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Louis Le Conte, meilleur jeune sommelier de France

portrait louis le conte meilleur jeune sommelier de france 2025

portrait Louis Le Conte ©Magali Butny Photographe | Flûtes à champagne ©DR

Auteur

Thomas
Galichon

Date

17.06.2025

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Le sommelier du Beau-Rivage Palace à Lausanne - restaurant Anne-Sophie Pic - a remporté, lundi 16 juin à Bordeaux, la finale du concours du Meilleur Jeune Sommelier de France 2025. Il s’impose au terme d’une épreuve exigeante face à deux autres finalistes, Augustin Belleville (Pavillon Ledoyen, Paris) et Noé Richard (Le Cheval Blanc, Paris).

Il est 14h, auditorium de la Cité du Vin à Bordeaux. Fabrice Sommier, président de l’Union de la Sommellerie Française, accueille le public et rappelle l’enjeu : désigner le Meilleur Jeune Sommelier de France 2025. Sept épreuves, toutes chronométrées, déroulées sous contrôle d’huissier : identification, dégustation, accords mets et vins, service, culture générale. Pour départager les candidats, un jury est composé de figures du monde du vin, de la sommellerie française et internationale : Sandrine Garbay, Jean-Baptiste Klein, Charles Philipponnat, Marie Wodecki, Hiromi Iuchi, Michel Hermé, entre autres.

Pas d’effets, du fond

La première épreuve donne le ton : six liquides à identifier, six minutes pour trouver leurs points communs : l’Alsace et le Gewurztraminer. Suit une épreuve de fromages AOP, à décrire et accorder. Banon, Morbier, Chaource, Beaufort, Neufchâtel : chacun appelle une proposition, souvent fine. Tous les candidats proposent un saké sur le Chaource. Le Conte opte pour un nihonshu junmai.

La suite du concours s’appuie sur des fondamentaux solides : une dégustation commentée - un Vega Sicilia Valbuena 5, 2017, servi à l’aveugle - une lecture de millésimes de Sauternes du Château Guiraud, la construction d’un menu en accord avec quatre vins liquoreux. Celui du vainqueur ? Huître du Bassin, gratinée d’un sabayon au zeste d’orange en mise en bouche, suivi d’une tatin de carottes jaunes et orange sur le Guiraud 2016. Sur le millésime 2010, une seconde entrée : asperges blanches du Blayais, curry en émulsion, après laquelle vient le plat - “accord classique du dimanche” - poularde fermière d’Aquitaine, navet de milan, jus de volaille corsé, sur un Guiraud 1998. Une suite lisible, pensée, sans surcharge. L’accord prime sur l’effet.

On lui présente ensuite une bouteille à commenter : un thé blanc népalais millésimé, fermenté “façon kombucha”. Vingt questions s’enchaînent, à cadence rapide : géographie, cépages, saké, rhum, distillation. Là encore, l’attitude ne varie pas chez les finalistes : ni panique, ni emphase.

Dernier tableau : l’épreuve de service. Trois Jéroboams de Champagne Philipponnat. Sept verres de 12 cL à servir, en un seul passage. Noé Richard, jusque-là très juste, voit le bouchon lui échapper des mains, et s’offre une session de dégorgement à la volée, en public. Le tout en gardant le sourire.

Louis Le Conte, précision et sobriété

Au bout du suspense, Louis Le Conte remporte le concours devant Augustin Belleville et Noé Richard. En prime, un voyage au Japon offert par Iromi Iuchi, à la découverte du saké. Deuxième il y a deux ans, il parle peu d’exploit : « Je me suis préparé en travaillant beaucoup. Beaucoup de révisions, et l’idée de toujours goûter, dès que c’est possible. » Il ajoute : « J’ai eu la chance d’être bien entouré. Mon chef sommelier, mes collègues, l’équipe…».

En le questionnant sur la suite de ses projets et les éventuelles perspectives que pourraient lui offrir ce titre, il réfute la folie des grandeurs : « Pour l’instant ça ne change pas mon quotidien. Je suis heureux là où je suis. » Il évoque plus tard un projet personnel, un restaurant qui serait le sien, un peu plus loin… Laisser du temps au temps. Et lorsqu’on lui demande une bouteille à recommander, il cite un ami : « Henri Chauvet, à Boudes, dans le Puy-de-Dôme. Sa cuvée Abrupts 2023. J’ai participé aux vendanges, à la vinif’. Ce sont des gamays sur basalte, très droits. » Comme son parcours.


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