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Cattier, 400 ans au service de la Champagne

Jean-Jacques et Alexandre Cattier sur le toit de la Tour d'Argent pour célébrer les 400 ans de la Maison. D.R.

Jean-Jacques et Alexandre Cattier sur le toit de la Tour d'Argent pour célébrer les 400 ans de la Maison. D.R.

Auteur

Yves
Tesson

Date

24.06.2025

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C’est une famille qui est restée pendant 400 ans accrochée sur la face Nord de la Montagne de Reims, dans le petit village de Chigny-les-Roses. Humble, discrète, elle élabore pourtant en plus de ses propres champagnes, ceux d’Armand de Brignac, l’une des marques les plus prisées de la Jet-Set internationale, désormais propriété de Moët-Hennessy. Pour célébrer cet anniversaire, elle a fait appel à l’artiste Raphaël Laventure, qui a transformé en sculptures uniques 400 de ses flacons !

Quand on a trouvé un joli terroir, on n’a aucune raison de déménager. La famille Cattier dont la Maison de champagne est installée à Chigny-les-Roses, a ainsi découvert lors de recherches généalogiques un premier ancêtre en ligne direct né dans le village en 1625. Son nom ? Jean Perrin ! Comble de l’émotion, lui aussi exerçait la profession de vigneron… Alexandre Cattier, l’actuel président directeur général, incarne ainsi la 13ème génération à travailler les vignes de ces glorieux coteaux. La marque et l’élaboration de champagne ont en revanche été lancés beaucoup plus tard, en 1918. La date ne doit rien au hasard. Pendant la Grande Guerre, les négociants rémois dont les bâtiments de production avaient été en grande partie détruits, ont été obligés de restreindre ou suspendre leurs achats. Or, lorsque le raisin n’est pas acheté, il pourrit. Pour éviter cette catastrophe, en 1916, Jean Cattier, rapatrié du front après avoir subi de graves blessures, décide de vinifier et champagniser sa maigre récolte. Les premières bouteilles sortiront juste à temps pour célébrer l’armistice de 1918 ! 

Bouteilles décorées par l'artiste Raphaël Laventure pour les 400 ans de la Maison Cattier D.R.

En 1950, les grands-parents agrandissent le domaine en faisant l’acquisition du Clos du Moulins à Ludes, que la Maison vinifiera à part, à une époque où cela ne se pratiquait guère en Champagne, terre d’assemblage. Il faut dire que l’endroit est particulièrement favorable. Sur cette butte crayeuse, bien exposée au soleil et au vent, les maladies sont rares, et le raisin atteint facilement une belle maturité. Nul besoin de chercher d’autres terroirs pour en rééquilibrer les vins, même si on ne s’interdit pas l’assemblage de différentes années pour gagner en complexité. Dans les années 1990, 20 ans avant la création des labels HVE et VDC, la Maison fait aussi preuve d’innovation à l’initiative de l’oncle d’Alexandre en s’engageant parmi les premières dans une approche écoresponsable de la viticulture. 

D.R.

Enfin, dernier rebondissement dans cette épopée, l’improbable rencontre en 2010 entre Jean-Jacques Cattier, le père d’Alexandre, et le rappeur américain Jay Z, tombé amoureux de la marque à l’as de pique lancée quelques années plus tôt par la famille en collaboration avec son distributeur Sovereign Brands. Elle porte le nom d’Armand de Brignac, héros du roman préféré de la grand-mère de Jean-Jacques. Après avoir adoubé ce champage dans l’un de ses clips, le rappeur vient visiter le domaine et rachète la marque en 2014. Il la cèdera en partie par la suite à Moët Hennessy, tandis que la Maison Cattier continuera à élaborer les vins.

Raphaël Laventure redonne des couleurs à la Champagne

Pour célébrer cette épopée, la Maison a présenté jeudi soir à la Tour d’Argent une collection de 400 bouteilles décorées par l’artiste Raphaël Laventure dont l’univers festif correspond exactement à celui du champagne, puisqu’il tourne autour de « la joie et des couleurs ». Raphaël Laventure après un début de carrière orienté vers la peinture se consacre depuis plusieurs années à la sculpture et tout particulièrement à l’exploration du visage des femmes. Chaque buste est coloré à l’aide d’une technique très particulière, celle de la peinture au couteau qui permet d’apporter une texture et de superposer les couleurs pour mieux les faire ressortir. Alors qu’on lui avait affirmé qu’il était absolument impossible d’appliquer cette méthode sur des bouteilles et qu’au bout de dix flacons, il serait épuisé, Raphaël Laventure a relevé le challenge et a réussi à en peindre 400, chacune étant un modèle unique, avec des couleurs et des motifs différents. D’ailleurs, comme de véritables œuvres d’art, elles sont toutes numérotées et accompagnées d’un certificat d’authenticité. « La bouteille prend une dimension elle aussi quasi sculpturale, les couches de peinture donnant une profondeur et une vivacité incroyable aux couleurs, vous retrouverez à chaque fois la même recherche chromatique, le même travail de mouvement et de matière que sur mes autres sculptures. C’est la première fois dans l’histoire que cette technique est appliquée sur des bouteilles ! »

Raphaël Laventure devant l'une de ses sculptures, D.R.

La Maison lance également une nouvelle cuvée, un blanc de blancs millésimé 2018. Une année symbolique puisqu’elle célébrait le centenaire du lancement de la marque, mais aussi un millésime remarquable en Champagne qui avait profité d’un très bel été et d’une qualité sanitaire irréprochable à la vendange. « Le blanc de blanc non vintage est une cuvée très emblématique chez nous, ce qui est assez curieux car nous sommes sur une partie du terroir de la Montagne de Reims où dominent le pinot noir et le meunier. Cela n’en demeure pas moins l’un des champagnes les plus appréciés dans notre gamme, raison pour laquelle, pour nos 400 ans, nous avons voulu creuser le sillon et en proposer une version millésimée en magnum (490€). »


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