Mercredi 4 Décembre 2024
©I. Bachelard
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Date
13.03.2022
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Reportés de janvier à mars, Demeter et Levée de Loire, les compagnons habituels du Salon des Vins de Loire, se sont déplacés jusqu’à Saumur les 5 et 6 mars. Parmi les milliers de cuvées réunies dans la bonne humeur des retrouvailles, quelques découvertes en Alsace.
D’habitude, ce sont les derniers jours de janvier que les professionnels ont rendez-vous à Angers, pour le Salon des Vins de Loire et de son aréopage de voisins, d’obédience bio, biodynamique ou nature que sont la Levée de Loire, Demeter, la Dive Bouteille, le salon Saint-Jean et Les Vins Anonymes. Cette année, en raison de l’annulation de l’ancêtre Salon des Vins et de l’indisponibilité du Parc d’expositions d’Angers à une date ultérieure, les salons se sont disséminés à des jours et dans des lieux différents. Demeter, le salon international des vignerons biodynamistes a réuni 100 exposants, dont trois venus d’Allemagne et d’Autriche tandis que la Levée de Loire a regroupé 250 vignerons bio de Loire, mais aussi d’ailleurs pour sa vaste section « Amis de la Levée ». Environ 3 000 professionnels sont venus découvrir ou retrouver les vignerons et leurs cuvées. Un bon chiffre étant donné que les visiteurs étrangers, pas encore complètement libres de leurs mouvements, n’ont guère pu se déplacer.
Classiques et macération
Au domaine Loberger de Bergholtz, au sud-ouest de Colmar (Haut-Rhin), Céline Loberger est en train de prendre la direction du domaine familial. Celle qui a complété ses études à Angers est heureuse de venir à Saumur présenter les vins qu’elle fignole avec son père depuis trois ans. L’agriculture biologique et biodynamique est dans ses gênes, puisque le domaine s’est tourné vers ces pratiques dès 1984. Aujourd’hui, elle présente ses classiques, les grands crus riesling Kitterlé et surtout Spiegel, fin, fumé et minéral dans le millésime 2020 (pas en vente, le 2018 à 23 €). Son muscat et un bel exemple de ce qu’on apprécie avec ce cépage aromatique, lorsqu’il reste fin et sec (15 €). Mais comme tous les jeunes vignerons de sa génération, elle expérimente aussi les vins orange, de macération, qu’elle a découverts durant ses stages dans les pays de l’est européen. Il faut dire que les Alsaciens sont gâtés, puisqu’ils disposent d’une armée de cépages, et peuvent ainsi multiplier les styles. Riesling, pinot gris, et gewurztraminer, mais c’est souvent ce dernier cépage qui est le plus convaincant. Le 2020, issu des marnes de Bergholtz, en dessous du grand cru Spiegel est bien épicé, avec du relief et de la plénitude, et une finale de pomelo (18 €).
Cépages et cuvées originales
Chez Luc Faller, vigneron discret du village d’Itterswiller, entre Obernai et Sélestat (Bas-Rhin) on est séduit par le pinot blanc élevé en barriques, qui démontre l’intérêt de ce cépage lorsqu’il est maitrisé et peaufiné. Le 2012 est doté d’un nez généreux et raffiné, sa bouche évoque le gras d’un cru bourguignon et le vieillissement lui a procuré une belle harmonie et une vraie longueur en bouche. Une aubaine à prix raisonnable (14 €). Son gewurztraminer 2020 vinifié en macération est très coloré, vraiment orange. Le cépage lui apporte son caractère épicé qui domine les notes levuriennes habituelles, mais surtout il dispose d’un soutien acide rare, qui le rapproche d’un équilibre de vin classique et le destine à bien accompagner la table. (16 €).
Comme sa consœur de Bergholtz, la jeune Laurence Heitzmann prend aussi la relève de son père, mais pour l’instant seulement lorsque les raisins sont devenus vin, car elle vient juste d’interrompre sa carrière d’avocat pour revenir au domaine Léon Heitzmann à Ammerschwihr, au nord-ouest de Colmar (Haut-Rhin). Elle a profité du confinement pour créer une nouvelle gamme de vin, dont elle a même dessiné les amusantes étiquettes, qui jouent sur la consonnance de la commune voisine de Katzenthal avec le mot chat en anglais ou en allemand. Le Voyou de Katz 2018 est un vin convivial et séduisant, frais et bien sec, issu d’un assemblage de riesling, sylvaner et muscat, une version modernisée et améliorée « gentil » et « edel » qui arrosaient jadis l’apéritif dans les winstubs alsaciens (13 €). Parallèlement, les vins d’Ammerschwihr, élaborés sur des vignes cultivées en biodynamie depuis 2008, continuent à convaincre. Le riesling vieilles vignes de 2018 est un classique dont on ne se lasse pas, sec, fin et droit, emblématique de la région (14 €).
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