Samedi 5 Octobre 2024
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23.09.2020
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Alors que la région de Cognac est au cœur des vendanges, Mathilde Boisseau, en sa qualité de Directrice Vigne et Vins de la Maison Hennessy, est particulièrement bien placée pour nous offrir un tour d’horizon du millésime 2020. Dans le viseur : la chaleur.
Avec ces fortes chaleurs, comment avez-vous abordé le début des vendanges ?
Nous nous attendions à un millésime précoce depuis le début du cycle, les fortes chaleurs du mois d’août ont eu pour conséquence un équilibre TAVP/AT inhabituel avec une forte chute d‘acidité et une augmentation des pH. Nous avons démarré les vendanges au sein de la Maison Hennessy le 7 septembre soit une semaine plus tard qu’en 2011, déjà connue pour être une des années les plus précoces. Compte tenu des fortes chaleurs, il a fallu adapter les horaires du chantier de récolte avec un démarrage entre 3h et 4h du matin pour arrêter la récolte entre 11h et 12h. Les systèmes de refroidissement des moûts et de thermorégulation des cuves de vinification ont été très sollicités et ils ont permis de maîtriser les fermentations alcooliques.
Quelles furent les difficultés rencontrées sur ce millésime ?
Les difficultés rencontrées furent principalement liées au climat : le cycle végétatif a été très rapide et l’été fut sec, avec une quasi-absence de pluviométrie sur les mois de juillet, de septembre avec des moyennes de températures très au-dessus des normales et notamment sur début septembre (+ de 3°C au-dessus des normales). D’un point de vue viticole, les jeunes vignes de 3 à 5 ans, dont le système racinaire n’est pas encore bien implanté, ont souffert de la sècheresse. Même chose pour les parcelles sur sols « séchants », où certaines parcelles ont vu leurs maturités bloquées. Un grand nombre de parcelles a été impacté par l’échaudage, avec une accentuation des dégâts face ouest et sud, et ce malgré des rognages très limités afin de maintenir le feuillage au niveau des grappes. Concernant les conditions de récolte, la principale difficulté fut la gestion des températures et la gestion des conditions de récolte en période de canicule. Cela implique une adaptation des horaires en partie de nuit avec un renforcement des mesures de sécurité pour les équipes et les viticulteurs.
Ces problèmes vont-ils impacter la quantité ?
Nous n’observons pas d’impacts significatifs sur nos propres vignobles mais certains de nos partenaires viticulteurs ont été impactés par la sécheresse de cet été. Les dégâts d’échaudage ont été bien plus importants que les années précédentes mais ces phénomènes sont toujours très difficiles à quantifier au regard de la diversité des situations.
En termes de qualité, comment jugez-vous ce millésime ?
Les premiers vins n’étant pas encore distillés, il est encore trop tôt pour juger du millésime. Les faibles acidités et les pH élevés nous invitent à la plus grande vigilance vis-à-vis de la conservation des vins en attente de distillation. En effet, à Cognac les moûts et vins ne sont pas sulfités. Compte tenu des conditions de récolte sous forte chaleur et de la difficulté à maîtriser les températures pendant les fermentations alcooliques dans certaines exploitations, nous restons prudents vis-à-vis de la production d’éthanal, d’autant plus que cette année, nous observons de faibles teneurs en acide malique. Au regard de l’évolution climatique que nous vivons, nous encourageons chaque année nos partenaires viticulteurs à se doter d’équipements de maitrise thermique, ce qui permet une meilleur maîtrise de la qualité des vins produits.
La maison a des partenaires sur l’ensemble des crus, observe-t-on des disparités quant à la précocité ou les rendements ?
Peu de disparités en fonction des crus concernant le rendement. Les disparités sont principalement dues aux effets sols, terroirs. En termes de maturité, notre vignoble est relativement homogène, ce qui n’est pas forcément le cas d’un point de vue régional, où certains secteurs de fins bois situés en pays bas se révèlent comme chaque année plus tardifs.
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