Accueil Le Pharo a du palais pour les sainte-victoire

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

22.06.2018

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L’Association des Vignerons de la Sainte-Victoire présentait au Palais du Pharo, à Marseille, le dernier millésime de ses côtes-de-provence en dénomination de terroir. Un beau millésime 2017, en qualité comme en volume… en attendant que la pluie cesse de tomber sur les raisins 2018.

Pas de pénurie de rosé en Sainte-Victoire. « L’appellation a moins souffert des aléas climatiques que le Var, notamment grâce à un réseau dense d’irrigation avec le canal de Provence qui a limité l’impact de la sécheresse, reconnaît le président de l’Association des Vignerons de la Sainte-Victoire, Olivier Sumeire, à l’occasion de la présentation du millésime à Marseille. Mais cette année, il est temps que la pluie s’arrête. C’est le printemps le plus pluvieux chez nous depuis 1956. » La production sur le millésime 2017, 26 800 hl déclarés, a même été supérieure à celle des millésimes précédents, autour de 22-23 000 hl en 2015-2016. « Nous ne sommes pas obligés de faire des volumes puisque la revendication en dénomination de terroir n’est pas obligatoire. Nous préférons construire un positionnement de vins valorisés en calibrant notre production sur nos ventes. La capacité de repli en AOC Côtes-de-Provence régionale est d’ailleurs un excellent outil de gestion ».

L’appellation espère néanmoins d’ici 10 ans doubler ses volumes pour atteindre une production à la bandolaise, de l’ordre de 50 000 hl, en développant notamment une visibilité à l’international. Les vignerons reconnaissent néanmoins que la bonne santé insolente de l’appellation régionale n’incite pas forcément à la revendication puisqu’il n’y a plus besoin, comme au début du siècle, de sortir du tronc commun qui se vendait mal pour tenter de tirer son épingle du jeu. « Dans ce contexte, on ne peut pas faire d’opportunisme. Ceux qui déclarent en Sainte-Victoire ont une vraie stratégie de valorisation à long terme. »

Pas de blancs avant longtemps

L’appellation, uniquement en rouges et rosés depuis 2005, a engagé une démarche de classement des blancs auprès de l’Inao, revendiquant « de véritables terroirs à blancs » mais les volumes trop faibles de production, dus notamment à la forte pression de la demande en rosé, ne donnent guère l’espoir d’aboutir rapidement. Les chiffres sont tellement faibles qu’ils n’existent pas pour cette couleur, l’ODG ne disposant que de ceux de l’appellation régionale qui plafonne à 4% du total, entre 30 et 35 000 hl. En Sainte-Victoire, 551 ha sont déclarés pour les rosés avec une production de 25 100 hl en 2017, 47 pour les rouges à 1700 hl. Et les prix du vrac n’ont cessé de grimper ces dernières années atteignant désormais 256€/hl contre 198€ pour les Côtes-de-Provence régionaux. « La principale difficulté sur ce millésime a été pour les négociants qui ont eu beaucoup de mal à trouver des volumes à acheter et de surcroît, à des prix en hausse » avoue Olivier Sumeire.

Les vignerons bio ont également été très courtisés, sollicités par leurs voisins varois qui ont parfois manqué de vins. L’objectif de l’opération marseillaise « Le Pharo a du palais », via dégustations des vins d’une trentaine de producteurs et master-class en collaboration avec les sommeliers de la région, était de placer des bouteilles dans les réseaux prescripteurs, notamment pour bénéficier d’une meilleure visibilité chez les cavistes et sur les belles tables de la région. Il s’agit de profiter de l’attractivité de la métropole, qui a annoncé une année de la gastronomie en 2019-2020 sur Aix-Marseille.

En attendant le beau temps

En attendant, elle s’inquiète de cette année exceptionnelle où les pressions de mildiou battent des records. « On n’y était plus habitué, avoue le directeur de l’association Jean-Jacques Balikian. Mais nous persévérons dans notre démarche Ecophyto lancée depuis 2011 pour diminuer les traitements phytosanitaires ». « D’habitude, il n’est pas difficile chez nous de maintenir un bon état sanitaire, complète Georges Guinieri, président des Vignerons du Mont Sainte-Victoire engagés dans le Développement Durable. C’est une année délicate à laquelle nous devons faire face une ou deux fois tous les 15 ans ». Et Olivier Sumeire de revendiquer une troisième voie entre viticulture conventionnelle et viticulture bio (un tiers des adhérents) : « Nous sommes engagés dans une viticulture la plus propre possible quand les conditions le permettent mais nous nous laissons la liberté de traiter face à une année exceptionnelle comme 2018. Si on ne le faisait pas, nous arriverions vite dans une impasse économique. » Vivement donc l’arrivée du beau temps et du mistral.