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24.11.2011
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(AFP) – Premier fonds d’investissement chinois spécialisé dans le vin, Dinghong veut profiter de l’engouement pour les grands crus français afin de proposer un placement conjuguant rentabilité et goût pour le bordeaux ou le bourgogne.
« Une fois qu’on a goûté au vin français, on ne peut plus revenir en arrière », a déclaré sa fondatrice Ling Zhijun, « qui boit du rouge depuis plus de dix ans » et trouve les vins du Nouveau Monde, chiliens, néo-zélandais ou sud-africains « plus standardisés, un peu comme le café de chez Starbucks ». Dès que sa société, créée en septembre, aura reçu le feu vert des autorités pour collecter de l’argent, Mme Ling achètera avant tout des bouteilles de grands châteaux bordelais, mais pas forcément les plus chers comme les Lafite dont les prix se sont envolés en Chine. Et aussi quelques vins de bourgogne, encore beaucoup moins connus des Chinois.
Pour investir dans Dinghong, il faudra avoir à sa disposition un million de yuans (117.000 euros) et bloquer l’argent pendant cinq ans au minimum, après quoi le fonds s’engage à revendre les bouteilles pour le compte des clients qui voudraient récupérer leur capital. « Nous misons sur un retour sur investissement de 15% par an », explique la femme d’affaires qui travaillait précédemment comme gestionnaire de portefeuille chez Pacific Asset Management à Shanghai (est).
Réserver le fonds à une clientèle très fortunée permet selon elle d’écarter les spéculateurs tentés par des placements encore plus juteux à court terme. Ling Zhijun « pense pouvoir réunir 200 millions de yuans (23, 4 millions d’euros) d’ici la fin de l’année, puis la même somme chaque année durant cinq ans », pour amener le fonds à une valeur totale de 1 milliard de yuans (117 millions d’euros).
De Hong Kong à Shanghai
La croissance des ventes de vin français en Chine atteint 50% à 60% par an. En 2004, elles s’élevaient à 11 millions d’euros, et en 2010, à 277 millions. « Sur les six ou sept premiers mois de 2011, on dépasse déjà les 200 millions d’euros », selon Hélène Hovasse, chef du pôle agriculture d’Ubifrance à Shanghai. « Pour le consommateur chinois, on peut dire que le vin c’est la France », résume-t-elle. Les grands crus sont arrivés en Chine par Hong Kong, où les taxes sur les importations de vin ont été abolies en 2008 et où des investisseurs ont racheté des stocks de fonds anglais au moment de la crise financière. « Comme il fallait un peu vider les stocks parce que l’immobilier est très cher à Hong Kong, beaucoup de grands crus ont été vendus sur un marché spéculatif et les Chinois se sont engouffrés dedans », explique Mme Hovasse.
Dinghong projette d’acheter 40% de ses vins lors des ventes en primeur organisées par les négociants bordelais, et les 60% restants en bordeaux ou en bourgogne tout juste mis en bouteille, dont la période de maturation est de 10-15 ans. D’autres fonds d’investissement privés en Chine moins spécialisés que Dinghong proposent déjà des vins à leurs clients parmi d’autres produits, comme Domain A.M.C., dont le directeur Max Wang a investi « 10 millions de yuans dans le vin rouge français, principalement du bordeaux ». L’appétit pour les grands vins est également reflété par le lancement cette année d’une Bourse du vin rouge à Shanghai, sur laquelle s’échangent des Lafite, des Latour, des Margaux, des Mouton-Rothschild et des Haut-Brion, parfois à plus de 13.000 yuans (1.521 euros) la bouteille.
« La croissance de la demande en Chine ne fait que débuter », selon Wang Jiaqi, directrice du marketing de cette plate-forme d’échanges qui compte déjà entre 2.000 et 3.000 clients après quatre mois de fonctionnement. « Quand vous avez des riches Chinois ou des collectionneurs qui ne savent pas dans quoi investir, qui n’ont pas de produits financiers fiables à acheter, ont acheté leur voiture de course et ne connaissent rien à l’art, ils achètent des grands crus français, qui ont une valeur spéculative intéressante en terme de rendement financier », selon Mme Hovasse.
PHOTO – AFP – PETER PARKS
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