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Champagne Cazals : l’harmonie des grands blancs de blanc

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

29.09.2017

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Cette petite maison de la Côte des Blancs perpétue depuis 120 ans une tradition de recherche permanente de qualité avec, en point d’orgue, le superbe clos Cazals.

Delphine Cazals, propriétaire de la maison, est pétillante. Animée par la passion de ceux qui sont des faiseurs plus que des diseurs, elle évoque avec émotion l’histoire de l’entreprise familiale. Celle de son arrière-grand-père tout d’abord, le fondateur. Un homme qui n’était pas destiné à quitter l’Hérault où il fabriquait des tonneaux. Mais le sort en a décidé autrement et comme souvent en pareil cas, c’est Cupidon qui infléchi le cours des événements. C’est en effet lors d’un déplacement en Champagne qu’Ernest est tombé amoureux d’une champenoise. Une raison suffisante pour s’y installer. Le début d’une belle histoire, portée par une famille qui a toujours cherché à améliorer les techniques utilisées. C’est presque sans surprise que l’on découvre que le père de Delphine est celui qui a mis au point la sacro-sainte gyropalette. Outil devenu indispensable puisque cette machine permet de reproduire l’ancien remuage manuel des bouteilles. Chaque génération a ainsi apporté de la nouveauté. Ne jamais se reposer sur ses lauriers. Delphine n’est pas en reste puisqu’elle propose à son père en 1995 de créer une cuvée parcellaire à partir des vignes plantées en partie par son grand-père en 1957 dans le clos familial. Une parcelle de 3,7 hectares (dont 1, 2 hectares de très vieilles vignes), ceinte de murs dans le village d’Oger. Oger et le Mesnil-sur-Oger, voici les deux communes sur lesquelles se répartissent le vignoble maison. Uniquement des grands crus qui sont à la hauteur de leur rang.

L’énergie du chardonnay

L’esprit Cazals n’est ni de maximiser les volumes (la production représente bon an mal an 60 000 à 70 000 bouteilles) ni de se brusquer les vins. La Cuvée Vive (25€) vieillit par exemple 6 ans en cave avant d’être mise sur le marché. Cela confère à cet extra brut dosé à 3 grammes par litre une belle puissance mais sans excès. « Une partie de raisins de Mesnil-sur-Oger pour la minéralité et l’autre d’Oger pour la rondeur » explique Delphine. Un juste équilibre que l’on retrouve dans la cuvée « la chapelle du clos » 2011 (45€) issue des vignes les plus jeunes du clos et vieilli pour sa part 8 ans en cave. Un vin d’une grande ampleur aromatique, marqué par de subtiles notes de noisette, qui conserve beaucoup de finesse en bouche. Un partenaire obligatoire de la table, notamment sur un poisson blanc rehaussé d’amandes grillées et d’une sauce légèrement safranée. Tout comme la grande cuvée du domaine, le clos Cazals. Créé à une époque où les clos n’étaient pas si nombreux en Champagne (de 12 en 1995 ils sont désormais une trentaine), ce vin n’a pas immédiatement séduit le père de Delphine quand celle-ci lui a exposé le projet. « Il faut laisser ça aux grandes maisons » lui a-t-il rétorquer. Mais le cap a été maintenu et la maison propose aujourd’hui son nouveau millésime, le 2005 (75€). Un vin d’une très grande opulence aromatique doté d’une tension qui lui apporte une droiture admirable. Et quelle longueur ! Osez ici cuisiner des cèpes ou des morilles, vous obtiendrez un accord merveilleux. Voici donc une maison restée discrète mais pas inactive, ayant le sens des réalités et continuant à offrir aux consommateurs des vins à l’excellent rapport qualité-prix-plaisir. Bravo !