Accueil Into the Wine : quatre étudiantes à la découverte du monde du vin

Into the Wine : quatre étudiantes à la découverte du monde du vin

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Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

29.10.2021

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C’est un projet que le COVID aurait pu enterrer mais la détermination de ces 4 étudiantes, bien décidées à aller à la rencontre du monde du vin au féminin, a permis la réalisation d’un « road-doc » à travers l’Europe. Une tranche de vie en version 52 minutes.

Elles sont 4, ont en commun d’être toutes passées par des prépas scientifiques. Fin 2019, Elisabeth savait qu’elle allait partir en échange en Australie pendant son année de césure. Elle souhaitait donc partir à la rencontre du vignoble, part de son histoire familiale puisque son grand-père était directeur d’une cave coopérative dans le Languedoc. C’est ainsi qu’elle va embarquer dans l’aventure ses 3 amies Manon (étudiante à Agro Paristech), Sophie (à l’ENS Lyon) et Zoé (à HEC). Les 2 premières qui ont fait des études d’agronomie se montrent intéressées par le sujet. Zoé, elle, y voit plutôt un moyen de réaliser un documentaire et ainsi assouvir sa passion pour l’audiovisuel. Bien évidemment, tout cela se passe dans le monde d’avant COVID où les rêves les plus fous étaient encore possibles dans un environnement où les frontières étaient ouvertes. Mais la crise va passer par là et le projet initial qui devait les emmener dans le monde entier, au Chili, en Argentine, en Afrique du sud, va se recentrer sur l’Europe. Initialement, leur volonté était de partir étudier la culture de la syrah dans tous ces pays producteurs, ce qui n’avait plus grand sens avec un prisme restreint. C’est donc à la rencontre de vigneronnes qu’elles vont se lancer, depuis la France jusqu’en Turquie, dernière étape de leur roadtrip.

Une réalité sans fard

Installée dans un van Volkswagen hors d’âge surnommé « Betty », prêté par un couple d’Espagnols séduit par le projet, direction donc des pays traditionnels, comme l’Espagne ou l’Italie. Puis au gré du parcours, des arrêts dans des vignobles plus méconnus comme la Croatie et l’Albanie. « Pour trouver les vigneronnes, nous avons beaucoup utilisé Instagram, mais aussi des contacts directs ainsi que l’aide d’association de producteurs », détaille Zoé qui vient de terminer les 9 mois épuisants de montage du documentaire. Et si ce dernier ne montre que quelques rencontres et interviews de femmes parmi les 35 qu’elles ont effectuées, c’est qu’il a fallu faire des choix. « Nous avons conservé les entretiens dans lesquels les vigneronnes se livraient avec le plus de sincérité, sans enjoliver la réalité » renchérit-elle. Parmi elles, Monica Raspi de Pomona en Italie qui a abandonné son métier de vétérinaire pour reprendre le domaine familial qui avait été délaissé, elle qui n’avait jamais imaginé prendre cette voie. Mais aussi Marija Mrgudic en Croatie qui n’est pas devenue professeur, au grand dam de sa mère. Elle a suivi son envie de faire du vin dans ce vignoble extraordinaire accroché aux pentes vertigineuses des montagnes plongeant dans la mer. Et que dire de Natasha Harizi en Albanie, à la force sereine qui livre une leçon de vie en exerçant son métier dans un pays où les femmes ne le pratiquent pas. C’est aussi le cas de Nazan Nuzun en Turquie qui aurait pu rester ingénieure en Californie mais les vignobles de la Napa Valley qu’elle a croisés pendant des années l’ont inspirée. Elle est donc rentrée au pays et s’est lancée, non sans difficultés. Publicité interdite, obligation de posséder sa propre machine à embouteiller… autant de freins qu’elle a surmontée et dont elle parle aujourd’hui avec le sourire.

Toutes ces rencontres ont bouleversé les 4 amies qui s’interrogent sur leur avenir, leur place dans le monde du travail, leur rapport à l’environnement. Manon s’est spécialisée dans le domaine agraire, Sophie a décidé de s’inscrire en master de géographie, Elisabeth se voit bien reprendre un domaine dans quelques années. Zoé, elle, s’est prouvée qu’elle pouvait réaliser un documentaire. Reste à trouver un diffuseur. « Nous allons présenter le film dans des festivals en espérant obtenir un prix pour convaincre plus facilement des plateformes ou des chaînes ».