Jeudi 7 Novembre 2024
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30.08.2012
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Cet été, du 12 au 15 juillet, la ville chinoise de Dalian (7 millions d’habitants) accueillait une grande fête du vin dédiée à Bordeaux. Une nouvelle occasion de mesurer l’engouement des consommateurs chinois pour le vin français, en particulier bordelais.
Plus de 7 millions d’habitants, des tours en construction à perte de vue, un piéton risquant sa vie face aux voitures à chaque traversée de chaussée, des plages de cailloux où les parasols sont à touche-touche, au loin des forages pétroliers et les deux Corées à portée de canon. Bienvenue à Dalian, ville de « taille moyenne » mais station balnéaire courue, à une heure d’avion à l’est de Pékin, en bord de mer Jaune.
C’est dans ce lieu improbable, légitimement inconnu de la plupart des Français, que les professionnels bordelais du vin ont encore démontré leur capacité à aller chercher partout le client, aux quatre coins de la terre, y compris un week-end de fête nationale, au cœur de l’été. Pendant quatre jours – c’était du 12 au 15 juillet -, une soixantaine de producteurs, des négociants et des opérateurs de l’agroalimentaire (charcuterie…) ont participé au premier China-Dalian International Wine & Dine Festival. Sur le modèle de Bordeaux fête le vin, qui se tient depuis 1998, les années paires, sur les bords de Garonne (500 000 visiteurs en juin), trois autres fêtes se déroulent désormais à l’étranger.
Après Hong Kong (existant depuis 2009) et avant Québec la semaine prochaine, c’était donc au tour de Dalian, également pour une première. Avec un travail de pionnier dans ce nord de la Chine où le vin a moins percé que dans le sud (Shanghai, Hong Kong…).
« Mais, ce pays étant désormais un marché clef pour les vins girondins, à nous de le défricher en essuyant – c’est inévitable – quelques plâtres », pointe Thierry Charpentier, de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Bordeaux, s’affairant, à Dalian, autour des procédures douanières, des conteneurs à gérer ou des officiels chinois à convaincre sur les problèmes d’intendance (verres pour déguster, glace pour les blancs…)
Accord CCI et Haichang
Si les professionnels aquitains étaient – de loin – les plus présents lors de ce salon en plein air se déroulant en bord de mer, le hasard n’y est pour rien. En fait, ce long voyage de prospection est le fruit de la rencontre, il y a deux ans, entre les responsables du groupe Haichang et ceux de la CCI.
Haichang (pétrole, immobilier, tourisme…), basé justement à Dalian, développe toute une stratégie offensive sur le vin : achat de propriétés en Bordelais (9 à ce jour et bientôt 12), vente de bouteilles en Chine, projet immobilier autour du vin à une heure de route de Dalian, école de formation et donc sensibilisation de la population locale aux goûts des vins. D’où ce salon dans cette ville touristique.
La CCI ayant signé un contrat de prestations avec ce conglomérat pour construire ce volet viticole, ses équipes étaient nombreuses à Dalian, le président Pierre Goguet en tête. L’homme était d’ailleurs aux premières loges aux cérémonies officielles, en compagnie du maire de la ville, car rien ne se fait ici sans l’aval du pouvoir politique.
De bons contacts à creuser
Côté exposants, à la fin du séjour le sourire était plutôt sur les lèvres. Nombre d’entre eux étaient en Chine pour la première fois, dans le cadre de cette opération collective. Les vignerons de Bourg, des Côtes de Bordeaux (Blaye, Castillon…) et des AOC de liquoreux et moelleux (Loupiac, Sauternes…) étant les plus nombreux. « Avant ce salon de Dalian, la rencontre d’acheteurs à Canton fut positive, avec des contacts à creuser. Il me faudrait un bon contrat en Chine pour être plus à l’aise économiquement », commente Dominique Guffond, du château Le Sèpe. Installé vigneron depuis 2009, il a investi ici 3 200 euros pour atteindre cet objectif. « De toute façon, les acheteurs ne viendront pas chez nous ! Il faut se bouger et tenter l’exportation où les marges sont meilleures », complète Bernard Chaudet, vigneron en côte-de-bourg et dont la fille a décroché une mission au siège d’Haichang, où elle parfait son mandarin.
« Le bilan est positif : nous avons concrétisé un contact avec un opérateur local », pointe Philippe Miecaze, propriétaire du Château de Léognan (AOC Pessac-Léognan). Reste à savoir si ce salon, qui a accueilli officiellement 58 000 visiteurs, sera reconduit. On le saura après le débriefing. À Pékin, le pouvoir verrait d’un bon œil la multiplication de ce type d’initiations au vin dans plusieurs villes du pays.
César Compadre
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