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Jacques Lurton prend la présidence du syndicat de Pessac-Léognan

Auteur

Michel
Sarrazin

Date

29.04.2022

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Jacques Lurton est président des vignobles André Lurton qui comptent 4 châteaux dans l’appellation. Il vient d’être élu à la présidence du syndicat des Pessac-Léognan et succède à Philibert Perrin. Cette appellation a été créée en septembre 1987, sous l’impulsion d’André Lurton, son père, et regroupe dix communes au sud-ouest de Bordeaux.

Pessac Léognan est aux portes de Bordeaux. C’est un terroir où les parcelles enclavées luttent pied à pied contre l’urbanisation. Quelles actions ont été menées et que comptez vous faire ? 

Les surfaces disponibles des terroirs viticoles avaient été négociées dans les années 80 par mon papa André Lurton. Il s’était alors adressé aux Maires de l’appellation et il avait étudié avec eux les zones qui pouvaient être destinées à la viticulture. L’appellation Pessac Léognan est arrivée à retrouver aujourd’hui sa surface historique de 1850 hectares, proche des 2000 hectares d’avant le phylloxera. Il nous reste à peu près 200 hectares disponibles sur l’AOC. La menace n’est pas dans le fait que des terroirs vont disparaître au profit de l’urbanisation mais elle est plutôt liée à la proximité des maisons qui nous oblige à avoir des pratiques culturales respectueuses et des méthodes de communication que nous n’avions pas à mettre en place par le passé.

Le sémillon est un cépage spécifique de l’appellation Pessac-Léognan qu’on ne trouve que dans quelques autres rares endroits sur la planète. Quel est votre regard sur ce cépage ?

J’ai un regard extrêmement bienveillant sur ce cépage. C’est un cépage qui a un peu plus d’avenir que le sauvignon blanc étant donné les conditions nouvelles liées au réchauffement climatique. Cependant, le sémillon est un peu précoce, donc sensible aux gelées de printemps et que l’on ne peut pas mettre sur tous les terroirs. C’est un cépage qu’il faut pousser tout en maitrisant les rendements. Quand on voit les dégustations de primeurs, dès qu’il y a du sémillon, il y a du gras du volume et de la complexité qui plaisent. C’est aussi un magnifique cépage de vieillissement. Le sémillon est plus un cépage de bouche que de nez, mais qui peut apporter de la complexité plus que de l’intensité. Essayons de défendre nos valeurs avec ce cépage typiquement bordelais. Je m’en ferai le porte parole en incitant les viticulteurs à le développer pour ceux qui l’ont un peu oublié et qui plantent majoritairement du sauvignon blanc.

Quel est la tendance du boisé en Pessac-Léognan ?

Elle est en train de s’estomper. C’est une tendance de consommateurs. Les gens veulent des vins moins boisés : ils apprécient davantage le fruit et l’authenticité du cépage. Les dégustateurs eux-mêmes reviennent sur ce critère du boisé et, cette année, on a beaucoup parlé de fruits ce qui est un phénomène nouveau. Les vinificateurs s’équipent en conséquence en s’écartant du bois, avec des contenants plus grands, ou avec des amphores, ou des barriques de 500 l.  On fait des vins plus au goût du jour. 

Quelle est votre attitude sur le projet Horizeo d’implantation d’un parc photovoltaïque de 1000 ha (https://www.terredevins.com/actualites/horizeo-la-grogne-monte-a-pessac-leognan ) à l’ouest de Léognan ?

Elle a été clairement définie par un courrier signé par Philibert Perrin, le président sortant, il y a quelques mois. Nous sommes opposés à ce projet sans être opposés au photovoltaïque. C’est un projet qui peut représenter un danger pour certains aspects climatiques et hydrologiques de nos terroirs, surtout pour ceux qui sont dans le périmètre rapproché du projet.

Vous parlez d’un nouveau souffle dans le communiqué de presse. Quel est-il ?

L’appellation Pessac Léognan a atteint un palier. On est extrêmement reconnu localement et sur l’hexagone. On a un capital sympathie et on est apprécié pour notre rapport qualité prix. Mais on a un manque de reconnaissance internationale. Les seuls crus qui s’exportent sont ceux qui ont fait eux-mêmes leur réputation et leur propre travail en misant sur l’image de leur marque et pas forcément sur celle de l’appellation. L’idée est qu’il faut que le syndicat garde les adhérents solidaires et mon projet est de mettre les Pessac Léognan sur la place internationale. Ce sera l’axe de communication des prochaines années : il faudra investir pour rayonner à l’étranger.

Comment concevez vous vos rapports avec les propriétaires viticulteurs de Pessac-Léognan ?

Si j’ai accepté de prendre la présidence, c’est que j’ai apprécié d’être élu à ce poste et que j’aime beaucoup cette appellation. J’ai vraiment pour elle une affinité très forte, je m’y sens bien, avec des familles qui vivent sur leur propre vignoble, qui sont bienveillantes, accueillantes et respectueuses. On est en famille et on s’entraide. Il était donc nécessaire pour moi que ce syndicat ne soit pas une zone de conflit où il faille aller défendre contre les autres des positions. J’ai une vision autour de laquelle je vais essayer de fédérer, mais je ne suis pas là pour imposer des points de vues. C’est le groupe qui décide. Demain ce sera une AOC Pessac Léognan avec un serviteur : Jacques Lurton.