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Bordeaux veut reconquérir le marché français

Auteur

La
rédaction

Date

23.04.2013

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Méconnu et parfois délaissé par les vins girondins, le marché français dévisse. Hier à Bordeaux, 300 professionnels ont planché sur les moyens possibles pour le développer.

Le marché français absorbe 58 % des ventes de vins girondins, mais il est plutôt méconnu. C’est le constat fait hier lors de la troisième journée marketing organisée par le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB). Près de 300 professionnels (producteurs, négociants, sociétés de services…) étaient au Palais des congrès de Bordeaux pour prendre des idées, voire saisir des opportunités de développement.

« En grande et moyenne surfaces – notre principal débouché dans l’Hexagone -, nos ventes sont en recul de 1 % en 2012 », a expliqué Jean-Philippe Code, en charge du département économie du CIVB. Difficile, par contre, d’être précis sur le secteur de la restauration, des cavistes ou de la vente directe à la propriété… car il n’existe aucune donnée précise en la matière. Des débouchés « autres » totalisant plus de quatre bouteilles sur dix mais qui restent malheureusement dans le brouillard statistique, à Bordeaux comme dans les autres vignobles.

Si Bordeaux souffre en France, c’est qu’il n’y profite pas des créneaux en croissance. Premièrement, l’essor spectaculaire du Bag-in-Box (BIB), ces outres à vin encartonnées (souvent 3 ou 5 litres), avec un bouchon verseur. Ils totalisent un litre sur trois vendus sur les linéaires, tous vignobles confondus, mais seulement 14 % des ventes girondines. Un train a été raté, alors que les Côtes-du-Rhône ou le Languedoc-Roussillon y sont par exemple mieux montés.

De même pour l’engouement du rosé : c’est aujourd’hui plus d’un litre sur quatre achetés dans la distribution moderne, mais seulement 7 % de l’offre bordelaise… Le dossier « clairet », lancé dans le cadre du plan anti-crise en 2010, est enlisé, mais une campagne radio initiée l’an passé sera reconduite cette année. Enfin, les vins aromatisés (rosé au pamplemousse…) connaissent des croissances à deux chiffres, mais, encore une fois, d’autres en profitent (vins étrangers, du sud de la France…)

Des places pour les blancs

« Des places sont à prendre pour le blanc », a précisé Catherine Fedrigo, responsable vins et effervescents chez Intermarché, 1 600 points de vente en France, plus 300 pour son enseigne hard-discount Netto. Même si Bordeaux, c’est 90 % de vin rouge produit. « Au rayon des blancs secs, le muscadet connaît des hauts et des bas, les vins d’Alsace s’interdisent le BIB… Pour les moelleux, comment se fait-il que les jeunes, véritables « becs sucrés » élevés aux sodas, ne consomment pas davantage ces bouteilles-là ? »

Autre interrogation chez Ludovic Paternotte, acheteur vin au groupe Casino (Casino, Vival, Spar…) « Bordeaux est un peu dans mon collimateur : ou le vignoble rebondit, ou c’est la spirale négative. L’offre, trop vaste, y est illisible avec des bouteilles entre 1, 99 € et des centaines d’euros. Certes, ce n’est pas nouveau, mais je vois des clients qui se lassent de passer trop de temps devant le linéaire pour choisir. Le vin n’est plus sacralisé. » Autrement dit, la Gironde, qui joue beaucoup cette fibre statutaire du produit, a des plumes à perdre.

Client français abandonné

« Sans compter que les bordeaux de tous les jours ont souffert des tarifs atteints par les grandes bouteilles ces dernières années. Le consommateur français s’est senti abandonné. De plus, l’amalgame est fait : on croit que tous les bordeaux sont à la hausse… » a diagnostiqué Dominique Fenouil, fondateur du Repaire de Bacchus, une chaîne de cavistes.

Quand on sait que deux tiers des vins girondins vendus sur les linéaires le sont à moins de 4 € la bouteille, on comprend qu’il y a loin de l’image de cherté à la réalité du terrain. « Les chantiers sont là : nous avons des problèmes sur les rouges, il faut travailler le créneau des 3 à 5 € en grande surface et développer l’offre de rosé », a synthétisé en conclusion François Jumeau, directeur marketing du CIVB. Il est vrai que l’export, parfois plus « glamour », n’est pas tout.

César Compadre