Accueil Actualités [n°108] Bordeaux monte sur le ring

Auteur

La
rédaction

Date

04.06.2025

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Le meilleur dans les feuilletons, ce sont les rebondissements. Avec la saga des vins de Bordeaux, nous sommes servis. Impossible en effet de traverser les siècles sans surmonter les crises, et pas des moindres, hier comme aujourd’hui. À chaque époque son lot d’épreuves, et pourtant de belles réussites, des vins comme des motifs de fierté, des preuves d’un savoir-faire, de terroirs diversifiés et surtout de combativité. C’est le leitmotiv de notre numéro 108, qui sort ce mercredi, consacré aux vignobles de Bordeaux, de l’édito « Eye of the Tiger », référence assumé à Rocky Balboa, au carnet de dégustation. Et s’il n’est question (presque) que de Bordeaux, il ne faut pas perdre de vue que si ce vignoble s’enrhume, c’est toute la filière qui tousse ; et si Bordeaux rebondit, il y a des leçons à en tirer.

Le combat n'est pas qu'une métaphore que nous avons illustrée grâce Joséphine Duffau-Lagarrosse, Lucie Lauilhé, Jean-Michel Porte, Charlotte Mignon et Vincent Bache-Gabrielsen, photographiés par Michaël Boudot pour la couverture de ce numéro 108 : c'est une exigence quotidienne pour les vignerons qui font le vin et le valorisent, parfois dans la tempête. Le millésime 2024 n’a d’ailleurs pas été exempt de précipitations, loin s’en faut. Pourtant le comité de dégustation (Sylvie Tonnaire, Mathieu Doumenge, Julia Bouchet, Jean-Charles Chapuzet, Benjamin Corenthin, Michel Sarrazin, Laura Bernaulte et Michel Petitjean) a déniché des coups de cœur à recommander. Les pages du carnet de dégustation seront sans doute les premières feuilletées pour les notes et commentaires, qui constituent la chronique des printemps bordelais, c’est le jeu des « primeurs ». Mais les coulisses des vins de Bordeaux valent aussi le détour.

D’abord parce qu’il ne faut pas condamner trop vite. L’appellation sauternes en est la preuve, malgré les contempteurs de la sucrosité, des propriétés emblématiques : Châteaux Sigalas Rabaud, Doisy Daëne, Climens, de Fargue et Haut Bergeron ont su se réinventer sans trahir la concentration des arômes, comme le raconte Sylvie Tonnaire dans une tribu (p.46) qui va à rebours des idées reçues sur le nectar. Ensuite parce que la place de Bordeaux n’est pas si fermée qu’on le prétend, Véronique Dausse, sur le divin (p.38) en témoigne. Sans être issue du sérail, elle commande depuis vingt ans le destin d’une propriété emblématique de Saint-Estèphe, Château Phélan-Ségur.

Pour vous faire votre propre opinion sur le chemin emprunté par la filière bordelaise, nous avons compilé de nombreux points de vue : le diagnostic et les solutions de François-Xavier Maroteaux, nouvellement élu à l’Union des Grands Crus de Bordeaux, interrogé par Mathieu Doumenge (p.24), le regard nouveau et néanmoins averti de Paloma Sénéclauze (portrait p. 42) qui a pris les rênes du Château Marquis de Terme à tout juste trente ans. Nous avons trouvé des raisons d’y croire avec des perspectives venues de l’extérieur : Silvio Denz a investi à Saint-Émilion il y a plus de 20 ans avec l’acquisition des Châteaux Faugères et Péby-Faugères et y est resté, il confit pourquoi à Mathieu Doumenge (p.52). De même, Beauden Barrett, icône des All Blacks et passionné de vin, qui s’est lancé dans l’importation de vins de bordeaux avec sa société de négoce Beau Jour, prouve que l’engouement pour Bordeaux renaît (p.62).

Les mutations, les changements climatiques se lisent parfois dans le temps plus long qu’on remonte à l’occasion de deux verticales, jusqu’en 2012 pour Château Angelus (p.118) et pour Pichon-Baron (p.120). Avec la Saga du Château Brane-Cantenac et de la famille Lurton, racontée par Jean-Charles Chapuzet (p. 56) on relie l’histoire des vins de Bordeaux à la grande histoire…

De la lecture de ce n°108, on sort galvanisé, avec une certitude : ce chapitre de l’histoire des vins de Bordeaux ne sera pas le dernier !


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