Samedi 5 Octobre 2024
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28.11.2012
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Un grand cru classé de Saint-Emilion acheté par un industriel chinois : c’est une première dans le bordelais. Bellefont-Belcier, grand cru classé à Saint-Emilion qui appartenait depuis 1994 à trois associés, Dominique Hébrard, Alain Laguillaumie et Jacques Berrebi, vient d’être vendu à un investisseur chinois.
« L’acquisition la plus prestigieuse en notoriété et en prix »
A trois pas de Pavie, Troplong Mondot et Larcis Ducasse, des étoiles jaunes sur fond rouge scintillent désormais sur un des fleurons du bordelais. « C’est l’acquisition la plus prestigieuse en termes de notoriété et de prix en France », confirme Frank Lagorce, l’intermédiaire mandaté exclusif qui a conduit la vente. Bellefont-Belcier devient ainsi le premier grand cru classé acquis par un chinois dans le bordelais. Son prix de vente reste pour l’heure confidentiel. La rumeur courait depuis deux mois déjà.
Alain Laguillaumie, actionnaire majoritaire, a remis les clés la semaine dernière. C’est désormais Monsieur Wang, un riche industriel de 45 ans possédant 1% des minerais de fer en Chine et spécialisé dans son extraction, qui détient le trousseau. Avec, officiellement, son fils de 20 ans aux commandes. « Un homme convivial, qui aime la vie, très fair play. Il s’est comporté à l’occidentale », ajoute Frank Lagorce. Egalement négociant discret depuis quelques années, Monsieur Wang achetait déjà du vin en quantité significative à Bordeaux. Son ambition ? Le propulser en Grand Cru Classé B. Une condition suspensive majeure avait été paraphée au cas où le nouveau classement de Saint-Emilion de septembre dernier n’aurait pas confirmé son rang. Scénario peu probable compte tenu des efforts des trois associés pour rénover et élever les vins jusqu’à obtenir l’entrée dans le classement en 2006. « Le classement de 2012 a eu le mérite de fiabiliser le marché foncier de Saint-Emilion, en panne ces dernières années » analyse Franck Lagorce.
Une histoire de… magnétisme
Le domaine, 20 hectares dont 14 plantés, s’étend d’un seul tenant sur un coteau argilo calcaire exposé plein sud. Un achat coup de cœur pour cet industriel. Le château, baptisé Bellefont en raison de ses « belles fontaines » ou sources se trouvant à côté, a séduit le nouvel acquéreur tant par sa renommée, la beauté du site que par son « magnétisme », son positionnement en harmonie avec les astres. Emmanuel de Saint-Salvy, en poste depuis 10 ans, conserve la direction technique du château.
Et maintenant ?
Sur la place de Bordeaux, les premières inquiétudes commencent à se murmurer. Bellefont-Belcier conservera t-il une philosophie de place ? L’avenir l’écrira, finalement toujours à la plume sergent major, mais avec de l’encre noire. De Chine et de Navarre.
Bénédicte Chapard
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