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Primeurs : les plus mauvaises ventes depuis 20 ans ?

Auteur

La
rédaction

Date

11.06.2013

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La campagne des ventes en primeur du millésime 2012 est la plus mauvaise depuis vingt ans. Les prix ont trop peu baissé par rapport au 2011, et le client n’a pas suivi.

Les faits sont têtus et les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. Voilà deux des enseignements à tirer d’une très laborieuse campagne primeur du millésime 2012 en Bordelais. Commencée début avril avec les premiers prix avancés par les propriétaires des châteaux concernés, elle se termine avec une sérieuse gueule de bois qui est tout sauf une surprise.

Rappelons qu’une campagne primeur consiste à mettre sur le marché un vin toujours en cours d’élevage à la propriété et qui ne sera livré au client que deux ans environ après la récolte. Concrètement, le 2012, proposé en primeur ce printemps 2013, sera livré au cours du second semestre 2014.

Ces mois derniers, au vu de la qualité du bébé – le 2012 n’est pas à ranger dans la catégorie des grands millésimes -, les négociants bordelais, qui commercialisent les bouteilles dans le monde entier, avaient tiré la sonnette d’alarme : la campagne ne pourrait réussir qu’à condition que les prix baissent vraiment. « Cela n’a pas été le cas », constate Éric Samazeuilh, du cabinet de courtage Tastet & Lawton, très impliqué dans le commerce des grands vins. « En moyenne, les 344 marques bordelaises sorties en primeur n’ont vu leur prix baisser que de 7, 6 % par rapport au millésime 2011. »

Pis, le tarif moyen est de 30 % supérieur à celui pratiqué lors du millésime 2008, année de référence puisque antérieure aux grands millésimes 2009 et 2010 qui avaient vu les prix globalement flamber. Un millésime 2012 un tiers plus cher que le 2008, la pilule ne pouvait passer !

Bien plus cher que le 2008

« En bout de circuit commercial, le client n’a pas été au rendez-vous. Seule la grande distribution française s’est un peu portée aux achats. À l’export, il a manqué la Grande-Bretagne et les Chinois », précise l’expert, dont la société a fait un bilan complet chiffré de cette campagne qui ne restera pas dans les mémoires. Sauf peut-être à titre de leçon pour les années à venir.

« Des châteaux comme Rauzan-Ségla (Margaux) ou Canon (Saint-Émilion), avec un tarif équivalent à 2008, ont bien fonctionné. » De même pour les très grands (Margaux…) qui ont baissé d’un tiers par rapport au 2011, à 200 € la bouteille (prix professionnel).

« Les négociants devront avoir les reins solides. La bataille des remises tarifaires a joué cette année comme jamais », regrette l’un d’eux. Car, voulant garder de bonnes relations avec la propriété (notamment pour les prochaines années plus qualitatives), nombre d’entre eux se sentent « obligés » d’acheter des caisses. Mais avec toutes les peines du monde pour les revendre à leur tour à des importateurs, distributeurs ou autres chaînes hôtelières. Toujours d’après Tastet & Lawton, à peine un tiers des caisses mises en vente par les châteaux lors de cette campagne primeur ont à ce jour trouvé preneur en bout de chaîne.

Certains comptent maintenant sur le salon Vinexpo qui s’ouvre dimanche pour relancer un peu la machine. C’est peu probable. Le consommateur final, quant à lui, pourra peut-être en profiter dans quelque temps, quand des lots « soldés » arriveront sur les linéaires des supermarchés ou d’ailleurs.

César Compadre (source)