Dimanche 25 Mai 2025
L’équipe d’AgroParisTech, gagnante du 10e concours L'Etiquette 2025 ©Julia Bouchet
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24.05.2025
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Au cœur de Saint-Émilion au château Cheval Blanc, une cinquantaine d’élèves, membres de clubs de dégustation, issus des grandes écoles françaises et internationales, se sont retrouvés aujourd’hui pour participer à L’Étiquette, un concours de dégustation créé par l’association œnologique de KEDGE Business School Bordeaux, l'AOC Kedge. Cet événement, qui se tient depuis dix ans, réunit des amateurs de vin passionnés et déterminés à montrer ce qu’ils ont dans le verre (et dans la tête).
Trois épreuves ont rythmé la journée pour les 15 écoles en compétition dont l'université McGill (Montréal, Canada), l’université d'Oxford, située dans la ville du même nom au Royaume-Uni, Cambridge, l'École Nationale Supérieure de Techniques Avancées (ENSTA), L'EDHEC Business School de Lille, HEC, AgroParisTech, l'École Polytechnique, L’EM Lyon Business School, Paris Dauphine, et Université Paris-Panthéon-Assas. La première, un quiz de culture générale, proposait 20 questions autour de l’univers du vin à résoudre en 15 minutes. Pas le temps de traîner : il fallait faire preuve de rapidité et de connaissances pour marquer des points. La deuxième épreuve, imaginée par David Biraud, directeur de la KEDGE Wine School et vice-meilleur sommelier du monde 2016, consistait à identifier des éléments extraits de grandes étiquettes de vin en France et dans le monde, un véritable test d’observation. « C'est une œuvre d'art inestimable, faite par moi-même, avec l'aide de ma fille », s'est-il amusé.
La troisième épreuve mettait à l’honneur la dégustation : commenter 12 vins et en décrypter les caractéristiques en mobilisant le nez, le palais et l’esprit d’analyse. Comme unique (et minuscule) indice, les participants avaient pour guide cette phrase : « N'oubliez pas… notre métier n'a aucune frontière ! » Et en effet, les vins à découvrir étaient aussi variés qu’exigeants. « Ce concours d'étiquettes fête ses 10 ans cette année. Nous avons donc souhaité marquer l’événement avec une sélection de vins particulièrement belle et variée. L’idée était aussi de réduire la part théorique pour privilégier une approche plus proche du produit : augmenter le nombre de dégustations et encourager la découverte », explique David Biraud.
Du côté des champagnes, les participants ont eu à identifier un Pol Roger Vintage 2019 et la cuvée Winston Churchill 2015, également de chez Pol Roger. Les vins espagnols ont réservé des surprises avec un Corpinnat Recaredo Terres 2019, un Mad La Plana issu de l’appellation DO Penedès en Catalogne, et un Vega Sicilia Unico de la Ribera del Duero. En Autriche, c’est le Knoll Riesling Smaragd 2021 qui a intrigué les dégustateurs. Les horizons se sont élargis avec un Cheval des Andes, venu tout droit de Mendoza en Argentine, et un Guidalberto Tenuta San Guido 2017, représentant la Toscane italienne. La France n’était pas en reste avec plusieurs fleurons : Angélus La Cuvée Carillon 2020 (Saint-Émilion), un riesling d’Alsace Vendanges Tardives Hugel, un châteauneuf-du-pape blanc Magis, un rouge de Beaucastel 2007, et un nuits-saint-georges du Domaine de l'Arlot 2022. D’Afrique du Sud, le Poofader Sadie Family 2019 a apporté une touche originale, tandis que des États-Unis, le Ridge Lytton Spring de la vallée de Sonoma a séduit les palais. La liste s’achevait sur un Tokaji 2021 venu de Hongrie et un Quinta do Noval Colheita 2003, grand cru portugais de la vallée du Douro. « L’objectif était de proposer une expérience riche et variée. Nous avons souhaité faire découvrir des terroirs méconnus, parfois même à l’international, tout en montrant l’excellence du vignoble français. C’était aussi une opportunité de montrer que les vins internationaux peuvent nous challenger ici, en France. Cela permet d’ouvrir les esprits des étudiants à d’autres styles et goûts », complète David Biraud.
Le jury, composé de professionnels du secteur, avait la tâche délicate d’évaluer les prestations. Parmi les membres, on retrouvait Corinne Ilić, directrice de la communication et marketing digital chez AXA Millésimes, Richard Guyon, directeur commercial chez Riedel France, Carole André, maître de chai à Château Cheval Blanc, Pascal Malka, chargé des relations entreprises à KEDGE, Olivier Tombu de Diam bouchage et Rémi Debet-Auréjac de Valade & Transandine, spécialiste de l’importation de vins. L’ambiance, studieuse mais décontractée, reflétait l’esprit du concours : « Les participants doivent essayer d’identifier un vin, même s’ils ne l’ont jamais goûté auparavant. Cela demande une grande capacité d’analyse et de raisonnement basé sur leurs expériences passées. Il ne s’agit pas seulement de reconnaître, mais aussi de comprendre les caractéristiques des vins en compétition », explique David Biraud.
La dernière épreuve mettait les trois écoles finalistes – AgroParisTech, HEC, et ENSTA – face à un défi de taille. Chaque équipe disposait de 30 minutes pour déguster six vins, proposer des accords mets et vins pertinents, et présenter ces crus au jury. Cette épreuve combinait à la fois rigueur analytique, créativité gastronomique et aisance dans l’art de la présentation. Les finalistes devaient démontrer leur maîtrise des subtilités œnologiques, tout en mettant en valeur leur sens de l’harmonie entre vins et mets.
Pour clore le concours, chaque équipe a dû déguster un Château Cheval Blanc et, en cinq minutes, identifier son millésime. Ce défi s’accompagnait d’une présentation détaillée du domaine, invitant les candidats à raconter l’histoire emblématique du château et à évoquer l’expérience d’œnotourisme qui l’entoure. Finalement, aucune équipe n’aura réussi à identifier le millésime 2012, un résultat qui a souligné la difficulté et l’exigence de l’exercice. « Même si aucun d’entre vous n’a trouvé le millésime, il y a eu de très jolies analyses et des choses très justes sur ce vin. Bravo à tous pour cet exercice difficile », souligne Carole André. « Notre cuvier, doté de cuves bétons, a été spécialement conçu pour la vinification parcellaire et été mis en service en 2011. le millésime 2012 est un bel exemple de l’excellence et de l’exigence qui définissent Cheval Blanc."
C’est finalement l’équipe d’AgroParisTech qui a remporté la compétition, saluée pour la finesse de son analyse, la pertinence de ses accords mets et vins, ainsi que la qualité de sa présentation. « Vous faites partie de la relève, celle qui va véhiculer l'amour du vin et des spiritueux. En tant qu'ancien compétiteur, j'ai été impressionné par vos prestations. Vous avez fait preuve de sérieux, de concentration et de précision. Vous n'avez jamais laissé le hasard guider votre réflexion. Vous avez l'avenir devant vous…» a conclu David Biraud.
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