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Pessac-Léognan : précocité, fraîcheur et petits volumes pour un millésime 2025 prometteur

Vendanges 2025 à Pessac-Léognan ©Château Bouscaut

Auteur

Julia
Bouchet

Date

12.09.2025

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À Pessac-Léognan, les vendanges 2025 s’annoncent prometteuses. Démarrées très tôt pour les blancs, elles se poursuivent aujourd’hui avec les rouges. Si les volumes restent modestes, la qualité, elle, est bien au rendez-vous.

Des blancs ramassés tôt et d’une grande précision

« Les vendanges à Pessac-Léognan pour l’instant sont certainement les plus précoces jamais connues. Les raisins blancs ont été récoltés entièrement sur le mois d’août. C’est un record absolu », souligne Jacques Lurton, président de l’appellation et propriétaire du Château La Louvière.

Un constat partagé par plusieurs propriétés : Château Bouscaut a débuté dès le 22 août, Château de France le 25, Château Malartic-Lagravière le 26. Tous évoquent des raisins sains et aromatiques, malgré la chaleur extrême. « Les grappes étaient belles et saines, et malgré leur relative petite taille, nous avons eu un volume tout à fait satisfaisant. Surtout, malgré les grosses chaleurs d’août, nous sommes agréablement surpris par les belles acidités. Les jus sont élégants et très équilibrés », précise Séverine Bonnie, propriétaire et directrice marketing, communication et réceptif du Château Malartic-Lagravière, Cru Classé de Graves. Même constat au Château de France, où le propriétaire Arnaud Thomassin évoque des fermentations « sous les meilleurs auspices », avec des jus « expressifs, équilibrés ».

Si la canicule a fait craindre le pire, la vigne a montré une grande capacité d’adaptation. « La canicule nous a fait peur mais les dernières pluies ont aidé à rafraîchir la vigne et les parcelles avec un système racinaire bien développé dans les calcaires/argiles se sont montrées résilientes », ajoute Armand Cogombles, responsable de la commercialisation des vins du Château Bouscaut, Cru Classé de Graves. Malgré quelques ajustements ponctuels sur l’acidité, l’équilibre sucre/acidité est jugé très satisfaisant. « Les vins blancs que nous allons produire en 2025 seront surprenants de fraîcheur. Les degrés ne seront finalement pas très élevés, autour de 12,5/13° », confirme Jacques Lurton.

Des rouges sous le signe de la fraîcheur et de la patience

Après les blancs, les merlots ont pris le relais début septembre. « Les maturités sont très belles, les baies s’éraflent bien et les premiers jus sont aromatiques et montrent beaucoup de fraîcheur », souligne Séverine Bonnie. La situation est cependant contrastée. « Il semblait y avoir beaucoup de raisins mais au bout du compte on s’aperçoit que les rendements vont être très faibles. Les baies flétries n’ont pas repris de poids avec les pluies. Et peut-être que le rendement en jus le sera aussi », observe Jacques Lurton.

Les merlots du château Malartic-Lagravière ©Séverine Bonnie

Pour les propriétés, la vigilance est de mise, notamment sur les extractions. « Des petites baies dans un état sanitaire impeccable avec des équilibres superbes. Nous sommes donc vigilants sur les extractions tanniques », explique Armand Cogombles. Les premiers jus des merlots surprennent par leur fraîcheur aromatique. « Ce que l’on constate à ce jour, c’est une expression colorée, très prononcée, une teneur en sucre moyenne, parfois on frôle le besoin de chaptalisation. Contre toute attente, les arômes restent fruités et frais, les tanins sont souples et leur libération est assez rapide. Il semble que nous n’aurons pas besoin de longues macérations », analyse Jacques Lurton.

Patience pour les cabernets

Les cabernets sauvignon et cabernets francs poursuivent leur maturation, aidés par des nuits fraîches et une météo clémente. « Une courte pause dans les vendanges permettra maintenant aux Cabernet Sauvignon de peaufiner leur maturité. Cette respiration bienvenue devrait offrir aux raisins toute la richesse aromatique attendue », anticipe Arnaud Thomassin au Château de France, qui vise une fin des vendanges autour du 24-25 septembre. Jacques Lurton confirme : « Les cabernets sauvignon mûrissent doucement, et si tout va bien, on devrait commencer à les ramasser en milieu de semaine prochaine. Il semble que la récolte soit plus faible que dans les merlots. Les cabernets francs sont très en retard, et les grappes sont très légères. »

Latour-Martillac : l’écho des grands millésimes en “5”

Si le verdict définitif pour les rouges viendra avec la fin des vendanges, l’optimisme est de mise. Au Château Latour-Martillac, Cru Classé de Graves, on n’hésite pas à convoquer l’histoire : « S’il est encore un peu tôt pour se prononcer sur les rouges, les conditions observées jusqu’à présent laissent espérer un millésime généreux et très qualitatif. Ce millésime 2025 pourrait bien venir nourrir une fois de plus la légende des grands millésimes en "5" à Bordeaux. »

Tous s’accordent à dire qu’un millésime de grande précision se dessine, fruit de choix de ramassage soigneux et d’une météo globalement favorable. « Patience et vigilance guideront les derniers coups de sécateur, avec l’espoir d’un équilibre parfait entre fraîcheur, structure et élégance », résume le propriétaire du Château de France.