Lundi 2 Décembre 2024
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10.04.2022
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Château Couhins et Château La Tour Blanche, exploitations viticoles non-privées, sont les vitrines du savoir-faire oenoviticole qui assurent de la formation tout en devant tenir leur rang de crus classés.
Le château Couhins, cru classé en blanc en 1959, en Pessac Léognan avec Dominique Forget, son Directeur opérationnel, évoque son histoire : « Couhins était à l’abandon jusqu’en 1968, année du rachat par l’INRA ». Puis, le château La Tour Blanche, 1er cru classé en 1855, en appellation Sauternes, dirigé par Corinne Reulet (qui assure également la direction de 3 autres établissements de formation agricole en Gironde). La Tour Blanche appartenait à Daniel Iffla qui décéda sans successeur et qui fit don de la propriété à l’Etat français « à condition que l’on y crée une école de viticulture », ce qui fut fait en 1911.
Des points communs.
Couhins appartient donc à l’INRAE et la Tour Blanche, depuis 2010, au Conseil Régional de la Nouvelle Aquitaine. Les feuilles de route de ces deux établissements sont pourtant très proches. Dominique Forget est clair : « on doit assurer la durabilité économique, environnementale, et sociale ». « Ce ne sont pas uniquement des ateliers pédagogiques » précise Corinne Reulet « mais des entité économiques, comparables à une exploitation agricole ». Ainsi les personnels agricoles qui travaillent sur chacune des exploitations sont payés par les établissements eux-mêmes et non par leur organisme de rattachement. « Un personnel payé par le budget du château, lui-même alimenté par les ventes de vin » nous dit Corine Reulet.
Dominique Forget pour Couhins « rend compte à un comité directeur de 4 personnes qui sont de l’INRAE et qui ont délégation du PDG ». Corinne Reulet a un Conseil d’Administration mais elle rend compte aussi à une double tutelle : celle du ministère de l’Agriculture (compétent pour la partie pédagogique) et celle du Conseil Régional (compétent pour les Agents Techniques, les travaux et les équipements). D’une manière générale « le résultat financier est réinvesti systématiquement » explique Dominique Forget. Mais lorsque ces exploitations doivent investir en vue de l’acquisition d’un nouveau matériel coûteux, il y a plusieurs sources de financement possibles. Les fonds propres bien entendu, et l’organisme de rattachement : L’INRAE pour Couhins et pour La Tour Blanche, le Conseil Régional qui peut participer à hauteur de 40 à 70 %. On ajoutera les banques pour Couhins qui ne font aucune difficulté à participer au financement. « On a moins de moyens financiers que d’énormes propriétés mais on a l’INRAE derrière et nous pouvons prendre plus de risques : la prise de risque est toutefois bornée. On n’a sans doute moins de stress qu’un privé » n’hésite pas à dire Dominique Forget.
La mission d’équilibre budgétaire est certes indispensable mais elle ne saurait être constitutive de l’essentiel. Formation ou recherche sont les premières missions.
Une mission pédagogique.
Ces châteaux écoles légitiment bien les raisons de leur existence. Caroline Reulet nous éclaire : « l’exploitation sert de point d’appui à l’enseignement. Par exemple, les étudiants de BTS doivent pouvoir analyser les données technico-commerciales du château et en tirer des éléments d’information pour le pilotage ». De même il est important de montrer que « l’équilibre financier ne suffit pas, il faut dégager des marges ». Quant aux élèves de bac professionnel de la Tour Blanche, ils ont des périodes de travail au sein du château, encadrés par leur enseignant et par un maitre de chai ou un chef de culture qui leur confie des travaux. Le châteaux Couhins lui n’a pas d’école. Mais cet organisme de recherche reçoit des étudiants de l’ISVV (Institut des Sciences de la Vigne et du Vin) tout proche ou des étudiants de Sciences Agro. « Il y a aussi des groupes de professionnels auxquels des thématiques sont exposées : protection phytosanitaire, viticulture bio, les variétés résistantes, … » nous dit Dominique Forget. Mais l’intervention des élèves a bien entendu des limites que Corinne Reulet explique bien : « On m’a souvent interrogée sur le conflit entre les exigences d’un grand cru et la présence des élèves. On ne met pas entre des mains inexpérimentées l’élaboration d’un grand vin ». Les élèves ne peuvent donc pas participer à l’intégralité du processus d’élaboration. Un point d’équilibre à trouver entre des exigences parfois délicates à combiner.
La mission de ces deux établissements est bien de conforter leur niveau d’excellence, d’être une vitrine même, voire d’être exemplaires pour montrer la voie : Couhins et La Tour Blanche sont en conversion bio. Une mission où ils excellent.
Le châteaux Couhins fait parti du top 100 aux Trophées Bordeaux Vignoble Engagé 2020, catégorie Innovation et Avenir.
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