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Pommery en deuil : Alain de Polignac n’est plus

ClÇment Pierlot & Prince Alain de Polignac - photo Michel Jolyot (2)

Auteur

Yves
Tesson

Date

18.04.2024

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Huitième chef de caves de la Maison Pommery et descendant direct de la Veuve Pommery, Alain de Polignac est décédé hier à l’âge de 84 ans.

Alain de Polignac était l’arrière-petit-fils de la Veuve Pommery dont la fille Louise avait épousé Henri Marie Joseph de Polignac, issu de l’une des plus vieilles familles de la noblesse française. La dynastie remonte en effet au XIIe siècle, et avait fait souche dans le Velay en Haute-Loire. L’une de ses branches a même accédé au trône de Monaco, puisque Pierre de Polignac qui a épousé la princesse Charlotte Grimaldi, est le père du prince souverain Rainier III.

La famille Polignac est restée propriétaire de la Maison Pommery jusqu’en 1979, date à laquelle le groupe Gardinier a racheté le domaine, qui passera ensuite successivement dans les mains de BSN, LVMH et enfin de la famille Vranken depuis 2002, laquelle a œuvré sans relâche depuis pour lui redonner tout son lustre d’antan. Grâce à Alain de Polignac, le lien avec la famille fondatrice ne s’est jamais rompu, puisqu’il a réalisé toute sa carrière en tant que chef de caves de la Maison Pommery. Il a notamment dirigé la construction des deux grandes cuveries du domaine en 1981 et en 1989.

Nathalie Vranken raconte: "Il ne s'est pas contenté d'être le huitième chef de caves. C'était un créateur. Il a inventé en 1979 cette magnifique cuvée qu'est la cuvée Louise, en hommage à la première Madame de Polignac de l'histoire de la Maison Pommery, ce vin est la quintessence absolue de l'élégance et de la pureté en Champagne, il est aujourd'hui internationalement reconnu et forme l'un des piliers fondamentaux du domaine. Dans sa manière d'élaborer les champagnes, il poursuivait un objectif simple, que ses cuvées créent toujours l'envie de la gorgée d'après, que cela ne s'arrête jamais. Il aimait cette légèreté souriante, que la vie de tous les jours soit jolie avec Pommery, et qu'il incarnait d'ailleurs avec ses yeux bleus pétillants."

Clément Pierlot, l'actuel chef de caves entretenait lui aussi un lien très fort avec Alain de Polignac. "Chaque année, il venait déguster des vins clairs avec moi. Il était d'une grande élégance, très éduqué, et il voyait le vin non pas comme de la technique, mais comme un rêve, des équilibres, de l'harmonie. Il était ce genre de chef de caves qui lorsqu'il décrivait un vin, ne parlait pas du tout des arômes, mais ce de qu'il avait ressenti en l'élaborant, et de ce qu'il voulait faire ressentir à ceux qui le dégusteraient. Il était vraiment dans l'émotion. Il était la mémoire vivante de la maison, il a d'ailleurs beaucoup écrit sur son histoire et notamment une biographie de Madame Pommery. Pour autant, il était aussi ouvert à l'innovation. Je me souviens lorsque nous avons relooké la cuvée Louise en ajoutant des bandes colorées pour symboliser  des rangs de vigne sur la bouteille, avec Madame Vranken, nous étions un peu intimidés de toucher à cette cuvée mythique, on l’a donc fait venir pour qu’il nous donne son avis sur la nouvelle Louise et il a été ravi, enthousiasmé !" Une présence bienveillante bien après son départ que Nathalie Vranken nous confirme: "Il n'a jamais quitté en réalité la Maison dont il était le gardien. Il incarnait ce lien extraordinaire entre l'histoire et demain, ce trait d'union qui fait la force des maisons comme la nôtre, c'est-à-dire le pouvoir de puiser dans son passé pour obtenir une vision forte pour demain".