre sélection de champagnes de grandes maisons, cliquez ici)

Rodolphe Peters, Champagne Pierre Peters : « je voulais l’élégance des grands blancs, mais un vrai rosé »
33 €

Au Mesnil s/Oger, cœur des grands crus de la Côte des blancs, le chardonnay est roi. Pour Rodolphe Peters, créer un rosé a été une petite révolution dans une gamme axée depuis des générations sur les blancs de blancs. La réflexion a été longue. « Soit j’élaborais un rosé très pâle à la typicité blanc de blancs, soit j’augmentais la proportion de vin rouge, mais sur l’acidité naturelle de nos chardonnays, l’amertume des tanins ressort tout de suite. Or je voulais conserver l’élégance des grands blancs, mais avec un vrai rosé ». Un jour, au détour d’une dégustation d’un rosé de pinot meunier de saignée, c’est le déclic : « enfin, je trouvais les arômes d’agrumes rosés que je recherchais – pomelo, orange sanguine – en continuité avec la droiture de mes chardonnays du Mesnil, et sans les tanins d’un vin rouge. »
Ce fut le point de départ de la cuvée « Rosé for Albane », un assemblage singulier de 60 % de chardonnay du Mesnil et 40 % de rosé de saignée. Le 2010 est un cas d’école de pureté et d’élégance, avec une teinte rose soutenue, un nez complexe mariant l’angélique, le bouquet de fleurs séchées, de fines notes de framboise et d’écorces de mandarine. La bouche livre les mêmes arômes, sur une texture intense, mais tout en droiture, en pureté et en fraîcheur. A déguster sur des saint jacques cuites dans une réduction d’agrumes, ou plus simplement sur un soumaintrain ou un crottin de chavignol à peine affinés et encore un peu crayeux.
www.champagne-peters.com

Christine Eisenträger-Cheurlin, Champagne Arnaud de Cheurlin : « nos clients sont habitués ; le rosé, ici, c’est soutenu »
17 €

Dans le village de Celles-sur-Ource (Aube), veillez bien à savoir quel Cheurlin vous voulez rencontrer. Ils sont quatre frères et sœurs à avoir chacun monté leur exploitation. Christine, installée en 1981, est à la tête de la maison Arnaud de Cheurlin et veille sur 9 ha de vignes à majorité pinot noir, le cépage identitaire de cette région. Le champagne rosé de la maison reflète sans fard la personnalité de ce cépage et le caractère droit et franc de la maîtresse des lieux. « Nos clients sont habitués ; le rosé, ici, c’est soutenu, explique-t-elle. Il est élaboré à 100 % à partir de pinot noir, par saignée, après un jour et demi de macération. » Robe corail intense aux reflets cerise, ce champagne rosé révèle un nez très sorbet de cassis. En bouche, il est charnu, avec des arômes intenses de cerise mûre. Un champagne bien fait, sans longueur démesurée mais à la finale puissante : voilà un rosé qui saura se faire respecter à table. Soit jouer sur le côté aromatique d’un sorbet de fruits rouges. Soit tenter un accord plus puissant et charnu, avec des viandes rosées comme de l’agneau, du canard (choisir un spécimen jeune et savoureux, bannir le côté « plumes ») ou de goûteuses mises en bouche de pruneau roulé au lard.
arnaud-de-cheurlin.fr


Thierry Laherte, Champagne Laherte Frères : « Nous voulions laisser ces vieux pinots meuniers s’exprimer en solo »
41 €

Les Laherte sont des passionnés du terroir, vignerons méticuleux à la vigne comme en cave. Installés à Chavot, dans les coteaux Sud d’Epernay, depuis 1889 (8e génération), ils cultivent comme un jardin 75 parcelles en harmonie avec les rythmes de la nature et les cajolent ensuite en petits fûts pour obtenir des vins à haute expression. Dans la gamme, la cuvée de champagne rosé Les Baudiers nous a interpellés comme exprimant au mieux la sincérité de ces producteurs. « Nous voulions laisser ces vieux pinots meuniers s’exprimer en solo. Le terroir prend le dessus sur le travail d’assemblage du vigneron », souligne Thierry Laherte, qui y a fait le choix de cette vinification parcellaire, très rare en Champagne.
Il en ressort un champagne sans maquillage et avec une belle énergie. Le nez s’ouvre sur le registre des fruits à chair blanche (brugnon). La bouche est expressive, guimauve, pêche, puis pointe plus caramélisée type ratafia, rétronasal floral. La sensation en bouche est étonnante, avec à la fois une finale droite et énergique – l’acidité naturelle d’un « sans-malo non dosé » -, et pourtant une sorte de voile crémeux (crème pâtissière) sur le palais, qui reste le dernier souvenir de ce vin.
Ce rosé hors-normes est le bon compagnon d’un fromage de type Mont d’Or, crémeux et au léger arôme d’écorce d’épicéa. Il saura aussi se faire l’écho plus malicieux de cuisines ensoleillées avec des légumes d’été confits (poivrons rouges, tomates, jeunes carottes sucrées), ou des viandes blanches relevées d’épices chaudes mais douces (cannelle, vanille, noix de muscade) et de chutneys de fruits.
www.champagne-laherte.com

Joëlle W. Boisson