Accueil Dégustation Que sont les 2005 devenus ?

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

07.12.2018

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Annoncé dès sa naissance comme un immense millésime dans de nombreuses régions, 2005 tient-il ses promesses 13 ans après ? Ballade à travers les régions pour vérifier cela de plus près.

Rares sont les millésimes qui auront suscité autant d’enthousiasme, et ce dans tous les vignobles de l’Hexagone. 2005 est en effet né sous des auspices quasiment parfaits. Généralement, l’hiver a été relativement frais voire froid (ce fut particulièrement le cas en Bourgogne) mais aussi souvent sec. Dans le Bordelais, dans la Loire mais aussi dans le Rhône, les déficits hydriques étaient fréquents. Mais une excellente conjonction de facteurs a permis à ce que des pluies apaisent la situation au printemps pour laisser place ensuite à un été qui sera marqué notamment par un mois d’août de rêve. Du beau temps qui va se prolonger jusqu’aux vendanges et qui permettra d’obtenir des raisins à la maturité optimale et dans un état sanitaire parfait. Partout, les vins rouges ont montré dès le départ une très grande concentration, des tannins expressifs et de beaux équilibres qui laissaient imaginer un vieillissement idéal. Mais entre la théorie et la pratique, il y a souvent des fossés. Certains millésimes chauds ne s’ouvrent jamais véritablement (ce fut le cas des 1976 notamment à Bordeaux). Les années passant, 2005 est-il finalement digne des louanges qui en furent faites initialement ?

Fraîcheur et immense potentiel

Il n’est pas chose aisée de pouvoir déguster de nombreuses bouteilles de millésimes anciens. Les caves privées sont devenues des raretés en ville qui, lorsqu’elles existent, sont presque systématiquement visitées… Les cavistes de leur côté ne vendent plus, sauf rares exceptions, de millésimes âgés de plus de 4 ou 5 ans. Comme les restaurateurs, ils sont confrontés au coût des stocks qu’ils ne sont plus en mesure de supporter. Heureusement donc que certains événements permettent de plonger dans l’univers incroyable des vins à maturité. C’est le cas du salon Vinapogée qui se tenait cette semaine à Paris.

Parmi les vins en dégustation, de nombreux 2005 qui sont venus confirmer l’exceptionnelle tenue de ce millésime, particulièrement chez les bons vignerons. Bien chanceux les amateurs qui ont ainsi encavé des bouteilles issues des meilleurs climats de Bourgogne. En Côtes-de-Nuits, les vins rouges ont souvent des tannins denses mais ronds et conservent beaucoup de dynamisme à l’instar du Gevrey-Chambertin « Racine du temps » du domaine René Bouvier issu de très vieilles vignes presque centenaires. Le superbe Nuits-Saint-Georges 1er cru « clos des Argillières » du domaine Dureuil-Janthial est lui aussi un exemple parfait de l’éclat des 2005 de la région. Un vin droit, charpenté, très classique mais de très grande facture. Un modèle du genre.

Les vins se tiennent aussi très bien dans les crus du Beaujolais. Le Moulin-à-vent « champ de cour » de Louis Jadot présente ainsi beaucoup d’allant. Du côté du Rhône, les vins rouges sont généralement très puissants mais les blancs n’ont souvent pas à pâlir. Bien au contraire, avec des équilibres admirables ils livrent maintenant toute leur complexité aromatique tel le Châteauneuf-du-pape blanc « la Crau » de Vieux télégraphe ou le Crozes-Hermitage blanc du domaine de Roure (Paul Jaboulet Aîné), tout d’ampleur et de netteté. Et ainsi de tous les vins dégustés. Les matières sont riches, opulentes mais pas trop mûres, portées par des acidités parfaitement intégrées. Le Cahors « les laquets » du domaine Cosse & Maisonneuve fera ainsi date et se boira encore longtemps. Tout comme le Chinon « les Varennes du grand clos » du domaine Charles Joguet ou le riche et complet Jurançon « Au capceu » de Camin Larredya, tous deux d’une étincelante jeunesse.