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Château Malherbe: biodynamie provençale d’inspiration bourguignonne

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

16.06.2023

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Sur le littoral varois, face au fort de Brégançon, le domaine de la famille Ferrari, désormais certifié Demeter, a revisité ses gammes et sorti un grand rouge avec la collaboration du vinificateur bourguignon Philippe Pacalet.

« Il y a 5-6 ans, nous avons décidé d’être plus exigent dans les vignes en passant en biodynamie et en internalisant le travail du vignoble, pratique peu courante en Provence, pour un suivi plus précis et exigeant au quotidien » explique Sébastien Ferrari qui pilote le domaine familial de Bormes-les-Mimosas sur les contreforts du Cap Bénat, face à la Grande Bleue. Malherbe s’est attaché à contrôler les rendements par les vendanges en vert et l’enherbement de tous les rangs avec des vinifications en levures indigènes. « Après avoir tout mis à plat, nous avons finalement renoncé au nouveau chai enterré dessiné par Jean-Michel Wilmotte, le célèbre architecte bordelais, pour se consacrer à d’autres investissements moins spectaculaires ». 

Le domaine certifié en biodynamie (Demeter) depuis 2021 était déjà travaillé sans pesticides ni herbicides depuis plus de 30 ans à l’initiative de l’œnologue-winemaker de renom « Jacky » Coll et certifié en bio depuis 2014. L’ancienne ferme du fort de Brégançon rachetée dans les années 30 par Louis Ferrari, industriel lyonnais du textile, a été reconvertie en vignes par Mireille qui avait épousé son petit-fils au début des années 60. « C’était l’un des premiers domaines de Provence après Ott à avoir vendu ses vins en bouteilles dès 1964 » souligne Sébastien Ferrari, la quatrième génération aux commandes du directoire depuis 2004. Le vignoble s’étend sur 28 hectares (24 en production) partagé entre deux terroirs, les argilo-schisteux de Malherbe en pente douce dans les terres, les sols sablonneux à quartz de La Pointe du Diable bercés par la brise marine, dans un ensemble d’une soixantaine d’hectares. « Avant, nous faisions un seul rosé foncé élaboré à partir de toutes les parcelles. Ma mère disait qu’elle ne voulait pas de rosé clair et je répondais que le rosé foncé, ça ne se vendait pas. Aujourd’hui, nous en avons un dans chaque gamme avec un Grand Vin rosé depuis 2020 ».

©F. Hermine

Un grand rouge signature
A partir des années 2000, le directeur technique Arnaud Ferrier restructure le vignoble, rajeunit les parcelles de rolle, grenache et mourvèdre par complantation de jeunes vignes et finalise la conversion en bio. Le domaine est ensuite confié à l’alsacien Jannick Utard pour pousser la démarche en biodynamie puis au grand œnologue bourguignon Philippe Pacalet, adepte des vinifs sans soufre et en vendange entière.

Malherbe a d’abord acquis sa réputation en blancs, en rolle-sémillon pour le Château, sémillon-rolle pour le Grand Blanc, en ugni blanc-sémillon pour la Pointe du Diable, un temps disparu et à nouveau produit depuis 2020. Les blancs (30 %) ont été toutefois supplantés par les rosés à 45 % , le reste élaboré en rouge. Tous les vins sont désormais vinifiés en parcellaires; il ne reste qu’une seule cuvée d’assemblage de rosé pesant à peine 5 % des volumes et distribuée uniquement sur le littoral varois.

Après avoir harmonisé ses packagings et ses gamme en flacons sombres et sobres avec trois niveaux dans les trois couleurs (Grand Vin, Château Malherbe, Pointe du Diable), le domaine du 1 Route du bout du monde (ça ne s’invente pas), a élaboré un nouveau rouge hors cadre à partir des plus vieilles vignes plus que cinquantenaires. Philippe Pacalet et la nouvelle équipe avaient lancé les essais à partir de 2020 pour créer une cuvée à partir de trois cépages cofermentés, mourvèdre grenache et vieux cinsault complétés de vieux rolle; L’assemblage est élevé 10 mois en pièces bourguignonnes de plusieurs vins…de la Maison Pacalet. Un rouge qui se veut signature « mais à l’opposé des hauts de gamme de domaines traditionnellement puissants et boisés », souligne Sébastien Ferrari. Acidulé et croquant sur les fruits rouges, un zeste d’orange, des parfums de garrigue et d’eucalyptus, il est frais et minéral tout en restant sudiste. Il a été baptisé Madame Ferrari « car c’est sans doute le rouge dont ma mère avait rêvé ».