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[Millésime Bio] Cépages oubliés, cépages adaptés

Auteur

Sylvie
Tonnaire

Date

31.01.2023

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Avec plus de 1400 producteurs présents à la trentième édition de Millésime Bio, il n’est pas étonnant d’y trouver des pépites. C’est le cas avec le domaine des 8 Lunes, (stand 1101) baptisé ainsi en référence au cycle lunaire si important en biodynamie.

Récemment acquis par la famille Nivollet, détentrice du domaine de Blanville (Saint Pargoire, Hérault), cette propriété abrite tout juste six hectares de vieilles vignes soit un tout petit vignoble niché dans un écrin de 60 hectares d’une nature préservée, sur la commune de Roujan (Hérault). Charlotte Nivollet, en charge des vignobles, y expérimente la viticulture selon les principes de la biodynamie sur un panel de cépages languedociens oubliés des standards contemporains, mais dotés d’une aptitude évidente à s’adapter au dérèglement climatique. Les vendanges 2022 ont débuté troisième semaine de septembre, assez tardivement pour un vignoble languedocien, les aramon, piquepoul noir, rivairenc, morrastel et autres terret noir ont été cueillis avec une belle maturité, mais sans dépasser les 13 degrés de titre alcoolique. 

À goûter pour convaincre les papilles la cuvée Lune du Loup (20€ en Vin de France), clin d’œil à la première pleine lune de l’année où le picpoul noir affiche une robe particulièrement limpide invitant à croquer dans la chair juteuse d’une prune bien mure, au palais droit et tendu, aux tanins fins et bien campés. Une sensation rafraîchissante accompagne de bout en bout la dégustation. Aramon, terret noir, morrastel et rivairenc sont réunis dans le flacon Nouvelle Lune ( 18€ en vin de France) et c’est encore une expérience de fraîcheur avec un bouquet de fruits noirs très mûrs puis un palais aérien, très dynamique, s’étirant sur une finale éclatante. Dans les deux cas, l’équilibre est étonnant. À l’aveugle bien malin celui qui situerait ces nectars en Languedoc. D’une buvabilité rare, ils prouvent que le patrimoine ampélographique languedocien a de la ressource pour peu que l’on adapte les pratiques culturales pour retrouver toutes ses qualités intrinsèques, oubliées certes, mais au rendez-vous de l’actualité.