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[PRIMEURS] Négoce : double regard sur le millésime 2019

Ci-dessus : Mathieu Chadronnier (à gauche) et Edouard de Chauvigny (à droite).

Auteur

Laura
Bernaulte

Date

26.06.2020

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Alors que cette campagne primeurs inédite touche à sa fin, regards croisés sur les tendances de prix, la réponse des marchés et l’intérêt du millésime pour les consommateurs, avec Mathieu Chadronnier (CVBG) et Edouard de Chauvigny (chateauprimeur.com, site vendant uniquement des primeurs de Bordeaux à une clientèle particulière française, adossé à Duclot).


Mathieu Chadronnier (CVBG)

Les baisses de prix sont-elles globalement suffisantes ?
Oui, on a affaire à un très grand millésime, et compte-tenu du contexte, la baisse est vraiment importante. C’est ma 19e campagne primeurs et la première fois que je vois autant de crus qui font l’unanimité sur tous les marchés par leur prix. Au sortir de cette campagne primeurs, je pense que Bordeaux aura fait une opération de reconquête absolument magnifique.

Quelles sont les marques qui « performent » le plus en 2019 ?
Essentiellement les marques les plus établies, mais il y en a un grand nombre. Il y a eu une sortie magnifique de Figeac et de La Conseillante. J’ai rarement vu un tel enthousiasme sur l’un et l’autre de ces vins aussi tôt au moment de la sortie primeurs. Pontet-Canet a aussi lancé la campagne avec un succès remarquable, ainsi que tous les vins de la famille Mouton, ou Haut-Brion et Lynch-Bages qui ont fait une sortie très réussie. C’est vraiment une belle campagne !

Quelle stratégie en volume pour les châteaux ? Certains ne mettent qu’une moindre partie de leur production sur le marché primeurs, pour quelle raison ?
2019 a été extrêmement sec, les baies étaient toutes petites au moment des vendanges, donc dans bien des cas, 2019 est un millésime un peu moins généreux que 2018. Dans le contexte économique incertain, quelques châteaux ont gardé un tout petit peu plus de vin que d’habitude pour être sûrs de ne pas en mettre plus sur le marché qu’il ne pouvait en absorber.

Ce millésime 2019, est-ce la meilleure affaire de la décennie pour le consommateur ?
Ce qui est évident c’est qu’un millésime de ce niveau-là à ce prix-là, c’est unique, c’est une affaire à ne pas manquer. Après, je ne veux pas rentrer dans des superlatifs comme ça, cette décennie est quand même la plus belle de l’histoire de Bordeaux, avec un nombre de vrais grands millésimes remarquables. Quelle est la meilleure affaire, in fine, c’est à chacun de se décider.

Certains terroirs tirent-ils mieux leur épingle du jeu sur ce millésime 2019 ?
Non, je crois vraiment qu’il y a des réussites lumineuses dans toutes les appellations.

Certains marchés sont-ils plus réceptifs que d’autres sur ce millésime 2019 ?
Il y a un intérêt particulier dans les marchés traditionnels européens, mais aussi une réponse assez étonnante des Etats-Unis dans un contexte particulièrement compliqué. Globalement, l’intérêt est très large, à Hong-Kong, en Chine…

Édouard de Chauvigny (chateauprimeur.com / Duclot)

Quelle est la bonne stratégie à adopter dans cette campagne Primeurs menée dans un contexte inédit ?
On a vraiment eu une campagne ultra-rapide, on n’a jamais commencé aussi tard et fini aussi tôt. Il y a beaucoup de belles opportunités et les vins sont épuisés rapidement. Sur chateauprimeur.com, pour l’internaute, il faut aller rapidement sur les bonnes affaires, avec des baisses de prix qui suscitent l’engouement de la clientèle.

Quelles sont les marques qui ont suscité le plus d’enthousiasme en 2019 ?
Il n’y a pas de mystère, ce sont les marques qui sont en vogue depuis plusieurs années, travaillent bien, sont au bon prix. Ce n’est pas juste sur un millésime où ils ont fait -30% et performent que ça se joue, c’est un travail sur plusieurs années. Tout le monde a l’exemple de Pontet-Canet qui s’est arraché, c’est un travail de longue haleine. Ce qui est important c’est d’être à son niveau de prix par rapport à son marché propre. Calon Ségur s’est arraché, les premiers aussi Mouton, Lafite Rothschild, Haut-Brion, on n’a plus rien… Les gens achètent rapidement car ils voient que ce sont des bonnes affaires, ils ne s’y trompent pas. Évidemment, tout le monde ne se rue pas sur Mouton Rothschild, et au-delà des grands noms, il y a un panel très large de clients sur chateauprimeur, ça peut être des vins à 15€ comme à 300 €! Chacun compose son panier suivant ses goûts et son budget.

Ce millésime 2019, est-ce une excellente affaire pour le consommateur ?
C’est un millésime très intéressant pour l’amateur français car c’est un très bon millésime, les prix sont en forte baisse, il y a une pression internationale moins forte… C’est ce que je constate dans nos commandes, on a beaucoup de clients qui reviennent mais aussi de nouveaux clients, avec une très forte demande. La contrepartie, c’est que ça va vite pour le particulier français. On ne va pas se plaindre, car il y a quelques semaines, on avait plutôt un peu peur de ce qui allait se passer. Au final, on va faire une belle campagne primeurs, brève mais hyper intense !

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