Accueil Actualités Les 30 millésimes de Denis Lurton

Les 30 millésimes de Denis Lurton

Auteur

Michel
Sarrazin

Date

25.09.2023

Partager

En 1992, Lucien Lurton possède une dizaine de châteaux dans le Bordelais, et pas des moindres. Des châteaux qu’il va léguer à ses 11 enfants. Desmirail, 3e cru classé en 1855 de Margaux, sera pour son fils Denis. Depuis, Denis Lurton aura vinifié 30 millésimes : l’occasion de faire un bilan, de marquer aussi le coup et de dessiner un futur.

Denis n’a pas toujours été au château Desmirail. Des études de droit l’ont d’abord amené à être avocat. Il gagnera même le concours d’éloquence du barreau de Bordeaux. Des talents qui le conduisent à abandonner cette carrière pour épouser celle d’acteur. Il le sera pendant trois années, de 1989 à 1992, se formant au cours Florent puis avec Maurice Sarrazin, professeur de théâtre et fondateur du Grenier de Toulouse, décédé en avril dernier.  « Il m’a beaucoup apporté » dit de lui Denis. Et lorsqu’on lui demande s’il y a des similitudes entre le métier d’acteur et celui de viticulteur, Denis réfléchit : « La rencontre avec le public m’a passionné. Comme un public au théâtre, les visiteurs au château attendent aussi quelque chose de nous. L’échange avec le viticulteur crée un lien personnel. Pour eux, on incarne le métier de viticulteur et c’est ce qu’il y a de beau. C’est un métier personnalisé. Ceux qui ont accès à cette clientèle ont un avantage. »

Que retenir de ces 30 vinifications ?
Sur cette question, Denis ne réfléchit pas longtemps : « Les millésimes ! Ils sont un peu comme une famille » comme si chacun était « un enfant avec sa propre personnalité, même si l’on peut dire que le phénomène millésime s’est un peu estompé avec le réchauffement climatique : il y en a moins de mauvais maintenant. » Et puis, en contemplatif qu’il est certainement, et toujours apte à s’émerveiller, il y a … « la durée ». Il s’explique : « On travaille dans la durée, mais celle-ci peut être parfois pesante. Et elle l’est au moment des vendanges, car il faut savoir ne pas ramasser et attendre la bonne maturité. » C’est un risque certain. Mais « la qualité de la matière première est essentielle. On est de plus en plus stressé surtout quand ça s’est bien passé l’année précédente. » Ce bilan ne signifie pas que le temps s’arrête et l’avenir se dessine.

Le futur
« Je le vois avec ma femme. » Laurence Bastide, son épouse, possède une galerie d’art à Bordeaux, Le Petit Atelier . « Je souhaite lier davantage Desmirail à l’art » explique Denis. C’est elle qui a proposé l'artiste-peintre, Anaïs Vindel pour une exposition au château et pour la réalisation de l’étiquette du 2022 célébrant ces 30 millésimes. « Seulement cette fois-ci. Il s’agissait de marquer un moment précis. » Une étiquette tout en douceur, sur des teintes ocres qui rappellent la terre à laquelle Denis est si attaché.

Blanc sec
« Je suis en pourparlers avec un propriétaire de Cantenac pour acheter un hectare. Ce sera vraisemblablement un Vin de France, pas en Bordeaux, ni dans le cadre de la future appellation Médoc blanc ». Le Médoc peut produire des vins blancs haut de gamme, rattachés à la notoriété de la marque du château.