Accueil La noblesse du Blason d’Issan

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

06.11.2019

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La qualité des seconds vins des plus grands châteaux du Bordelais est un secret de Polichinelle. On revient donc régulièrement à ces cuvées qui offrent un plaisir immédiat. Blason d’Issan ne fait pas exception à la règle.

Peu de doute que le vin bu par Aliénor d’Aquitaine lors de son mariage avec Henri Plantagenêt ait été du Blason d’Issan. Les époux ont bel et bien dégusté des vins du domaine, fidèles en cela à sa devise « regum mensis aris que deorum » (pour la table des rois et l’autel des Dieux). Mais c’était évidemment du château d’Issan. Il faut reconnaître qu’ils n’avaient pas le choix à l’époque car le second vin n’existait évidemment pas. Ce n’est que 700 ans plus tard que sera créé le tout premier second vin dans la région, plus précisément au château Pichon-Longueville Comtesse de Lalande en 1874. Mais pour ce qui concerne le château d’Issan, l’acte de naissance officiel de ce Blason d’Issan date de 1995. L’idée est alors, comme souvent, d’utiliser les jeunes vignes de la propriété pour produire un vin plus accessible. Avec toutefois une véritable typicité. Son assemblage présente ainsi généralement une majorité de cabernet-sauvignon (depuis 2005, seuls 2013, 2014 et 2016 étaient composés d’une majorité de merlot) dont la fougue est tempérée par l’intensité fruitée du merlot.

Un beau Margaux

Né sur le même terroir que son grand frère, le Blason d’Issan met en avant l’aristocratie de ses origines. De ces sols graveleux de Margaux, tout proches de ceux du château Margaux, naissent des raisins qui mûrissent admirablement. Les jeunes vignes ne produisent bien entendu pas des raisins d’une immense complexité. Pour autant, la finesse des tannins et l’élégance aromatique font du Blason d’Issan un vin racé. Élevé 14 à 16 mois en barriques (dont 35% de neuves), il s’avère au final bien structuré et charmeur. Pour moins de 30€, il constitue une excellente introduction aux superbes vins du château. Le 2014 (25€) est rond et soyeux quand le 2015 (28€) affirme son côté plus solaire marqué par d’intenses fruits noirs. De l’éclat, le 2016 (28€) n’en manque pas non plus. Doté d’une trame tendue et de tannins veloutés, ce millésime procure d’ores et déjà un grand plaisir à la dégustation. Et sans avoir le potentiel de vieillissement du premier vin, le Blason d’Issan peut aussi être oublié en cave quelques années. Un Margaux digne de son rang.