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L’éphémère extra-brut, symbole de la mue de la Maison Abelé 1757

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

17.04.2024

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Depuis le rachat du champagne Henri Abelé par Terroirs et Vignerons de Champagne (Nicolas Feuillatte, Henriot) en 2019, la Maison s’est réinventée sans jamais renier son identité et sa singularité. Vous pourrez découvrir la Maison à Champagne Tasting le 25 mai au Palais Brongniart à Paris.

Etienne Eteneau, chef de caves de la Maison Abelé 1757, ne cachait pas son enthousiasme à l’idée de pouvoir faire déguster enfin ses vins, ceux produits depuis son arrivée en 2019 au moment du rachat de la Maison Henri Abelé qui était détenue jusqu’ici par l’espagnol Freixenet lui-même racheté par l’allemand Henkell. Car beaucoup de choses ont évolué en 5 ans, à commencer par le nom de la Maison devenue Abelé 1757 en référence à son année de création qui en fait la 5ème plus ancienne de Champagne. « En arrivant, j’ai mené un vrai travail de développement, de recherche sur le style des vins, sur la gamme que nous souhaitions avoir » confie Etienne. Et de fait, celle-ci a été optimisée pour ne conserver que 6 des 8 cuvées initiales. Avec toujours le chardonnay comme marqueur principal, singularité de la Maison. Ce dernier représente 60% des 30 ha d’approvisionnements, loin devant le pinot noir (30%) et le meunier (10%). Si la plupart des assemblages ont été conservés dans les mêmes proportions, la part des vins de réserve a, de son côté, augmenté pour atteindre aujourd’hui environ 25%. De quoi obtenir un style plus homogène année après année tout en conservant suffisamment de fraîcheur dans les vins. Une cuvée toutefois a radicalement évolué. Il s’agit du rosé (55€) qui n’est plus un rosé d’assemblage classique (90% de vin blanc, 10% de vin rouge) mais un assemblage original de 50% de vin blanc et 50% de rosé de macération en provenance exclusive des Riceys. Un vin singulier, profond, complexe oscillant entre notes de fraise, de rose fraîche, d’épices douce (vanille, cannelle). 

Une cuvée expérimentale
Progressivement, Etienne innove. Tout ne peut pas se faire en un jour. Ainsi a-t-il par exemple récemment mis en œuvre une réserve perpétuelle pour une partie des vins de réserve avec des millésimes remontant jusqu’aux années 1960. De quoi disposer d’une palette encore plus large pour les cuvées qui naîtront dans les années à venir. De même, il a souhaité introduire un peu de bois dans la Maison qui n’en était pas coutumière jusqu’ici. Là encore, il faudra attendre un peu pour en voir les effets. Du côté des vins, une cuvée tout à fait atypique vient d’être lancée. Cuvée capsule en série limitée (seulement 1757 bouteilles produites), le blanc de blancs extra-brut (75€) est une autre interprétation de la cuvée blanc de blancs classique. L’idée est de diminuer le dosage, de 6g/l à 2,87g/l mais sans tomber dans les écueils concomitants, à savoir une attaque de bouche très vive et un manque d’allonge. Etienne a donc expérimenté le « poignettage ». Concrètement, pendant toute la période entre le tirage et le dégorgement, les bouteilles ont été remuées à la main pour nourrir le vins des lies, une sorte de bâtonnage dans la bouteille. Pas moins de 12 fois, à intervalle régulier de 3 mois. Le résultat est saisissant. Le vin se révèle d’une grande harmonie, développant de belles notes crémeuses et briochées, de fleurs blanches et de fruits jaunes tout en conservant une belle fraîcheur mais sans excès. Une cuvée homogène et gourmande, très différente du blanc de blancs (56€) qui, en dépit de son dosage plus élevé, s’avère plus longiligne et portée par une acidité plus franche. « J’ai pu expérimenter cette cuvée extra-brut car 75% du vin de base est issu du millésime 2019, chaud et expressif. Je ne l’aurais pas fait sur 2020 ou 2021 mais pourrai le refaire à l’avenir sur des millésimes au profil proche de 2019 » explique Etienne. Une preuve du dynamisme de cette « Maison-boutique » comme la qualifie Marie Gicquel, sa Directrice Générale et dont la production annuelle ne s’élève qu’à 300 000 bouteilles.