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Concours de Mâcon, 70ème édition : plus de 6000 échantillons et 1700 dégustateurs

©Comité des salons et concours de Mâcon

Auteur

Lucie
de Azcarate

Date

02.05.2025

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Le week-end dernier, s’est tenue la 70ème édition du Concours des Grands Vins de France à Mâcon. Bernard Rey, qui siège dans cette vénérable institution depuis 20 ans, et dont il assure la présidence depuis 2022, a accepté d’évoquer avec nous ce qui fait sa légitimité et son succès.   

Le Concours de Mâcon a été créé en 1954. Pourtant, l’édition de 2025, ne représente que la 70ème, l’épreuve du confinement en 2020 a été insurmontable, le concours avait été annulé. En 2021, malgré les restrictions de circulation et de réunion, le concours a pu avoir lieu en petits comités et en fractionnant les moments de dégustation. Depuis, tout est rentré dans l’ordre et le concours de 2025 a été organisé dans de bonnes conditions comme nous le confirme Bernard Rey.

Comment s’est passée cette dernière édition du concours ?

Bien ! Depuis le temps nous sommes rôdés. Ce genre de concours est un défi logistique. Par le passé nous avons traité plus de 10.000 échantillons en réunissant plus de 2000 dégustateurs. L’informatique nous a permis de gagner en efficacité, notamment dans la publication des résultats. Aujourd’hui, nous nous fondons sur une lecture optique des fiches par un programme qui permet d’obtenir rapidement une notation globale. C’est très efficace, si bien que le soir du concours, nous sommes en mesure de publier les résultats.

Cette année nous avons eu un peu plus de 6000 échantillons. Pour nous, ce n’est pas le signe d’une désaffection, c’est plutôt révélateur du millésime 2024. Dans de nombreuses régions, le volume des vendanges était très en-dessous de ce qui avait été récolté les années précédentes, surtout pour les domaines en bio. Cela n'a pas empêché le concours de se passer dans de bonnes conditions d’autant que nous avions limité en conséquence le nombre de dégustateurs à 1700.

Le jour J (le 26 avril, ndlr), nous avons réuni tous les dégustateurs dans deux grands halls. En tout nous avons 6000 m² à disposition. Après mon intervention, celle de Philippe Faure-Brac, invité d’honneur et les dernières consignes, la dégustation a été lancée. Pendant presque 2h, elle s'est déroulée dans un silence remarquable.

Bernard Rey et Philippe Faure-Brac concours des vins de Mâcon
Philippe Faure-Brac et Bernard Rey ©Comité des salons et concours de Mâcon

Comment sont sélectionnés les dégustateurs ?

Pour être dégustateur il faut s’inscrire sur le site et faire la preuve de son aptitude à déguster. De fait, nous avons 60% d’entre eux qui sont des professionnels de la filière : œnologues, cavistes, professionnels de la viticulture, sommeliers etc. Les 40% restants sont des amateurs très avertis, souvent issus de clubs d’œnophiles. Par ailleurs, nous dispensons des formations pour dégustateurs dans les différentes régions de France. L’an passé nous avons formé environ 150 personnes. 

Pour preuve du sérieux de la dégustation, j’ajoute que même si nous faisons appel à de nombreux contributeurs d’horizons divers, nous faisons en sorte de bannir les dégustateurs fantaisistes dont les notes s’écartent trop de la moyenne afin d’avoir les résultats les plus fiables possibles.

Hormis les « fantaisistes », les dégustateurs reviennent-ils d’une année sur l’autre ?

Evidemment, nous avons des habitués du concours. Certaines personnes viennent tous les ans et sont très assidues. Cette année, j’ai récompensé un monsieur qui vient depuis les années 1970. Il a plus de 90 ans, c’est notre plus ancien dégustateur.

En tout, nous avons plus de 18 nationalités qui sont représentées et avec 1700 dégustateurs nous avons un véritable panel ce qui permet de justifier de notre sérieux dans la sélection.

Que viennent chercher les producteurs en s’inscrivant au concours ?

La note leur importe beaucoup, notamment pour se situer parmi leurs confrères mais pas seulement, la médaille est aussi importante. C’est d’abord un argument commercial. En grande distribution, les vins médaillés sont de plus en plus mis en valeur, parfois dans des linéaires dédiés. Une partie des consommateurs ne connaît pas bien le vin alors pour acheter une bouteille, notamment pour faire un cadeau, ils s’en remettent aux médailles. De fait, 59% des consommateurs y sont attentifs. Ensuite, le médaille permet d’augmenter d’un ou deux euros le prix du col lors de négociations commerciales, ce qui n’est pas négligeable. C’est pourquoi les médailles du concours de Mâcon sont souvent revendiquées sur les bouteilles et il n’est pas rare de croiser la médaille dans les linéaires.

Pourtant, ce n’est pas le cas de tous les concours, qu’est-ce qui distingue celui de Mâcon de la pléthore d’autres ?  

Ce qui légitime notre concours c’est son caractère collégial. Les échantillons sont comparés à de nombreux autres, par plusieurs dégustateurs. S’ils sortent du lot c’est grâce à leurs qualités intrinsèques. Dans cette configuration, la médaille ne tient pas du hasard.

Le modèle du Concours de Mâcon fait école. En novembre prochain aura lieu la première édition du Concours des Grands Vins du monde à l’occasion du Marché des Plaisirs Gourmands. 


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