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[Crus Bourgeois] Château Belle-Vue : ô mon beau petit verdot

Auteur

Laura
Bernaulte

Date

23.10.2019

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Parmi la cinquantaine de crus bourgeois en dégustation le mercredi 6 novembre prochain à La Faïencerie à l’invitation de Terre de Vins, le vainqueur de la coupe crus bourgeois 2016 est celui dont les vins comportent le plus fort pourcentage de petit verdot. Un parti pris qui ne date pas d’hier en faveur de ce cépage emblématique du Médoc

Si la famille Mulliez, à la tête depuis 2004 du trio médocain châteaux Belle-Vue, de Gironville et Bolaire, devait se choisir un insigne, ce pourrait être une grappe de petit verdot. Souvent délaissé au profit d’autres variétés plus faciles à cultiver, ce cépage médocain capricieux est remis au goût du jour depuis quelques années pour sa patte si reconnaissable et ses vertus dans un contexte de réchauffement climatique. Présent de longue date dans les vins des domaines détenus par les Mulliez, il a été massivement réimplanté sur les sols de Belle-Vue (Macau, Haut-Médoc) par les précédents propriétaires lors de la reconstitution du vignoble à la fin des années 80. Aujourd’hui, il représente 15% des 15 ha de ce vignoble, et 20% dans la bouteille, aux côtés des cabernet sauvignon et merlot.

Vigoureux, fragile, cassant au vent, de cycle végétatif long et hétérogène… Les caractéristiques inhérentes au petit verdot démontrent combien sa culture peut être un véritable casse-tête pour le vigneron, s’il n’est pas discipliné avec soin et vigilance, et implanté sur des terres qui lui siéent. Par chance pour Belle-Vue, les terroirs du Sud-Médoc, dont Macau, lui offrent un terrain de prospérité. « Nos terroirs de graves grossières profondes sont précoces, ils se réchauffent plus vite que dans le Nord-Médoc où ils restent froids. On récolte tous les ans, là où dans le Nord, ils ramassent une année sur trois ou quatre, car les baies ne mûrissent pas et sont sensibles au Botrytis » expose Jérôme Pineau, le régisseur de la propriété.

Millésimes 2016 et 2017 en dégustation

Lorsqu’il n’est pas suffisamment mûr, le petit verdot peut se révéler rustique et austère. A parfaite maturité en revanche, celui que l’on surnomme parfois « la syrah du médoc » est un enchantement pour les sens. Intégré « au-delà de 10-15%, le petit verdot marque l’assemblage et ressort vraiment à la dégustation, avec ses notes de fleurs blanches, violette, épices, poivre, sa bouche riche et structurée sur la fraîcheur, ses tanins très longs et fins avec du gras. » Ce mercredi 6 novembre, la propriété propose à la dégustation son millésime 2016, assemblage à 45% de cabernet sauvignon, 35% merlot et 20% petit verdot. « Ce 2016, c’est le vin typique de Belle-Vue, avec une jolie attaque, très fin, sur des arômes caractéristiques du petit verdot. » Ce vin affiche une garde 8-12 ans et un prix de 16€. En 2017, « le gel nous a fait perdre grosse partie de la récolte. On a un vin moins dense qu’en 2016, avec une trame tannique un peu moins prononcée, mais l’équilibre est respecté avec une attaque assez puissante, des tanins plus discrets mais toujours aussi fins. » Ce millésime, qui se conservera volontiers 8 à 10 ans, « devrait sortir en livrable certainement un peu moins cher que le 2016. »

Et quand le petit verdot la joue solo

Pousser encore d’avantage la démarche et proposer une cuvée 100% petit verdot ? Les Mulliez, inspirés par leur consultant d’alors, Vincent Bache-Gabrielsen (aujourd’hui remplacé par Yannick Reyrel), ont osé à partir du millésime 2016. Chaque année depuis lors, ils clament toujours plus haut et fort leur amour du petit verdot grâce à la cuvée monocépage « Petit Verdot by Belle-Vue ». Ce flacon, qui sort chaque année à seulement 10 000 bouteilles, est issu d’une parcelle de 2,05 ha de très vieilles vignes plantées en 1936, 1940, 1950 sur un palus sec (ancienne île de la Garonne) qui ont résisté au gel dévastateur de 1956. Ces ceps, produisant de petits raisins très concentrés, dans un profil typique de ce cépage, sont chouchoutés tels un trésors. Vendangées manuellement avec l’aide des amis et de la famille Mulliez selon une tradition immuable, les baies sont triées à la main avant une macération pré-fermentaire à froid, et un élevage de 12 à 16 mois mêlant 20 % d’amphores en argile italiennes pour préserver la fraîcheur et le fruit, des barriques neuves de 400L de chêne hongrois et autrichien pour conserver le fruit sans masquer le vin , ainsi que des barriques neuves, d’un et deux vins pour sublimer la structure et la typicité aromatique. A découvrir au tarif de 11€ HT en primeur et 25€ prix propriété.

La Faïencerie
24 Rue de la Faïencerie
Bordeaux
De 18h à 21h