Lundi 4 Novembre 2024
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18.10.2023
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En remettant à l'honneur des cépages anciens et en signant des vins au caractère digeste, fin et désaltérant, la famille Mallier contribue, depuis plus d'une quinzaine d'années, à bousculer les idées reçues sur le vignoble bordelais. Leur château de la Vieille Chapelle incarne une nouvelle donne.
Sur les bords de la Dordogne, à Lugon-et-l'Île-du-Carnay, la vie s'écoule paisiblement. Neuf hectares de vignes, cinq chambres d'hôtes, une guinguette ouverte à la belle saison, et une chapelle du XIème siècle réhabilitée en lieu d'accueil pour les visiteurs. Ici se trouve "l'autre Bordeaux", celui qui n'a rien à voir avec le lustre des grands crus ni avec la course des prix en primeurs, pas plus qu'il ne succombe à la crise qui frappe une partie de la filière. C'est un Bordeaux qui existe depuis des générations, et que certains avaient presque oublié - mais qui incarne aujourd'hui la nouvelle donne d'un vignoble girondin en pleine renaissance.
La famille Mallier fait plus que sa part dans cette "nouvelle donne". C'est en 2006 que Frédéric et Fabienne ont repris ce domaine, eux qui ne venaient pas du tout d'un environnement viticole (Frédéric avait notamment travaillé pendant une dizaine d'années dans la logistique en Asie) mais caressaient depuis longtemps le désir de se reconvertir dans la production de vin. Ils penchaient pour la Loire, mais c'est finalement à Bordeaux qu'ils s'installent, tombant amoureux de ce lieu chargé d'âme et d'histoire - dans le prolongement de la vieille chapelle, des vestiges d'un clocher effondré nous rappellent qu'ici, il y a des siècles, les religieux faisaient déjà du vin. Ce qui contribue à faire basculer leur décision est la découverte d'une parcelle préphylloxérique où sont complantés de nombreux cépages anciens, pour certains presque disparus, comme le bouchalès - la cerise sur un gâteau composé de vieilles vignes au potentiel inestimable. Sur les conseils du consultant Olivier Dauga, Frédéric Mallier continue d'exercer une activité professionnelle en parallèle de sa nouvelle vie de néo-vigneron, et ce jusqu'en 2014. Ce qui permet de ne pas faire reposer tous les enjeux économiques de la famille sur cette aventureuse reconversion... La conduite en bio, puis en biodynamie, est rapidement décidée - actée par une certification Demeter en 2017.
Nouvelle génération
Au printemps 2020, au début de la pandémie de Covid-19, Raphaël et Gabriel, les deux fils de Frédéric et Fabienne, rejoignent l'exploitation. Raphaël a suivi une formation de management en hôtellerie, Gabriel un BTS viticulture-œnologie. Petit à petit, la nouvelle génération reprend la main, Gabriel plutôt à la technique, Raphaël à la communication et au commerce, avec quelques idées malignes en plus, comme l'ouverture d'une guinguette durant l'été 2021, qui propose de nombreux millésimes des vins du domaine. S'inscrivant dans la philosophie qui a été mise en place par leurs parents, Raphaël et Gabriel défendent des vins qui bousculent l'image du bordeaux sans renier l'identité de la région, qui misent sur la buvabilité, des acidités franches, le moins de soufre possible, "mais on fait d'abord des vins qu'on aime, qui sont fidèles à leur terroir - pas des vins pour faire plaisir aux Parisiens". Non pas qu'ici, on ait quoi que ce soit contre les Parisiens, mais on se refuse à s'inscrire dans une quelconque mode : c'est plutôt d'avenir qu'il est question, d'avenir du goût et d'avenir du matériel végétal ; c'est pourquoi la famille Mallier travaille actuellement sur une "vigne du futur" qui va lui permettre de conserver des sélections massales de ses vieilles vignes, et notamment ses bouchalès. L'avenir est en route, et à Bordeaux, lorsqu'il arbore un visage comme celui des Mallier, il se montre souriant.
Dégustation
La gamme de la Vieille Chapelle se divise en trois catégories : les "vins des copains", (faciles à boire et aillés pour le plaisir), les "bien élevés" (des cuvées ayant bénéficié d'un élevage plus poussé, taillées pour la garde) et les "rebelles" (qui s'affranchissent des codes et de l'AOC, lorgnent vers le nature, magnifient les vieux cépages). Dans certains cas, comme le pet' nat' "Bubulles" en brut nature 100% sémillon (16 €), les raisins viennent d'une amie vigneronne.
Nous vous avons déjà parlé, dans le numéro 89 de Terre de Vins spécial Développement Durable, de la cuvé 100% Bouchalès, une rareté. La croquante version "C'est bon le vin" est un assemblage 2/3 Merlot - 1/3 Bouchalès plus facilement accessible.
À découvrir également : la cuvée "Bouchalès Merlots" 2019, un assemblage 65% Bouchalès / 25% Merlot / 10% "autres vignes de Bordeaux rares et historiques". Une curiosité, sur une acidité tranchante qui vient faire saillir un jus tonique, à l'aromatique zestée et iodée (27 €). Nous apprécions aussi la cuvée "Merlots de Baudet" 2019, un 100% merlot issu d'une parcelle de plus de 80 ans, au nez parfumé et séducteur, à la bouche séveuse, ourlée de tannins fins et digestes (20 €). Enfin, la cuvée "Réserve" 2020 est un assemblage 80% merlot 20% cabernet franc, élevée 12 mois en barrique, plus classique mais juteuse, portée par un joli grip tannique (14,50 €).
www.chateau-de-la-vieille-chapelle.com
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