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Monsieur le bâtonnier plaide pour son domaine du Gazan 

©MP Delpeuch

Auteur

Marie-Pierre
Delpeuch

Date

14.08.2023

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Si Emile-Henri Biscarrat a choisi l’avocature, il a été vite rattrapé par ses origines vigneronnes. Un coup de cœur pour quelques hectares en AOC Côtes du Rhône Villages Saint-Maurice est le voici vigneron.

La production est si discrète que seule une bonne étoile (et un bon GPS) vous conduit au domaine du Gazan. Nuls panneaux, nulle vitrine, ni effet de manche, l’anonymat est de rigueur. Paradoxale pour un avocat, qui plus est bâtonnier au barreau de Carpentras. L’homme des prétoires à la ville, se fait discret aux champs. En audience privée, Emile-Henri Biscarrat est des plus loquace.

Fils et petits-fils de vigneron à Jonquières, il fait carrière comme assistant parlementaire d’un député de Mayotte avant de devenir avocat. Un métier solide comme lui conseille son père. Le sang de la vigne coule pourtant dans ses veines et il sait pertinemment qu’un jour lointain, à l’âge de la retraite, il reviendra à la source, à la campagne.

L’occasion se présente rapidement au hasard d’une annonce immobilière. Un coup de cœur du côté de Saint Maurice sur Eygues et le voici propriétaire d’une ferme et de quelques hectares en AOC Saint-Maurice et AOC Visan voisine. Le domaine est créé, il le dénomme Gazan, un provençalisme décrivant son aïeul qualifié de dynamique. « Avec l’excitation du débutant », il embarque son épouse Carole, qui passe son BPREA pour gérer le domaine.

Le premier millésime 2013 est vinifié à façon par Lionel Duplessis. Il accompagnera Emile-Henri, jusqu’en 2017 où il intégrera le château de Nalys à Châteauneuf du pape. Sélections parcellaires, assemblages, élevage, l’avocat a tout à apprendre. La procédure n’est pas mise en délibéré, la greffe est prise. Le choix de la robe sera grenache, syrah et carignan avec un passage en barriques d’un vin de Meursault.

En attendant un nouveau vinificateur, Maître Biscarrat vend sa vendange fraîche au négociant Les Grandes Serres. Il commercialise, à discrétion, ses vieux millésimes. Il n’y a pas une minute à perdre, place au jugement ...

©MP Delpeuch

Millésime 2013
Un joli nez de pruneau, confiture de prune et figue. L’attaque est surprenant pas sa vivacité, les fruits sont éclatants de fraîcheur, le bois est bien arrondi, seulement perceptible en finale.

Millésime 2014
Fermé, le nez s’ouvre légèrement sur des notes d’évolution. Chaleureux dans son registre  de fruits à l’alcool.

Millésime 2016
Moins exubérant, il fleure les petits fruits rouges : cerise et cranberry. Bien équilibré, presque juteux, il laisse une pointe d’asséchance en fin de bouche, qui n’oblitère pas sa gourmandise.

Millésime 2017
Les fruits noirs sont bien mûrs, charmeurs, ils introduisent des arômes de sous bois et de champignons. La bouche est franche, presque incisive, prenant des notes végétales en finale. Il faut lui donner du temps.

Tous les millésimes sont vendus au prix de 9€, prix public.