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La vendange 2023 en Champagne en sept caractéristiques

Vendanges des Chardonnay a Avize dans la Marne - Photo : JC.Gutner ©Comite-Champagne

Auteur

Claire
Hohweyer

Date

06.09.2023

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Poids des grappes record, avance des chardonnays, tri… La récolte 2023 en Champagne vient de démarrer avec son lot de particularités. Le stress du mois d’août lié à l’apparition de pourriture laisse place à l’enthousiasme d’une récolte généreuse et qualitative, soutenue par une météo de nouveau favorable.

1 - Des degrés peu élevés, mais une aromatique expressive
À fin août, la charge aromatique des raisins était plus avancée que leur degré potentiel. Un constat en négatif de 2022. Les raisins ont profité d’une campagne « sereine, très peu de gelées et de grêle, mildiou et oïdium contenus », commente le Comité Champagne. « Ce que je goûte est bon. Mais, pour moi, pour le moment, ce n’est pas mûr », constate Alice Tétienne, cheffe de caves de la maison Henriot. La cueillette des partenaires de la maison démarre ce 6 septembre, mais celle du vignoble a été décalée à lundi prochain.

Atypique, le millésime 2023 ? Jean-Baptiste Lécaillon évoque une vendange plutôt « classique ». Le chef de caves de la maison Roederer et coprésident de la commission technique du Comité Champagne compare à « une vendange des années 1980 – 1990 ». « On ne parlait pas de degrés à l’époque. Cette année, ils seront faibles, ce qui est plutôt bien car nous aurons des vins élégants, fins. »

2 - Des chardonnays, « magnifiques » et en avance
« Vendangez tous les chardonnays ! », recommande Jean-Baptiste Lécaillon, qui a entamé ce mardi la cueillette par les blancs avec trois jours d’avance. « Ils sont propres, sains, mûrs, se goûtent très bien. Ils sont juteux, les grosses baies seront faciles à presser. » Même constat enthousiaste de la part d’Alice Tétienne. « Il n’y a aucune alerte sur les chardonnays. Ils sont magnifiques et clairement en avance, comme à Vaudemange, où c’est inhabituel. Mais cela dépend des secteurs », tempère l’œnologue. « Pour nous, à Chouilly ou à Epernay, l’aromatique est encore timide donc nous avons décidé de décaler à lundi. »

Alice Tétienne @wearethegoodchildren4

3 - Vigilance sur les pinots
« L’inversement climatique est lié à la pluie du mois de juillet. Les pinots n’ont pas eu la chaleur dont ils avaient besoin. » Si la vendange des blancs va être « facile », souligne Jean-Baptiste Lécaillon, celle des noirs sera plus « champenoise ». « Il faut être vigilant à son chemin de cueillette et aux quelques foyers de botrytis afin de trier ce qui doit l’être. » Le résu MATU confirmait fin août également un ralentissement de la prise de degré des meuniers en particulier. « Nous sommes sur un plateau, autour de 7,5 degrés de moyenne, confirme Alice Tétienne ce mardi. Donc nous attendons. » La chaleur retrouvée combinée aux nuits fraîches commençait déjà à favoriser doucement la hausse du degré d’alcool potentiel.

4 - Un poids des grappes record
C’est LA nouvelle qui fait causer. Il suffit de se balader dans les vignes pour le constater : les grappes sont énormes, affichant un poids moyen record de plus de 220 grammes. Avec son petit chapelet de bonnes nouvelles. D’une part, tout le monde devrait atteindre le rendement disponible ; d’autre part, la quantité permet de délaisser les grappes touchées au profit de celles intactes. « Je suis même surprise d’avoir cette aromatique précoce pour ces mastodontes », se réjouit Alice Tétienne. « Pourtant, on aurait pu penser que le sucre serait plus dilué en raison de la quantité de fruits. »

5 - Un tri facilité
À fin août, selon le réseau MATU, « la fréquence moyenne de pourriture grise était de 11,2 % à l’échelle de l’appellation ». Le temps chaud et sec de cette semaine contient la maladie. L’abondance de fruits et le temps chaud et sec facilitent le tri. « On a moins de botrytis qu’en 2004 et en 2002 », souligne Jean-Baptiste Lécaillon. « Mais il faut être bon jusqu’au bout, avoir un collectif d’enfer et que tout le monde joue le jeu jusqu’aux pressoirs. » En espérant que la météo ne vire pas la semaine prochaine.

6 - Sous-charger les caisses
Les grappes pèseront lourds. Potentiellement jusqu’à 60, 70 kg par caisse alors que le poids réglementaire est de 50 kg. Les prochains jours s’annoncent chauds. Préserver les jus s’avère donc une priorité. « Nous avons demandé à nos équipes de sous-charger les caisses pour éviter l’autopressurage », confirme Alice Tétienne. Ce phénomène entraînerait la perte de jus qualitatifs avant même l’arrivée aux pressoirs. « La chaleur va fragiliser les raisins. Il y aura un phénomène de déshydratation auquel faire attention », ajoute Jean-Baptiste Lécaillon.

7 - Un millésime qui peut « surprendre »
« Hors normes » dans ses dimensions physiologiques, la vendange 2023 apporte pour Jean-Baptiste Lécaillon « un goût de nostalgie », pensant à 1995, 1996 ou encore à 2002, 2004. Les premiers moûts donneront le ton, mais le chef de caves trouve la récolte – sa 35ème – « très excitante ». « Je suis optimiste sur la qualité du millésime qui peut nous surprendre par son classicisme et sa fraîcheur aromatique