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Anjou : 5 futurs crus en blanc

Ci-dessus : Les Treilles, un des futurs crus Anjou (photos IB)

Auteur

Isabelle
Bachelard

Date

16.12.2020

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Depuis plus de 20 ans, les vignerons de l’appellation Anjou se sont engagés pour produire des vins blancs de chenin identifiés autour de leur lieu-dit d’origine : cinq d’entre eux sont en route vers une reconnaissance en cru par l’INAO.

La hiérarchisation des terroirs en Anjou n’est pas un sujet neuf. Ainsi en 1925, le Dr P. Maisonneuve écrivait-il dans son « Anjou, ses vignes et ses vins » : « Classer judicieusement les vins d’Anjou, en distinguer les nuances subtiles, placer chaque région, chaque cru à la place qui lui revient sur l’échiquier de notre riche province, voilà une question délicate et un peu inquiétante à traiter ». L’appellation d’origine contrôlée fut donnée à l’Anjou en 1936, parmi les premières de France.

Il y a vingt ans, une poignée de vignerons se rassemblait afin de réfléchir à la façon de mettre en valeur les terroirs qui favorisent l’expression du chenin blanc. Ils créèrent l’association Loire Renaissance pour trouver un avenir aux beaux vins de chenin sec de l’AOC Anjou blanc, qui se trouvaient alors perdus dans une masse pour le moins irrégulière. Il s’agissait aussi de trouver une réponse à la problématique du modèle économique du chenin blanc en Anjou, réputé pour ses vins liquoreux, mais que les conditions climatiques ne permettaient pas de produire chaque année.

Chenin sec, demi-sec ou liquoreux

En 2017, le co-président de l’appellation Anjou, Patrick Baudouin, expliquait à Terre de Vins ses ambitions : « Il s’agit de redonner ses lettres de noblesse à l’expression mixte du chenin sur nos terroirs qui sont capables de produire à la fois des secs, des demi-secs et des liquoreux bien que nous soyons plus connus aujourd’hui pour les liquoreux. Nous voulons regagner en notoriété et en qualité ».
Les vignerons se sont appliqués, ils ont étudié et ont ainsi redécouvert la capacité du chenin à produire de grands vins différents les uns des autres en fonction des millésimes et des lieux-dits. Certains ont suivi un cahier des charges plus ambitieux, avec encépagement 100% chenin, degré minimum plus élevé en l’absence de toute chaptalisation, vendange manuelle, élevage prolongé et choix des parcelles.

Cinq terroirs en crus

En toute logique, ce travail de connaissance approfondie mène aujourd’hui l’ensemble des vignerons à définir des crus autour des lieux-dits les plus qualitatifs, qui reprennent à la fois le patrimoine ancien des connaissances des parcelles et les acquis de la cellule terroir de l’INRA d’Angers. Un dossier vient d’être déposé auprès de l’INAO en vue de la reconnaissance de 5 crus, Le plus vaste, Montchenin (sic) compte 63 ha et regroupe 8 vignerons. Le plus petit est La Tuffière, une rareté de 2,43 ha implantée sur la rive nord de la Loire dans le Baugeois, exploitée par un seul vigneron. Entre les deux se trouvent Les Bonnes Blanches, 11 ha travaillés par 5 producteurs et Les Treilles, 2,7 ha à Beaulieu sur Layon, rendu célèbre par les liquoreux de Jo Pithon qu’on découvre aujourd’hui en sec. Il y aussi Ardenay, un lieu-dit de 13 ha que se partagent 3 vignerons, dont Patrick Baudouin, tête pensante et cheville ouvrière du projet. Les amateurs connaissaient sa remarquable cuvée Le Cornillard issue de vignes cinquantenaires. Ils devront désormais la connaitre sous le nom de son cru Ardenay.