Accueil Actualités Des gelées dans les Graves et le Sauternais

Des gelées dans les Graves et le Sauternais

Auteur

Michel
Sarrazin

Date

23.04.2024

Partager

D’habitude ce sont les gelées de fin mars et début avril que l’on craint, au moment où la vigne débourre. Mais depuis quelques années, celle-ci débourre plus tôt du fait du réchauffement climatique et des hivers doux. Nous sommes fin avril, la vigne est sortie depuis presque un mois et la météorologie annonce sur le territoire un vent du nord, relativement froid, avec des nuits claires sans couverture nuageuse qui favorisent la chute des températures nocturnes, voire du gel. Ce scénario redouté, n’a pas manqué de s’appliquer sur la région des Graves et de Sauternes.

Au château Jouvente, à Illats, en appellation Graves, une commune sur un point bas, Olivier Bernadet, le superviseur se désole : « Les cabernets Sauvignons ont gelé à 80/90 % et les petits verdots à 60/70 % ». Les merlots, sémillons et sauvignons blancs ne sont pas touchés. Mais cette perte va assurément rendre compliqués les assemblages des rouges. Les températures sont descendues à -2°C à Illats dans les Graves, et à Barsac dans le Sauternais. Un Sauternais qui lui non plus n’a pas été épargné, mais dans une moindre mesure. Jean-Jacques Dubourdieu, le co-président de l’appellation Sauternes-Barsac, ne s’alarme pas comme, lorsqu’en 2021, ce fut la catastrophe dans quelques châteaux. «  Il y a eu quelques points de gelée, avec des températures qui sont descendues à -2,5 °C. Si on avait été au-delà, cela aurait eu des conséquences plus graves car toute la végétation est sortie à ce moment de l’année et il aurait été difficile d’obtenir des contrebourgeons : c’est vraiment une gelée tardive ».

Les contre-bourgeons attendus
Des nouveaux bourgeons que Olivier Bernadet espère fortement. « Sur les cabernets sauvignons où on a plié les astes, et on a le bourgeon du bout qui fait office de tire-sève, ce qui fait que les bourgeons intermédiaires sortent plus tard ». Ces bourgeons intermédiaires ne sont pas tous sortis apparemment. Quant aux contre-bourgeons, ceux qui sortent en réponse au gel, ils ne sont pas tous fructifères : le rendement s’en trouve donc affecté. Quels enseignements tirer au château Jouvente ?

Des tours antigels
« Nous réfléchissons avec le propriétaire David Gutmann et son fils Benjamin à investir sur des tours antigel ». Ces tours qui vont chercher un air légèrement plus chaud plus haut et le propulsent à l’aide de pâles vers le bas ont un coût. « Les tours sont chères mais elles sont subventionnables. Et si on calcule un petit peu, sur 10 années, cela peut être intéressant. On prend en moyenne une gelée tous les 3 ans. On a gelé sévèrement en 2017 et 2021, en 2023 et 2024 un peu. On peut bruler de la paille ou des pieds de vignes mais il faut viser l’efficacité. L’investissement est toujours compliqué surtout dans une période morose, mais Jouvente vend bien, grâce à la restauration car on est capable de fournir de vieux millésimes : on a du stock ». Mais tous les châteaux ne sont pas dans cette disposition favorable.